Les cours du pétrole ont baissé hier à Londres au moment où le marché s'intéresse aux effets éventuels des incendies au Canada sur les réserves américaines de brut. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 45,40 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en repli de 12 cents par rapport à la clôture de mardi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en juin lâchait 34 cents à 44,32 dollars. Les cours du Brent et du WTI, après avoir nettement remonté la pente mardi sur fond de perturbation de l'offre dans plusieurs pays producteurs, se montraient, hier à nouveau hésitants avant la publication des dernières statistiques du département américain de l'Energie (DoE) sur les réserves de brut aux Etats-Unis. «Les données sur les stocks de brut de l'API ne sont pas parvenues à annuler durant la nuit les gains réalisés (la veille)» par le pétrole, même si elles ont montré une hausse des réserves aux Etats-Unis, relevait Michael van Dulken, analyste chez Accendo Markets. Mais en revanche, les attentes entourant les chiffres officiels du DoE, qui pourraient bien tirer les prix à la baisse, expliquaient, selon l'analyste, la pression qui s'exerçait, hier, sur les cours depuis le début des échanges européens. Selon les estimations publiées mardi par l'association professionnelle American petroleum institute (API), les réserves américaines de brut ont augmenté globalement de 3,4 millions de barils et ont progressé de 1,46 millions de barils au terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, centre-sud), notait Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix. L'analyste estime toutefois que ce dernier chiffre risquait d'être réduit en raison des incertitudes entourant l'offre canadienne dans le sillage des incendies qui ont durement frappé la région productrice de sables bitumineux de l'Alberta (ouest du Canada). Les feux de forêts autour de la ville de Fort McMurray continuaient en effet d'avancer mardi, et des conditions ont été imposées aux compagnies pétrolières avant un redémarrage de leurs activités qui pourrait, au mieux, prendre plusieurs jours, voire semaines. L'arrêt ou la mise en veille des installations pétrolières la semaine dernière a réduit de près de 1,5 million de baril par jour la production du Canada, le premier fournisseur étranger de pétrole brut aux Etats-Unis. Déjà attentivement surveillés d'habitude par les investisseurs, les chiffres hebdomadaires officiels sur l'état de l'offre aux Etats-Unis attendus dans l'après-midi vont dans ce contexte prendre une importance particulière. Selon la prévision médiane des analystes interrogés par l'agence Bloomberg, le rapport du DoE devrait montrer une nouvelle hausse des réserves de brut, de 750 000 barils, mais une baisse des stocks d'essence, de 500 000 barils, comme de ceux de produits distillés (dont le gazole, le fioul de chauffage, et le kérosène), de 1 million de barils. Le marché digérait par ailleurs un rapport de l'EIA (Energy information administration, une antenne du Département américain de l'Energie) publié mardi, dans lequel l'institution a révisé ses prévisions de déficit de la production américaine pour l'an prochain, cette dernière ne devrait décliner que de 450 000 barils par jour (bj), contre un repli de 600 000 bj attendu précédemment, soulignaient les analystes de Commerzbank. De son côté Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets, mentionnait également parmi les facteurs baissiers pour le pétrole le fait que le P-dg du géant saoudien Aramco, Amin Nasser, avait annoncé mardi que le groupe était déterminé à augmenter sa production, ajoutant ainsi à la surabondance mondiale, malgré la faiblesse actuelle des cours du brut. B. A./Agences