Quatre mois après les législatives, nouveaux et anciens partis n'ont pas su trouver un terrain d'entente en Espagne. Ni le Parti populaire de Mariano Rajoy n'a trouvé d'allié ni le Parti socialiste n'a pu s'entendre avec Podemos. Le roi Felipe VI devrait donc s'entretenir avec les dirigeants politiques, afin d'entériner l'impasse. La Chambre basse devra alors automatiquement se dissoudre le 2 mai, à minuit. Une campagne courte devrait ensuite être menée jusqu'au 26 juin, date théorique de nouvelles élections. L'Espagne semble condamnée à retourner aux urnes fin juin, faute d'avoir su sortir de l'impasse après les législatives de décembre. Alors que le parti de gauche radicale Podemos organise dimanche une fête du Printemps rappelant son ascension fulgurante dans la politique espagnole, un membre de la direction du Parti socialiste (PSOE) a dit être «sûr à 99,9%» que de nouvelles élections se tiendraient en juin. Pedro Sanchez, qui a tenté deux fois sans succès d'être investi par le Parlement, sera à nouveau le candidat du PSOE. Traumatisés par six ans de crise (2008-2014) et les affaires de corruption, les électeurs espagnols avaient sanctionné les formations traditionnelles aux législatives du 20 décembre. Au Parlement est arrivée une classe politique nouvelle et jeune. Quatre mois après ce scrutin, c'est toujours le blocage. Nouveaux et anciens partis n'ont pas su trouver un terrain d'entente pour un gouvernement. Le Parti populaire de Mariano Rajoy, affecté par les accusations de corruption, n'a pas trouvé d'allié. A gauche, le Parti socialiste n'a pu s'entendre avec Podemos et les indépendantistes catalans et basques, une alliance qui lui aurait assuré une majorité des voix. Le parti du charismatique Pablo Iglesias a bien conclu un accord avec les libéraux de Ciudadanos sans que cela ne suffise à obtenir une majorité. Le roi Felipe VI devrait s'entretenir mardi avec les dirigeants politiques, afin de vérifier qu'aucun candidat n'a de chances d'obtenir cette investiture. Si c'est le cas, la Chambre basse devra automatiquement se dissoudre le 2 mai, à minuit. Une campagne courte devrait ensuite être menée jusqu'au 26 juin, date théorique des élections. Pour l'heure, les sondages donnent les conservateurs en tête, devant les socialistes, avec une répartition similaire des voix (environ 123 sièges actuellement pour le PP et 90 pour les socialistes). Podemos perdrait du terrain, sanctionné par une partie de ses cinq millions d'électeurs qu'ils lui reprocheraient de ne pas avoir favorisé un gouvernement de gauche pour éjecter la droite du pouvoir. Pour compenser cette désaffection de son électorat, Podemos serait disposé à s'allier aux écolo-communistes d'Izquierda Unida, qui avaient obtenu 800 000 voix en décembre mais dont Iglesias disait qu'ils «portent malheur». Avec ses alliés, Podemos pourrait alors atteindre son objectif : dépasser les socialistes et se hisser à la deuxième place, dans un face-à-face qui promet avec le Parti populaire. M. B./Agences