Jamais, dans l'Histoire de l'Algérie, une élection présidentielle, du moins depuis le début d'élections pluralistes, n'a connu une telle tiédeur, à quelques semaines seulement du jour J. A quelques jours de la convocation du corps électoral, en effet, cette élection ne suscite pratiquement aucun intérêt, du moins des candidats qui, une autre première, ne se bousculent pas au portillon, comme cela a été le cas lors des précédents scrutins. A l'inverse de l'élection de 2004 - qui reste la plus animée - la pré-campagne électorale de cette année n'a pas connu d'animation particulière. Les uns évoquent une élection «sans enjeux», d'autres «un climat social délétère». Malgré cela, l'élection aura bel et bien lieu dans les délais fixés par la Constitution, c'est-à-dire au début du mois d'avril, même si, pour des raisons non encore précisées, la date exacte n'est toujours pas fixée. Il reste que le tournant de cette élection a été sans doute le 12 novembre 2008 lorsque, à la demande du président de la République, la Constitution de 1996 a été amendée, ouvrant notamment la voie à Abdelaziz Bouteflika de briguer un troisième mandat. Sauf qu'avant d'en arriver là, les partis de l'Alliance présidentielle, soutenus par des associations dites de la «société civile», ont ouvert le bal depuis plusieurs années déjà appelant l'actuel chef de l'Etat à se représenter «pour parachever l'œuvre de redressement national». La thèse est rejetée par une partie de l'opposition qui y voit une manière de s'offrir «une présidence à vie». Mais pendant la période qui a précédé l'amendement de la Constitution, une bonne partie de la classe politique - exception faite, bien entendu, des partis de l'alliance - s'est figée dans un attentisme qui n'a pas dit son mot. Tous attendaient que le chef de l'Etat affiche ses intentions, avant de se prononcer. Qu'à cela ne tienne, le mutisme s'est transformé en une prudence dans un premier temps, pour les uns, et en cri de victoire pour les autres. Mais, chemin faisant, beaucoup de ceux qui pouvaient postuler à la magistrature suprême renoncent. Ni des chefs de partis, de tous les bords politiques, à l'image du président du RCD, Saïd Sadi ou encore de Abdellah Djaballah, ni des personnalités, à l'image de Mouloud Hamrouche ou encore l'ancien Président Liamine Zeroual, ne veulent se lancer dans la course. Tous, à des exceptions près, évoquent «une élection à sens unique». En revanche, d'autres, à l'image de Louisa Hanoune et de Moussa Touati, croient en leur bonne étoile et décident de se lancer dans la bataille, au même titre d'ailleurs que certaines personnalités, comme Belaïd Mohand-Saïd et d'autres postulants peu connus. Sauf que, en attendant l'annonce officielle de la candidature de Abdelaziz Bouteflika, tous les pronostics plaident pour une réélection sans encombres de l'actuel chef de l'Etat. Reste la plus grande inconnue : le taux de participation qui risque d'ôter à ce scrutin la crédibilité qui doit être la sienne. A. B.