Mohamed Allek est décédé récemment à l'âge de 42 ans. S'il y a quelqu'un qui a fait retentir l'hymne nationale plusieurs fois à lui tout seul, c'est bien lui. Que ce soit lors des Jeux paralympiques ou des championnats du monde, il a toujours fait flotter l'emblème national grâce à ses nombreuses médailles d'or décrochées dans différents coins de la planète. Est-il besoin de rappeler que les athlètes affiliés à la fédération handisports ont récolté la plus riche moisson de médailles que les athlètes de toutes les fédérations réunies ? Il est question des compétitions les plus prestigieuses du monde, en l'occurrence les championnats du monde et les Jeux paralympiques. Ces athlètes représentent régulièrement et surtout fièrement l'Algérie dans les compétitions internationales, mais ils sont vite oubliés, marginalisés à l'issue de leur participation. C'est le drame de notre pays. Le drame du secteur sportif qui dépense sans compter pour une équipe nationale de football et oublie les autres disciplines sportives parce qu'elles ne sont pas considérées comme «l'opium du peuple». Plus grave, les gros investissements consentis au profit de l'EN de football n'ont déteint en aucune manière sur le championnat national qui reste l'un des pires championnats du continent africain. Pourquoi alors abandonner des athlètes qui offrent des titres et des médailles à l'Algérie et soutenir une discipline qui a certes donné de la fierté aux Algériens lors du Mondial brésilien mais sans contribuer au développement du sport national, comme le font d'autres disciplines, même timidement, comme l'athlétisme, le judo et la boxe ? Il est temps pour les pouvoirs publics d'agir en direction des fédérations, selon les résultats obtenus et selon les potentialités de chacune. Il ne s'agit pas d'exclure du soutien de l'Etat les fédérations qui n'enregistrent pas de bons résultats, mais de favoriser d'une manière ou d'une autre celles susceptibles de hisser l'emblème national dans les compétitions internationales. Comme donner des moyens supplémentaires aux fédérations qui font notamment un travail de fond au niveau des ligues transformées en viviers de champions en puissance. Un soutien franc doit donc être offert aux fédérations performantes parmi lesquelles l'on citera sans hésitation la Fédération algérienne handisport qui doit, de son côté, améliorer son fonctionnement et perfectionner sa gestion. C'est le meilleur hommage que l'on peut rendre au défunt multiple champion paralympique et du monde Mohamed Allek, et ce, en plus de l'hommage symbolique que lui a rendu le ministre de la Jeunesse et des Sports El Hadi Ould Ali en donnant son nom à une infrastructure sportive. C'est aussi l'action parfaite à mener en direction de tous ceux parmi les enfants et les jeunes qui ont des handicaps, pour les encourager à faire du sport mais aussi et surtout pour leur signifier que le handicap physique ne peut être un obstacle majeur dans leur vie quotidienne. C'est le message que devrait transmettre l'Etat à tous les handicapés algériens. La prise en charge donc des athlètes handisports doit être perçue comme un geste non seulement sportif mais aussi patriotique dans la mesure où ils montrent une capacité extraordinaire sur les terrains et une volonté de fer de faire retentir Qassaman à travers toute la planète. Ils ont besoin d'une prise en charge sérieuse avec les équipements appropriés. Ils ont besoin d'un encadrement spécialisé qui prendra en charge non seulement les athlètes de haut niveau mais aussi et surtout les jeunes athlètes qui montrent des potentialités susceptibles de les transformer en champions. Les athlètes handisports ont enfin besoin d'infrastructures qui répondent aux normes et à leurs besoins spécifiques pour qu'ils n'aient plus besoin d'aller à l'étranger, dépenser des dizaines de milliers d'euros dès qu'une échéance importante pointe du nez. C'est aussi pour toutes ces raisons que les athlètes handisports ont besoin d'un soutien plus actif. M.B.