Le rebond des prix du pétrole observé depuis mars ne doit pas faire oublier que le marché se trouve en situation de «surabondance» structurelle d'offre, rappelle l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) dans son rapport mensuel publié hier, à quatre jours d'une réunion des producteurs à Doha. Le rebond des prix du pétrole observé depuis mars ne doit pas faire oublier que le marché se trouve en situation de «surabondance» structurelle d'offre, rappelle l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) dans son rapport mensuel publié hier, à quatre jours d'une réunion des producteurs à Doha. «La surabondance d'offre persiste et les stocks restent élevés», note l'Opep qui fédère 13 pays et pompe environ un tiers du brut mondial. L'excédent s'est chiffré à 2,52 millions de barils par jour au premier trimestre, souligne le cartel. Les signaux d'un véritable rééquilibrage des marchés restent «rares», selon le rapport de l'Opep, qui pointe notamment de nombreuses «incertitudes» pesant sur la demande mondiale. La hausse de la demande pourrait se tasser de 50 000 barils par jour, en raison notamment d'un essoufflement de la conjoncture en Amérique latine, avertit l'Opep. Cette hausse se limiterait ainsi à 1,20 million de barils par jour (mbj), portant la consommation mondiale à 94,18 mbj. Au total, le cartel estime à 31,5 millions de barils la demande quotidienne qui lui sera adressée cette année. L'Opep, qui refuse de céder des parts de marché en réduisant unilatéralement sa production, a pompé 32,25 mbj en mars, selon le rapport. Malgré l'augmentation de la production iranienne à la suite de la levée des sanctions internationales contre Téhéran, en janvier, ce chiffre ne représente cependant qu'une hausse limitée de 15 000 barils par jour sur un mois. L'Iran, qui vise une production de 4 mbj, ne progresse en effet que lentement vers cet objectif, avec une hausse de 140 000 barils en mars, à 3,29 mbj, selon l'Opep. De plus, cette progression a été amortie par de forts reculs aux Emirats arabes unis et en Libye notamment. Les prix du pétrole perdaient, hier, un peu de terrain en cours d'échanges européens, reprenant leur souffle après leur très forte progression de la veille et en attendant les dernières données sur les réserves américaines de brut, prévues en hausse. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin valait 44,33 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en repli de 36 cents par rapport à la clôture de mardi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI), pour livraison en mai lâchait 49 cents à 41,68 dollars. Les cours du Brent et du WTI, après avoir bondi respectivement de 4,7% et 4,5% mardi, galvanisés par l'annonce d'un consensus sur un gel de la production entre la Russie et l'Arabie saoudite, reprenaient hier quelque peu leur souffle. Le prix de la référence européenne du brut a même grimpé mardi jusqu'à 44,81 dollars, un maximum depuis le 4 décembre dernier, tandis que son homologue américain a atteint le même jour jusqu'à 42,25 dollars, au plus haut depuis fin novembre. Le pétrole a bondi mardi dans le sillage d'informations selon lesquelles l'Arabie saoudite et la Russie sont arrivée à un accord sur un gel de la production de pétrole, ce qui a par conséquent encouragé l'optimisme quant à une solution à la surabondance d'offre, notait Lukman Otunuga, analyste chez Fxtm. Plusieurs analystes relativisaient toutefois l'impact de ce consensus, dans la mesure où l'Arabie saoudite et la Russie étaient déjà parvenues à un accord de cette nature -conditionné à la participation d'autres producteurs- lors d'une réunion le 16 février à Ryad. L'accord, également conclu avec le Qatar et le Venezuela, avait déjà permis aux cours de rebondir massivement après être tombés au plus bas depuis 2003, mais les marchés avaient peu à peu commencé à s'interroger, non seulement sur son extension à d'autres participants mais aussi sur l'éventualité d'une baisse concertée de l'offre, au-delà d'un simple gel. M. Otunuga se montrait également prudent, soulignant que dans la mesure où la source des déclarations relayées par Interfax mardi restait anonyme, cela pourrait constituer un stratagème des membres de l'Opep pour exploiter la volatilité des marchés et pousser ainsi les prix à la hausse de manière purement spéculative, sans réelle intention d'un gel ou d'une réduction de production. Il y a encore un air d'anticipation à l'approche de la réunion de Doha, et si jamais cette dernière échouait à répondre aux attentes du marché, on pourrait aisément voir le baril soumis à une forte pression et les actifs à risques piquer du nez, commentait Chris Weston, analyste chez IG. Un avis partagé par les analystes de Commerzbank, selon lesquels il est probable que d'importantes prises de bénéfices suivent la réunion de Doha, entraînant une forte baisse des cours. Les analystes de Commerzbank faisaient également remarquer que puisque la participation de l'Iran à un gel de la production ne semblait plus un pré-requis et qu'il était exclu que d'autres pays procèdent à des réductions de production volontaires, la production de l'Opep allait vraisemblablement continuer à augmenter après la réunion de dimanche. B. A./Agences L'Arabie saoudite exclut encore une réduction de sa production Le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, a une nouvelle fois exclu toute réduction de la production pétrolière, avant une réunion de pays producteurs, prévue dimanche à Doha et destinée à limiter l'actuelle surabondance d'or noir. Interrogé sur l'intention du royaume de réduire sa production de brut, le ministre a répondu : «Oubliez!», dans des propos publiés, hier, par le quotidien saoudien Al-Hayat. Il a rappelé que «les prix du brut sont volatils [...]. Ils sont parfois en baisse et parfois en hausse». Le royaume saoudien, premier exportateur mondial de brut, lie toute réduction de sa production à une initiative collective des grands producteurs membres et non membres de l'Opep.