Clarifions d'emblée les choses. Le leader du MAK a le droit de dire ce qu'il veut et d'être ou de ne pas être ce qu'il veut. Comme par exemple d'affirmer qu'il n'est pas algérien sans pour autant annoncer qu'il abandonnerait sa nationalité algérienne. Et même de revendiquer plus que jamais l'indépendance de la Kabylie après avoir prôné son autonomie. Pour atteindre son mythique objectif, il faudrait alors que les Kabyles soient tous, ou dans leur écrasante majorité acquis à ses thèses séparatistes. On en est bien loin et un référendum à ce sujet révélerait sans doute le réel degré de représentativité du sécessionniste : la peau de chagrin ! Il y a à ce sujet un effet d'optique et un effet de loupe. A savoir que le schismatique Ferhat Mhenni crée la confusion en préemptant la parole et la représentation de toute la Kabylie et de tous les Kabyles. L'amplification médiatique fait ensuite son effet. Il faudrait donc déconstruire le discours idéologique du MAK et faire la lumière sur ses soutiens. On sait que Ferhat a déjà l'appui du Maroc et d'Israël qu'il a visité et dont il soutient la politique d'occupation et d'expansion coloniales. En revanche, la nouveauté, c'est l'intrusion inévitable du méphistophélique BHL qui assimile les Kabyles algériens aux Kurdes. Les Kabyles, «ce peuple sans Etat comme le sont les Kurdes». Le grenouilleur international français, qui aime tant être la première étincelle du feu de la déstabilisation des pays qui refusent de pactiser avec l'Etat sioniste, reprend là une antienne du MAK. En effet, de fil autonomiste en aiguille indépendantiste, le particulariste M'henni en est venu à assimiler les Kabyles aux Kurdes et la Kabylie au Kurdistan ! Pour lui, une Kabylie indépendante, c'est un nouveau Kurdistan qui serait le meilleur allié des Etats-Unis et de l'Otan contre Daech. Avant que Ferhat ne se perçoive en Kabyle-Kurde, son discours a évolué pour passer de la régionalisation à l'autonomie avant d'évoquer une séparation de la Kabylie du corps national algérien. On sait que le M'henni, militant culturaliste berbère et pour les droits de l'Homme n'existe plus. Il y a longtemps que le politique investi dans la lutte pour la culture et la démocratie est «mort». Le Ferhat du jour n'a plus rien à voir avec le patriote unioniste et démocrate de naguère. Place donc au séparatiste devenu ami d'Israël, l'obligé du makhzen marocain et nostalgique assumé de la colonisation française de l'Algérie. Il n'y a pas si longtemps que ça, devant des députés ultras de l'UMP, glorificateurs de la colonisation, le fils de chahid qu'il est avait alors estimé qu'elle était un «regrettable accident», un «malentendu» historique. Et de regretter ce «malentendu» et de promettre d'agir pour le «dissiper». Il l'avait même daté à partir de la bataille d'Icherridène en Kabylie (24 juin 1857). Dans son esprit, ce «malentendu» a pour point de départ Icherridène et pour point final l'indépendance de l'Algérie. Et même l'Indépendance est un «malentendu», vu qu'en 1962, «la Kabylie n'a jamais récupéré sa souveraineté transférée» par la France coloniale au pouvoir central de l'Algérie indépendante. Il avait trouvé aussi que la France coloniale fut plus clémente à l'égard de la Kabylie que ne l'aurait été le régime algérien depuis 1962. «Ce qui oppose le pouvoir à la Kabylie est bien plus lourd que ce qui a opposé la France à la Kabylie depuis 1857 jusqu'à 1962», avait-il dit. La colonisation est ainsi absoute de tous ses crimes. Du coup, ses compatriotes au pouvoir depuis 1962, y compris des décideurs Kabyles, auraient commis des «crimes» bien plus graves que ceux de la colonisation. Dans cette logique, la geste héroïque de Fathma N'Soumer et des Cheikhs El Mokrani et El Haddad relèvent d'un «malentendu» à «dissiper». Les crimes à grande échelle du maréchal Randon et des généraux Mac Mahon, Renault et Maissiat en Kabylie sont tout aussi bien un «malentendu». Dans la sémantique séparatiste du MAK, il est question aussi d'«ethnocide» et de «génocide» de Kabyles devenus les «nouveaux Juifs», les victimes supposées d'un Exodus à l'algérienne. Ces «nouveaux Juifs» sont tout compte ethnique fait, des Kurdes kabyles. Délirium tremens mais poison réel. N. K.