Il y a plus de quatre ans, la chaîne islamiste et propagandiste qatarie El Djazira pliait bagage. L'Algérie, en proie alors au vent de ce qu'on a appelé, juste une année avant, le «Printemps arabe», donne son «feu vert» à des patrons de presse, affairistes et milliardaires pour se lancer dans l'audiovisuel. L'Algérie tentera alors ce challenge. Des dizaines chaînes voient le jour, dans un terrain longtemps dominée par l'Eptv (Entreprise publique de télévision). Par manque de professionnalisme, d'encadrement et surtout d'un statut clair régissant la profession, le jeune secteur de l'audiovisuel algérien, à peine né, sombre dans une anarchie où le profit est le point de convergence de toutes les chaînes, chacune choisissant le chemin qu'elle croit le plus court pour y arriver. De l'insulte quand des sujets tabous sont évoqués, des appels au meurtre quand des idées contradictoires sont présentées, de l'excès de zèle anti-professionnel pour soutenir un camp ou détruire l'autre, des invités polémistes, haineux, voire criminels, sur les plateaux, des pseudos hommes de religion déversant leur fiel sur tout et tous… Et tout ce beau monde s'exprime sur des chaînes de télévision algériennes, mais qui émettent de Jordanie, Genève, Londres…. Deux chaînes, El Atlas et El Watan ont été arrêtés. Mais le secteur est toujours le même, s'enfonçant encore plus dans la médiocrité. L'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) est mise en place, avec Miloud Chorfi, à sa tête. Mais excepté deux ou trois avertissements et rappels à l'ordre, l'instance censée veiller sur le respect de l'éthique et de la déontologie n'a hélas rien pu faire et le secteur est resté livré à lui-même. L'Etat ne peut pas fermer indéfiniment les yeux sur les continuelles dérives des chaînes qu'il a longtemps tolérées. L'Arav est réactivée et un cahier des charges est établi pour les chaînes de télévision. Un cadre juridique régissant le secteur est désormais mis en place. Mardi dernier, le ministre de la Communication, Hamid Grine, a lancé l'ultime avertissement aux chaînes de télés privées offshore. Dans le nouveau cahier des charges, il est exigé l'exclusivité nationale de l'origine des capitaux et la non appartenance à un état-major d'un parti politique. Les candidats ont un délai de soixante jours à compter de la date de la première publication ou diffusion de l'appel à candidature pour le dépôt des dossiers. Les critères pour la notation et la classification des dossiers de candidatures sont définis et fixés par décision de l'Arav. Les candidats dont les dossiers ont été jugés recevables feront l'objet d'une audition publique au niveau de l'Arav pour «présenter leur projet et répondre aux questions des membres de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel». Le ministre de la Communication peut mettre un terme au processus d'octroi de l'autorisation à tout moment après consultation du président de l'Arav. L'autorisation finale n'est accordée ni par le ministre du secteur ni par l'Arav mais par le gouvernement. Pour les frais couvrant la première partie, ils sont fixés à 100 millions de dinars pour une chaîne de télévision et 30 millions de dinars pour une radio. L'autre obligation porte sur la «matière journalistique» qui ne peut plus être envoyée par internet pour diffusion. Le responsable du média ayant obtenu l'autorisation doit ensuite signer une convention avec l'Arav puis un contrat avec l'entreprise Télédiffusion Algérie (TDA). A. B.