De notre correspondant à Constantine A. Lemili Fait exceptionnel à Constantine. Le Snapap est parvenu à tenir son AGE et à faire élire par consensus une section syndicale au sein de l'administration communale jusque-là bastion depuis 40 ans et pour cause de l'UGTA. Autre fait exceptionnel : la rapidité avec laquelle le syndicat autonome est également parvenu à le faire même si des contraintes, parfois sérieuses parce que surréalistes, ont surgi le 18 mai dernier, date à laquelle le secrétariat de wilaya a acheminé sa requête au P/APC et le 10 juin dernier, date à laquelle la section a été installée. A notre question, Benmili A. évoque «le pluralisme politique, qui s'est dessiné depuis les dernières élections locales, et qui a sans doute déteint sur les autres champs d'action». Autrement dit, l'hégémonisme absurde (FLN pendant plus de trente ans et RND durant un mandat) ayant vécu le parrainage du plus vieux syndicat n'avait plus raison d'être au risque (pour le parti concerné) de traîner derrière lui une odeur de soufre qu'il n'est plus en mesure d'assumer sur la place. Il y a lieu de souligner que si l'actuel maire appartient au FLN, son parti ne détient qu'une majorité relative qui ne permet plus, comme jadis, une marge de manœuvre à la limite de l'autocratie. Le dénouement d'une crise larvée (menaces des travailleurs, exigeant la reconnaissance de leur section, des sit-in face au siège de la commune) entre l'institution élue et le syndicat autonome serait dû «à l'honnêteté du Dr Chibane (P/APC), son respect de la réglementation, l'application des textes en vigueur mais plus particulièrement à sa neutralité». Au cours de l'après-midi, les responsables du Snapap ont effectivement réuni, en présence d'un huissier de justice, le nombre de travailleurs exigé par la loi et obtenu, de ce fait, une reconnaissance officielle réclamée par des centaines d'agents au sein d'une salle surchauffée par la présence peu discrète de «taupes» de l'UGTA venus chahuter l'AGE. «Quelles vont être les démarches du Snapap à partir de demain ? », avons-nous sollicité de M. Benmili A. «Bien évidemment, nous allons d'abord formaliser administrativement la création de cette section syndicale. Les élus vont ensuite, en tant qu'organe représentatif des travailleurs, prendre langue avec le maire pour lui faire part de leurs intentions, voire leurs propositions d'un plan d'action. Les demandes les plus pressantes étant forcément la désignation d'une nouvelle commission des œuvres sociales et l'audit sérieux des gestions de son organe exécutif. Il est évident tout aussi que toutes les opérations financières du service des OS soient suspendues jusqu'à matérialisation de ces exigences essentielles parce qu'elles résorberaient d'ores et déjà le malaise qui lamine l'administration communale, corrode l'ambiance de travail et désespère des centaines de travailleurs laissés-pour-compte.» «Ce sont, d'ailleurs, ces mêmes travailleurs qui, selon ce qui nous a été rapporté, ont été menacés de représailles administratives s'ils répondaient par l'affirmative à l'appel du Snapap d'assister à l'AGE. Les intimidations sont allées de la retenue sur salaire à la mise à pied. Une attitude irresponsable que nous dénonçons vivement.» Le fonds des œuvres sociales est estimé à plus d'un milliard de centimes (1,4 semblerait-il, compte tenu des récentes augmentations de salaires) et «a profité plus à une caste qu'aux travailleurs», nous diront en chœur de nombreux agents surexcités. L'un d'eux surenchérira : «Trouvez-vous normal que le chef de service des œuvres sociales roule en véhicule tout-terrain de la valeur d'un demi milliard ?» Ce qui est strictement authentique même si ce dernier déclarait récemment à un de nos confrères : «J'ai effectivement possédé un tel véhicule mais je l'ai acquis grâce à un héritage familial.» En tout état de cause, pour les responsables du Snapap «avoir réussi à installer cette section ne constitue pas pour nous la finalité. Nous nous engageons d'abord à œuvrer pour le seul bénéfice des travailleurs et faire en sorte que ceux qui sont, jusque-là, restés quelque peu tièdes à notre appel nous rejoignent dans peu de temps», conclura Benmili A.