L'Algérie possède des potentialités importantes dans tous les domaines. Potentialités appelées à se développer davantage pour peu que les moyens soient au rendez-vous. D'ailleurs, les capacités et le génie de l'Algérie sont tels qu'elles peuvent concurrencer celles des pays étrangers. Cela peut être vérifié à travers la pépinière Garden de Chéraga, laquelle, en l'espace de quelques années seulement, commence à être connue, surtout par les amoureux des plantes, mais aussi par les professionnels, agriculteurs entres autres. Non loin de là, l'exploitation agricole de Zéralda a même réussi à franchir les frontières algériennes pour aller chercher des opportunités à l'export. En effet, pour la première fois dans les annales des exportations en Algérie, cette exploitation a récemment vendu des bulbes horticoles à la Hollande, pays qui jouit pourtant d'une grande notoriété dans le domaine des fleurs, particulièrement la floriculture. Ces deux filiales d'ACI (entreprise spécialisée dans le consulting) sont en train de se développer et sont toujours à la recherche, grâce à des ingénieurs agronomes, de nouvelles techniques à même d'aller vers des rendements meilleurs. Le président-directeur général d'ACI, Rabah Allam, explique que la croissance est en Algérie. «Il y a beaucoup de choses à entreprendre dans notre pays et dans tous les domaines», dit-il. Il évoquera son expérience et son savoir-faire acquis auprès de grandes entreprises étrangères avant de créer en 1994, avec trois autres personnes l'entreprise ACI. Beaucoup de persévérance pour aménager les lieux L'aventure ne s'arrête pas là, puisqu'il a été procédé à la création de la pépinière Garden, qui emploie actuellement près de 120 personnes, dont une quarantaine d'ingénieurs agronomes formés à l'Institut national d'agronomie d'Alger. «Ces ingénieurs sont initiés aux nouvelles techniques grâce au contact direct avec le milieu agricole et travaillent à même d'améliorer les rendements», nous fait savoir M. Allam, qui n'omet pas de noter que «des journées de démonstration des procédés de culture au niveau de la pépinière ainsi que des communications sur les nouvelles techniques permettant d'augmenter le rendement sont organisées régulièrement». C'est notre façon de participer au développement de l'agriculture ainsi qu'aux efforts de l'Etat de réduire les grosses factures d'importation, indique notre interlocuteur. Parce que la firme ACI rejoint la politique du secteur et participe à toutes les foires et salons spécialisés pour faire connaître son savoir-faire dans ce domaine. M. Allam parle avec fierté de la pépinière Garden, qui développe trois activités principales, à savoir l'horticulture sous tous ses aspects, la floriculture, la production d'agrumes et les cultures maraîchères, la production d'arbres fruitiers et de plants d'oliviers. Situé sur une ancienne exploitation agricole qui était à l'abandon, le site est devenu un endroit fréquenté par un nombreux public, qui pour acheter, qui pour visiter ce lieu très attrayant. Le démarrage s'est fait en 2003, et jusqu'à 2005, l'équipe s'est attelée à procéder à l'entretien du site, la réalisation du système d'irrigation, des voies d'accès et la clôture. Ceci en plus de l'aménagement des parcelles, l'installation de brise-vent et l'analyse du sol et de l'eau. Ce n'était pas du tout une tâche aisée, confie Mohamed Allam, directeur général d'ACI, car en plus de tous ces efforts, il fallait faire convaincre les indus occupants à quitter les lieux. «Nous avons délocalisé les 15 familles qui résidaient sur les lieux en les indemnisant conformément à la réglementation en vigueur», nous fait savoir notre interlocuteur, ajoutant que «ce chantier nous a nécessité beaucoup de temps et d'argent». En tout, il fallait donc trois ans, beaucoup de persévérance, du courage mais aussi des sommes colossales à consacrer à ce projet pour en faire un lieu où l'agriculture, l'horticulture et la floriculture se côtoient de près. Nouvelle technique de greffe de la tomate Concernant l'horticulture, il faut dire que la pépinière est très bien fournie, puisqu'elle renferme des variétés de fleurs et de plantes originaires de pays étrangers, d'une beauté inégalable, que les visiteurs ne sont pas habitués à voir. De très beaux cactus fleuris sont exposés, ainsi que des bonsaï (Ficus Ginseng) venus de Chine etc. Le P-DG d'ACI nous dira à ce sujet : «Nous essayons d'importer le moins possible, mais parfois nous sommes obligés, surtout en ce qui concerne les pieds, [plants] de les multiplier». Garden est aussi un jardin d'essais, voire une banque végétale où sont reproduites les plus belles espèces, dans le but de réduire leur importation. C'est le cas des palmiers élevés sur place afin de satisfaire les commandes dans le cadre de différents projets en cours en Algérie. La multiplication qui s'effectue par le respect des normes de production permet de donner des plantes saines et de qualité suprême. «Il n'y a pas de raison qu'on ne puisse pas produire de la qualité chez nous», souligne le P-DG d'ACI. La pépinière Garden de Chéraga s'étend sur une superficie de 38 hectares, principalement consacrés à l'agriculture et à l'horticulture. Pour cette dernière filière, un show room est mis en place pour exposer les plantes tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, selon les variétés. Pour ce qui est du volet agriculture, il est procédé sur site à la production des produits maraîchers tels la tomate, le poivron, la pastèque ainsi que des plants greffés. Depuis l'année dernière, une nouvelle technique de greffe a été introduite et permet des rendements très élevés. «De 800 quintaux à l'hectare en culture non greffée, nous sommes arrivés à un rendement de plus de 2 000 quintaux à l'hectare en culture greffée», souligne Abdelmadjid Aït Ahcène, responsable de la production maraîchère de la pépinière. Au lieu d'une seule branche avec 6 bouquets seulement comme d'ordinaire, cette méthode donne la possibilité d'atteindre les 30 bouquets en deux branches. La superficie de la tomate greffée produite est de 3 000 m2. En plus de la tomate, des variétés d'agrumes sont cultivées sur les lieux. Grâce à un système d'irrigation au goutte-à-goutte de la totalité des parcelles plantées d'agrumes et le choix des variétés, il a été possible d'entrer en production en 18 mois seulement après la date de plantation alors qu'habituellement il faut attendre trois ans pour voir arriver les premiers fruits. De plus, l'orange cultivée est tardive et ne sera cueillie qu'au mois de mai. Les variétés plantées sont la Valencia light sur 7 hectares, la Washington Navel sur 7 hectares aussi, et la clémentine sans pépins sur 12 hectares. Et pour permettre la pollinisation des agrumes, un rucher de 60 ruches est mis en place dans cette exploitation déjà en production. Passer de l'agriculture archaïque à l'agriculture industrielle Le PDG d'ACI, spécialiste dans le domaine agricole a son propre regard sur le secteur. A son avis, les problèmes de l'agriculture sont étroitement liés à l'investissement et au foncier. Aujourd'hui, il est devenu impératif de passer d'une agriculture archaïque à une agriculture industrielle et moderne. C'est-à dire qu'il ne faut plus rester sur le modèle des petites exploitations ou de subsistance, mais passer aux grandes exploitations. Notre interlocuteur a aussi sa propre vision de l'exportation. L'idée selon laquelle on exporte l'excédent est fausse, dit-il, soulignant qu'il faut produire pour exporter selon les besoins exprimés, et non pas le contraire. Au sujet des perspectives de la pépinière Garden, M. Allam dira que l'objectif consiste surtout à augmenter la production, synonyme de rentabilité, et se spécialiser dans certaines filières pour lesquelles le P-DG d'ACI affiche son intention de développer, en compagnie de son équipe, les cultures d'agrumes, de vigne, et l'horticulture. «Nous voulons nous développer à des échelles plus grandes s'il y a bien sûr une possibilité d'accès au foncier, et cela dans la perspective d'aller vers l'exportation.» Convaincu du fait que le développement de l'agriculture revient aux Algériens qui doivent croire en leur pays, M. Allam dira qu'il ne faut pas toujours compter sur les étrangers qui ne viennent que s'ils ont un intérêt. «Il faut faire confiance aux professionnels algériens et les encourager à faire valoir leurs compétences. Le recours aux étrangers doit venir en complément.» M. Allam est de ceux qui encouragent la jeunesse algérienne. La preuve, il a fait appel à un jeune Algérien qui a résidé pendant 20 ans en France et travaillé dans la gestion, et l'a nommé comme directeur de l'exploitation de la pépinière de Chéraga pour profiter de son expérience dans ce domaine. Yacine Chaker, nous fait savoir que lorsqu'il est arrivé en Algérie, depuis seulement un mois, il a agréablement été surpris par l'exploitation dont il a actuellement la charge. «Je la trouve parfaite et bien agencée», confie-t-il, ajoutant qu'il travaille plus qu'avant et avec un certain plaisir car dans ce métier «on développe réellement un rapport étroit avec la terre». La pépinière Garden est ouverte jeudi et vendredi et les gens viennent prendre de l'air et se promener à travers les allées aménagées tandis que d'autres achètent des plantes. Des chaises sont installées ça et là et des cascades artificielles laissent couler une eau limpide, permettant au public de se profiter des lieux pour se reposer. B. A.