Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a passé, hier, un mauvais quart d'heure à l'Assemblée populaire nationale, lors de sa présentation des évolutions de la situation économique et monétaire 2014 et les dernières tendances de l'année 2015. Certains députés qui sont intervenus dans le débat, dans un hémicycle quasiment vide, l'ont critiqué sévèrement. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a essuyé des tirs croisés, comme s'il était la cause de la dégradation de la situation économique en Algérie. Alors que depuis plus de trois années, la Banque d'Algérie, dans tous ses rapports, n'a pas arrêté d'alerter le gouvernement et l'opinion publique sur la vulnérabilité de l'économie nationale trop dépendante des ressources hydrocarbures. Le député Tahar Missoum a demandé le départ de Mohamed Laksaci, estimant qu'il a trop duré au poste de gouverneur de la Banque d'Algérie. Le député ne s'est pas arrêté là. "Ce gouverneur vient nous raconter chaque année la même histoire", a-t-il lancé, en s'adressant à ses collègues de l'APN, en exhibant le rapport sur la situation économique et monétaire 2014. "Je ne vois pas d'évolution en Algérie", a fait remarquer le député. "J'ai l'impression de lire les chiffres d'un autre pays, d'une autre planète", a renchéri un autre député. La plupart des intervenants ont dénoncé la mauvaise programmation de l'intervention du gouverneur de la Banque d'Algérie. Le député du Front pour la justice et le développement, Lakhdar Benkhalaf, a signalé que les chiffres contenus dans le rapport sont dépassés. Il a, par ailleurs, regretté l'absence des membres du gouvernement pour écouter les préoccupations des députés et les mettre en œuvre. Car, a-t-il souligné, "le gouverneur est responsable devant le président de la République. Le Parlement et le gouvernement n'ont aucun pouvoir sur lui". Lakhdar Benkhalaf s'interroge : "À quand la fin de cette comédie ?" Le député du Front pour la justice et le développement a rappelé avoir demandé, à maintes reprises, l'application de loi 84/17 relative aux lois de finances qui a fixé clairement les documents qui accompagnent les lois de finances, notamment la loi du règlement budgétaire et les rapports de la cour des comptes de la Banque d'Algérie, pour être examinés avant l'adoption de la loi de finances. "Quatre mois après l'adoption de la loi de finances 2016, vient ce rapport périmé dont les chiffres sont dépassés et ne revêtent aucun intérêt devant une conjoncture économique et financière dangereuse", constate M. Benkhalaf. "Où sont vos promesses concernant l'ouverture de bureaux de change pour drainer 3 700 milliards et 20 milliards de dollars qui circulent d'une manière illégale dans le marché parallèle ?" interpelle le député du FJD qui accuse le gouverneur de la Banque d'Algérie d'avoir "détruit le dinar" en le dépréciant de 50% l'année dernière. "Vous avez légalisé le marché parallèle de la devise. C'est un signal clair et un feu vert à la mafia du blanchiment d'argent et une reconnaissance officielle des canaux de transfert illicite", accuse Lakhdar Benkhalaf. Un député du FLN, Brahim Boulgane, reproche au gouverneur de ne pas prendre en compte les remarques des députés, alors que Mme Hayat Taiati du FFS observe l'absence de coordination entre la Banque d'Algérie et le ministre des Finances pour imposer la rigueur budgétaire. "Tout le Parlement est contre vous. Il ne faut pas accepter de venir seul. Vous devez être accompagné par les membres du gouvernement. Les ministres doivent aussi assumer leurs responsabilités. S'ils vous ont laissé seul, c'est qu'ils préparent votre limogeage", a lancé Slimane Sadaoui du FLN. Meziane Rabhi