Les membres de l'Assemblée populaire nationale (APN) n'ont pas ménagé, hier, dans leurs interventions le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Laksaci, lors d'une séance plénière consacrée à la présentation des évolutions économiques et monétaires du pays en 2014 et 2015. De nombreux députés de la septième législature ont soulevé et rappelé encore une fois, durant le débat, les dysfonctionnements et les défaillances qui caractérisent la politique monétaire du pays, à commencer par la chute brutale et accentuée de la valeur de la monnaie nationale, la propagation du marché parallèle de la devise, la persistance d'un système bancaire archaïque et l'absence de visibilité économique à long terme. Dans ce sens, le député du FLN Elias Saadi, s'est interrogé sur l'absence d'une communication transparente de la BA sur les réserves et les ressources financières du pays déposées à l'étranger. Appelant la BA à faire preuve de transparence en mettant la lumière sur les avoirs de l'Algérie dans toutes les places de la planète, le député de l'ex-parti unique s'est interrogé sur les raisons de la dévaluation ou dépréciation du dinar qui se répercute directement sur le pouvoir d'achat des Algériens. Le marché parallèle de la devise a été l'un des sujets phares abordés par les députés. Pour le député Abdennacer Kious, le marché noir de la devise rivalise aujourd'hui avec le marché officiel et ce en l'absence des bureaux de change tant promis par l'autorité bancaire. Lakhdar Benkhellaf a abondé dans le même sens, affirmant que ce marché a été légalisé et transformé en un canal pour le trafic et le transfert illicite de devises à l'étranger. Cette situation, caractérisée par un double taux de change du dinar, a même dissuadé, à ses yeux, des investisseurs étrangers de venir en Algérie. Toujours dans le volet monétaire, les représentants du peuple sont revenus également sur l'allocation touristique qualifiée de «l'allocation de la honte» en raison du montant dérisoire accordé par les banques aux citoyens désireux partir à l'étranger. Le député Hassane Laribi a, quant à lui, évoqué la question des transferts illicites de devises par des opérateurs et des investisseurs locaux, appelant la BA à renforcer le dispositif de contrôle afin de mettre fin aux crimes économiques qui ne cessent de prendre de l'ampleur. Dans son intervention Laribi s'interroge particulièrement sur les Algériens qui achètent des biens immobiliers à l'étranger alors que le dinar n'est pas convertible et que les transferts de devises sont interdits. D'autres membres de l'APN n'ont pas mâché leurs mots sur la situation macroéconomique qui ne cesse de se dégrader dans le sillage de la baisse des prix du pétrole. Qualifiant les chiffres présentés par la BA de dépassés, des députés ont violemment critiqué la politique menée par la BA en ce qui concerne la valeur de la monnaie nationale. Ils ont estimé que l'autorité bancaire dévalue le dinar pour couvrir le déficit budgétaire mais ne l'assume pas publiquement. Enfin, c'est un député FLN qui a tenté de défendre le gouverneur de la BA, estimant que la responsabilité de la situation devrait être assumée par d'autres ministres du gouvernement dont la présence au débat est réclamée. Laksaci devrait répondre aujourd'hui aux interrogations des membres de l'APN. S. B.