Alors que le P-DG d'EDF, Jean-Bernard Levy exclut tout report du projet, les doutes demeurent outre-manche quant à la pertinence de la construction de deux réacteurs nucléaires supplémentaires à la centrale de Hinkley Point. Un article publié mardi dernier par The Guardian met notamment en avant la somme que le Royaume-Uni économiserait en abandonnant le projet pour parier plutôt sur les énergies renouvelables. Alors que le P-DG d'EDF, Jean-Bernard Levy exclut tout report du projet, les doutes demeurent outre-manche quant à la pertinence de la construction de deux réacteurs nucléaires supplémentaires à la centrale de Hinkley Point. Un article publié mardi dernier par The Guardian met notamment en avant la somme que le Royaume-Uni économiserait en abandonnant le projet pour parier plutôt sur les énergies renouvelables. Selon une analyse menée par le think tank Intergenerational Foundation, citée par le journal britannique, construire et faire tourner des infrastructures éoliennes ou solaires permettant de produire la même quantité d'énergie que la nouvelle centrale nucléaire jusqu'à sa fin de vie estimée ferait économiser, respectivement, 31,2 et 39,9 milliards de livres sterling (soit 38,7 et 49,6 milliards d'euros). Le calcul se fonde sur les coûts de construction des infrastructures et le prix payé par les consommateurs pour l'électricité - en tenant compte des projections de Bloomberg notamment sur les évolutions du solaire et de l'éolien. Selon l'accord avec EDF, le gouvernement britannique s'est engagé à payer 95,5 livres sterling (118,7 euros) par mégawattheure pendant 35 ans : un prix deux fois supérieur à celui actuellement pratiqué sur le marché de gros, précise The Guardian. «Les économies seraient donc comprises entre 30 et 40 milliards de livres sterling selon le mix d'éolien et solaire choisi, qui ne peut pas être connu en l'avance», précise Andrew Simms, auteur du rapport, interrogé par La Tribune, tout en soulignant : «Cependant, il ne s'agit que d'une estimation a minima, en raison de l'ensemble des autres coûts particuliers du nucléaire, qui sont mis en avant dans le rapport et qui ne sont pas compris dans ces chiffres.» Parmi ceux-ci, l'étude insiste notamment sur les coûts cachés mais exorbitants de la gestion des déchets nucléaires, de la sécurité, des assurances, ainsi que sur celui découlant du réchauffement climatique, en soulignant que l'effet positif sur les émissions de carbone du nucléaire sera plus tardif que celui découlant des infrastructures renouvelables, puisque la mise en service d'une centrale prend plus de temps. La construction de Hinkley Point C, évaluée à 24 milliards de livres sterling (presque 30 milliards d'euros), en ferait par ailleurs «le bâtiment le plus cher sur Terre». Et tous ces coûts seraient répercutés sur les futures générations, déplore le think tank, focalisé notamment sur la question de l'équité intergénérationnelle. Un porte-parole du ministère de l'Energie britannique, cité par The Guardian, a réfuté l'analyse de la Intergenerational Foundation et réaffirmé les avantages du nucléaire, notamment la non-dépendance à des facteurs météorologiques (présence de vent ou de soleil), soulignant : «L'industrie créera des milliers d'emplois et profitera à d'autres sociétés dans la chaîne d'approvisionnement, en apportant une sécurité financière à des travailleurs et à leurs familles au travers du Royaume-Uni.» «Hinkley Point C est une bonne affaire pour les consommateurs. Une fois opérationnel, il fournira 60 ans d'électricité sûre, fiable et à faible teneur en carbone (à bon prix). Cela nous permettra de garder nos lumières allumées tout en atteignant nos objectifs d'émissions de la manière la plus rentable», a-t-il ajouté. En 2015, au Royaume-Uni, l'électricité générée par des sources d'énergie renouvelable a dépassé celle provenant de centrales nucléaires, souligne The Guardian, regrettant que pourtant, le gouvernement ait coupé les subventions pour le solaire et l'éolien. G. G.