La survie de la filière artisanale du bijou d'argent traditionnel d'Ath Yenni est menacée par le manque de la matière première sur le marché national depuis plus de huit mois, a alerté, jeudi dernier, le président de l'association des artisans-bijoutiers d'Ath Yenni en marge de l'ouverture de la 13e édition de la fête du bijou. Mohammed Haoueche a soutenu qu'au rythme où vont les choses, beaucoup d'artisans vont mettre fin à leur activité et la fête du bijou risque d'être compromise dans les années à venir. La survie de la filière artisanale du bijou d'argent traditionnel d'Ath Yenni est menacée par le manque de la matière première sur le marché national depuis plus de huit mois, a alerté, jeudi dernier, le président de l'association des artisans-bijoutiers d'Ath Yenni en marge de l'ouverture de la 13e édition de la fête du bijou. Mohammed Haoueche a soutenu qu'au rythme où vont les choses, beaucoup d'artisans vont mettre fin à leur activité et la fête du bijou risque d'être compromise dans les années à venir. En l'absence de l'argent, matière de base dans la fabrication du bijou, chez Agenor, les 150 artisans qui tiennent toujours à leur métier (contre 560 durant les années 1990) sont contraints de s'approvisionner au marché noir où le prix de ce métal atteint 130 000 dinars le kilogramme, a-t-il signalé. Evidemment, cette hausse des prix de la matière première se répercute directement sur le prix du produit fini et réduit donc les possibilités de son écoulement. D'ailleurs, arguera M. Haoueche, beaucoup de bijoutiers ont arrêté la fabrication et se contentent actuellement d'épuiser leurs stocks étant dans l'incapacité d'acheter de la matière première. Ce constat est confirmé par le maire d'Ath Yenni, Smaïl Deghoul, qui assure que le maintien en vie de la fête de bijou n'est que le fruit d'une volonté collective de préserver cet héritage ancestral et ce patrimoine légué par les précédentes générations. «Les conditions de travail des artisans laissent à désirer, notamment en l'absence de l'argent sur le marché national depuis novembre 2015. A chaque édition de cette fête, des promesses sont faites aux bijoutiers pour prendre en charge leurs préoccupations, mais la situation évolue très lentement, ce qui se répercute sur l'essor de cette filière de grande renommée». Se voulant rassurant, le directeur du tourisme et de l'artisanat de la wilaya de Tizi Ouzou, Rachid Gheddouchi, a déclaré qu'Agenor reprendra la distribution de la matière première dans les quelques mois à venir et que les engagements pris par le ministre durant la précédente édition concernant la réalisation d'un musée et d'une Maison de l'artisanat dans la localité sont toujours maintenus. «La démarche administrative pour la concrétisation de ces deux projets est finalisée. Des bureaux d'étude sont engagés pour définir les montants de réalisation et nous allons les entamer dès que le financement sera débloqué», a-t-il fait savoir. Par ailleurs, M. Gheddouchi a soutenu que, malgré le manque de matière première avéré, des artisans-bijoutiers arrivent à réaliser des gains importants pendant la durée de la fête de bijou et parviennent à écouler une bonne partie de leurs produits, ce qui les aide à faire marcher leurs activités, en dépit de la cherté de la matière première achetée en noir. Plus de 110 artisans issus des wilayas de Tamanrasset, Sidi Bel-Abbès, Alger, Oran, Constantine, Béjaïa, Bouira et Tizi Ouzou prennent part à cet évènement qui se poursuivra jusqu'au vendredi prochain. Sur la totalité des participants, 93 sont des artisans-bijoutiers de la localité basés principalement au CEM Larbi-Mezani, au moment où les autres filières artisanales comme le tapis, la vannerie, la sculpture, l'habit traditionnel et la poterie exposent au niveau de la Maison de jeunes de la localité. Une variété de produits faite d'anciens modèles comme Akhelkhal, Abrouch, Taziba, Azrar et de nouvelles créations qui suivent l'évolution sociale, est proposée aux adeptes du bijou d'Ath Yenni, qui fait à base d'argent, de corail, avec touches de couleurs (principalement du vert, jaune, rouge et bleu) en émaux. Toutefois, les prix affichés par les artisans-bijoutiers sont jugés «chers», voire «excessifs», par de nombreux visiteurs, ce qui les dissuadent d'acheter le «souvenir d'Ath Yenni», se contentant de faire le tour des stands d'exposition et d'admirer ces joyaux confectionnés avec des méthodes traditionnelles pour la plupart. APS