Le Parti populaire (PP, droite) est arrivé en tête des législatives de dimanche en Espagne. Mais le principal bénéficiaire du scrutin est la gauche radicale d'Unidos Podemos, qui a ravi la 2e place au Parti socialiste (PSOE), selon des sondages à la sortie des urnes. Les électeurs espagnols étaient appelés aux urnes pour la deuxième fois en six mois. Les précédentes élections, le 20 décembre, n'avaient pu aboutir à la formation d'une coalition gouvernementale, les partis traditionnels, PP et PSOE, ayant subi l'émergence de Podemos et des centristes de Ciudadanos. Comme attendu après six mois de tractations infructueuses et par une belle journée estivale, la participation a été moins élevée qu'en décembre. Cela a surtout profité à l'alliance constituée par Podemos avec l'ex-Parti communiste, désormais en position de force pour tenter de constituer une coalition de gauche.
Loin de la majorité absolue S'il est à nouveau arrivé en première position, le PP du président du gouvernement sortant, Mariano Rajoy, échouerait en effet une nouvelle fois loin de la majorité absolue, fixée à 176 sièges aux Cortes. Selon un sondage à la sortie des urnes de la chaîne de télévision publique TVE, il obtient en effet 117 à 121 élus, contre 123 en décembre décembre. Le PP ne peut de surcroît pas espérer un appui déterminant des centristes de Ciudadanos ("Citoyens"), qui n'obtiendraient qu'entre 26 et 30 sièges - contre 40 en décembre.
Inversion du rapport de forces à gauche Les mises en garde de M. Rajoy contre les "expérimentations... des extrémistes et des radicaux" après le Brexit n'ont pas endigué la progression de la gauche radicale. Au contraire, le bloc Unidos Podemos ("Ensemble nous pouvons") fait figure de grand vainqueur, ce qui serait un nouveau coup porté aux partis traditionnels européens, déjà ébranlés par le choix des Britanniques de quitter l'UE. Le mouvement d'extrême gauche est crédité par les sondages à la sortie des urnes de 91 à 95 élus, suffisamment pour inverser le rapport de forces avec le Parti socialiste, qui n'obtiendrait que 81 à 85 sièges.
Entente difficile Ensemble, ou avec l'appui symbolique de petites formations régionales, les deux formations pourraient atteindre la majorité absolue. Le chef de Podemos, Pablo Iglesias, dit vouloir former un gouvernement avec le PSOE, qu'il appelle "la vieille social-démocratie". Mais les tensions sont telles entre ces deux formations rivales que leur alliance semble improbable. Leurs précédentes tractations, menées à l'initiative du Parti socialiste, avaient échoué. Nombre d'analystes pensent d'ailleurs que le PSOE préférerait former une "grande coalition" avec le PP, voire soutenir un gouvernement conservateur minoritaire plutôt que de s'associer à un parti qui menace son existence.
Les socialistes font pression sur Mariano Rajoy Les socialistes espagnols (PSOE) ont affirmé hier qu'ils n'appuieraient pas le conservateur sortant Mariano Rajoy pour la formation d'un nouveau gouvernement. "Ni par action ni par omission", ont-ils précisé. Mariano Rajoy a réclamé dès dimanche soir le "droit de gouverner" après avoir obtenu 137 députés sur 350, mais la majorité absolue de 176 sur 350 à la Chambre continue à lui échapper. Le secrétaire d'organisation du PSOE, César Luena, a fait valoir lundi qu'il revenait d'abord à Mariano Rajoy de tenter de former un gouvernement, en tant que premier parti politique du pays. "Nous allons y aller pas à pas" mais "celui qui doit prendre l'initiative (de tenter de former un gouvernement), c'est M. Rajoy", a déclaré M. Luena, numéro 3 des socialistes, à la radio Cadena ser, alors que le Premier ministre sortant conservateur doit rechercher l'appui d'autres forces pour pouvoir gouverner.
Evincer Rajoy A la question "les socialistes pourraient-ils s'abstenir" à un vote d'investiture si cela était nécessaire pour former un gouvernement, M. Luena a répondu: la décision "viendra en son temps mais la vocation du PSOE, c'est d'évincer Mariano Rajoy". Il a assuré que la position des socialistes restait la même que pendant la campagne, en disant: "nous n'allons pas appuyer Rajoy ni par action ni par omission, pour que ce soit clair". Le PSOE a rejeté la possibilité d'entrer dans une coalition transversale avec le PP (parti conservateur) et les centristes de Ciudadanos: "Les votes du PSOE reçus hier (dimanche) sont destinés à évincer Mariano Rajoy, pour changer les politiques injustes, inefficaces et antisociales du PP", a encore déclaré lundi M. Luena. Le chef du gouvernement sortant en Espagne, le conservateur Mariano Rajoy, a réclamé le "droit de gouverner". Son parti a remporté les élections législatives en améliorant son score par rapport au dernier scrutin. "Oui, c'est vrai, nous avons gagné", a déclaré Mariano Rajoy à une foule en liesse rassemblée à Madrid devant le siège de son Parti populaire (PP) et agitant les drapeaux bleu azur de la formation aux alentours de minuit. "Et nous réclamons le droit de gouverner, précisément parce que nous avons gagné les élections", a-t-il lancé, après six mois de blocage politique.
Un mois pour sortir de l'ornière Mariano Rajoy a lui-même réagi lundi. Il a dit espérer que les partis politiques représentés au Parlement parviennent à trouver un accord permettant à sa formation, le Parti populaire (PP), de former un gouvernement d'ici un mois. Il a annoncé qu'il appellerait les socialistes et le parti libéral Ciudadanos pour lancer des négociations. "Nous avons encore beaucoup de choses à faire, qui ne seront pas faciles", a-t-il dit. "Je dois essayer de trouver une majorité pour gouverner", a-t-il aussi répété à la station de radio Cope. Il a reçu le soutien de Guillermo Fernandez Vara, président socialiste de la région de l'Estrémadure (sud-ouest), qui a déclaré à la radio Onda Cero: "Je pense qu'aussi vite que possible, nous devrions avoir un gouvernement Rajoy. C'est ce que les électeurs nous ont dit".