Il fallait y penser un jour ou l'autre. Un internaute, débatteur éclairé, en a exprimé l'idée sur un réseau social. A bon escient patriotique. Une telle idée, surtout quand elle procède de l'esprit de la RES Publica, le bien commun, doit trouver bonne fortune politique. Et comme le souhaitait cet internaute, il aurait été de bon aloi d'inscrire alors dans la Constitution un article condamnant devant la Justice le négationnisme à l'algérienne. Un sournois, mais abominable négationnisme qui consiste à remettre en cause le bien-fondé et la pertinence de la longue lutte du peuple algérien contre la colonisation. Ce négationnisme est porté notamment par des journaux en ligne et des internautes. Ses auteurs, des journalistes et des Algériens du pays et de la diaspora, se cachent à peine pour faire, à contrario, l'éloge de la colonisation. Ces néo-colonisés ne manquent pas de souligner, à coup de comparaisons avec l'Algérie post Indépendance, les «bienfaits» de la colonisation. Une défense en règle, même si elle ne dit pas son nom, de la loi scélérate de 2005 glorifiant en France la colonisation. Ces néo-bachaghas insistent sur l'idée que l'Algérie coloniale était mieux gérée que l'Algérie indépendante, ignorant ainsi la différence de contexte historique, la démographie, les intérêts politico-économiques et les enjeux sociaux. Ils font donc mine d'oublier que l'économie et l'administration coloniale étaient au service exclusif des colons. Tout est bon pour ces négationnistes pour dénigrer l'actuel pouvoir algérien, quitte à établir d'indus parallèles. Cette façon de penser n'est pas sans rappeler l'intervention du président du MAK, Ferhat Mhenni, à l'Assemblée française en janvier 2012. Répondant à l'invitation de députés d'une droite réactionnaire et mythifiant le colonialisme, le leader du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie, avait réduit la colonisation et son cortège de malheurs à un simple «malentendu», un «accident» de l'Histoire ! Le chef de l'ANAVAD, le gouvernement provisoire de la Kabylie dans l'exil, a de ce fait justifié et banalisé les méfaits de la colonisation. Il ne pouvait en être autrement quand on sait que le malentendu, selon le Littré, est une mauvaise interprétation, une équivoque, une mésentente ou une méprise. Un «malentendu» qu'il a «regretté» et souhaité «dissiper» entre l'ancienne puissance coloniale et «sa» Kabylie. A ses yeux, même l'Indépendance de l'Algérie est un «malentendu». Etant donné que «la Kabylie n'a jamais récupéré sa souveraineté transférée» alors par la France coloniale au pouvoir central de l'Algérie en 1962. Pour Ferhat Mhenni, négationniste déclaré, et pour les autres adeptes du négationnisme à l'algérienne, le pouvoir algérien serait pire ou moins bon que le colonisateur ! Donc, par définition, un ennemi à combattre aujourd'hui comme n'aurait pas dû l'être hier le colonisateur ! Cet exécrable négationnisme doit être combattu par la loi et sévèrement. Au prix même d'une atimie, c'est-à-dire d'une privation totale ou partielle des droits civiques, peine utilisée à l'époque classique de la démocratie athénienne. Tout compte fait, une loi sur le négationnisme devient nécessaire. Comme il en existe spécifiquement en France même, en Allemagne et en Belgique ou encore en Suisse où la question est prise en charge par le Code pénal. N. K.