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Mouloud Mammeri a sauvé l'Ahellil de Gourara de la disparition
Le patrimoine de Tigurarin thème d'une table-ronde à Tizi Ouzou
Publié dans La Tribune le 29 - 02 - 2016

Le travail accompli par Mouloud Mammeri à la tête d'une équipe de chercheurs a fait sortir l'Ahellil de Gourara de l'anonymat. C'est aussi son travail qui a facilité le classement par l'Unesco de l'Ahellil de Gourara sur la liste du patrimoine mondial, trois décennies plus tard. Et qui a tout simplement sauvé ce patrimoine de la disparition
L'amusnaw Mouloud Mammeri a sauvé l'Ahellil de Tigurarin (Gourara) avant qu'il ne soit altéré par des interventions externes à la société locale. C'est ce qu'ont indiqué les participants à une table-ronde organisée samedi dernier à la Maison de la culture qui porte son nom à Tizi Ouzou, à l'occasion du 27e anniversaire de son décès. Ce qui ressort beaucoup plus des communications d'au moins deux des universitaires participant à cette commémoration dédiée à «Mouloud Mammeri, l'explorateur de l'Ahellil de Gourara».
Rachid Bellil est sociologue et chercheur. Il a été recruté au Centre de recherche en anthropologie préhistoire et ethnologie (Crape) d'Alger dès que Mouloud Mammeri a pris sa direction à la fin des années soixante. Il a fait partie de l'équipe pluridisciplinaire constituée par l'auteur de La Colline oubliée, dès qu'il a entendu parler de l'Ahellil de Gourara, dans la wilaya d'Adrar. Outre, le sociologue, l'équipe du Crape était constituée d'un historien, un ethnologue, un ethnomusicologue et un médecin. Il a été un élève de Mammeri mais aussi celui qui l'a remplacé dans ses missions scientifiques dans le grand-Sud du pays. Il y est à ce jour. Il est donc le mieux placé pour évoquer l'anthropologue et l'érudit qu'était Mouloud Mammeri.
Quand Mouloud Mammeri a pris la direction du Crape, il a décidé de réorienter les missions du centre vers l'anthropologie et l'ethnologie, au lieu de la préhistoire que ses prédécesseurs français ont utilisée comme axe central de l'action du centre. D'où le recrutement de jeunes universitaires algériens dont Rachid Bellil qui se rappelle que l'équipe pluridisciplinaire constituée par Mammeri a effectué sa première visite dans la région du Touat en 1971. Une fois sur place, c'est une agréable surprise qui les attendait. Selon Rachid Bellil, la région de Gourara a été négligée par l'administration coloniale qui gérait la région grâce à la présence militaire. Cela a permis la sauvegarde des différents aspects de l'Ahellil, vu que l'absence de colonies de peuplement a réduit considérablement l'intervention de l'administration française.
Pour Mouloud Mammeri et son équipe, c'était une aubaine pour faire un travail de sauvegarde. Selon le conférencier, l'équipe a eu une chance inouïe quand elle a rencontré Mouley Slimane, un autochtone qui maîtrise la langue des Zénètes, l'arabe et le français. Il a introduit l'équipe de chercheurs dans la société locale en un laps de temps très court. «C'est un gain de temps extraordinaire», a-t-il affirmé, avant d'indiquer que Mouloud Mammeri a commencé rapidement à recueillir la poésie chantée par les hommes de l'Ahellil.
«C'est une cérémonie chantée et dansée, à la fois domestique et publique. Elle est nocturne et masculine qui permet aux hommes de Gourara de se délester de leurs soucis et d'oublier un tant soit peu la pénibilité de leur vie quotidienne», dira Fatma Malika Boukhellou du département de français de l'université de Tizi Ouzou, précisant que Mouloud Mammeri a renoncé à la traduction du mot Ahellil, vu la complexité et la richesse de la cérémonie.
Mais si la France coloniale n'a pas jugé utile d'apporter des changements dans les sociétés du Sud algérien, occupée avec son processus de déculturation et d'acculturation du nord du pays, le FLN de l'époque n'a pas hésité à intervenir. Le parti unique commençait en effet à interdire certains rituels, jugés peu orthodoxes, estime Rachid Bellil. Cela a conduit les chercheurs du Crape à accélérer un peu leurs travaux pour que cette culture orale ne soit pas altérée et ne finisse pas par disparaître.
En lisant l'article de Mammeri portant sur une étude anthropologique du Gourara, on comprend mieux l'action du FLN de l'époque. «Il est temps de sauver d'une mort certaine un genre qui pendant des siècles a traduit la joie, les fantasmes et les désirs des hommes pour lui donner ne fut-ce que cette vie demi-morte que constitue pour le verbe son enfermement dans les pages froides de l'écrit», écrivait l'érudit qui constatait aussi que le Gourara présentait «cette caractéristique d'être demeuré une zone témoin d'un passé qui n'a pu être effacé par les mutations rapides des deux derniers siècles. Or, entrant aujourd'hui dans le circuit des échanges modernes à l'échelon national, il risque de voir disparaître rapidement ce patrimoine qu'il convient de recueillir avant qu'il ne soit trop tard».
Et c'est ce qu'il a fait. A commencer par une cinquantaine de poèmes Zénètes transcrits et traduits avec une analyse de leur contexte de production, affirme de son côté Hamid Bilek, archéologue et ancien haut cadre du Haut commissariat à l'amazighité (HCA) qui a présenté une communication intitulée «Mouloud Mammeri et la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel amazigh».
C'est donc le travail accompli par Mouloud Mammeri à la tête d'une équipe de chercheurs qui a fait sortir l'Ahellil de Gourara de l'anonymat. C'est aussi son travail qui a facilité le classement par l'Unesco de l'Ahellil de Gourara sur la liste du patrimoine mondial, trois décennies plus tard. Et qui a tout simplement sauvé ce patrimoine de la disparition.
M. B.


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