Ouverte jeudi dernier, la fête du bijou d'Ath Yenni, à près de 40 km au sud-est de Tizi Ouzou, fait partie des rendez-vous culturels incontournables dans la région. Elle accueille chaque année des milliers de visiteurs curieux de découvrir le bijou traditionnel en argent propre à la localité. Lors de la précédente édition, près de 40 000 personnes avaient visité les stands de l'exposition. La 13e édition est placée sous le thème «Le bijou d'Ath Yenni, héritage ancestral et exigences d'aujourd'hui». Les contraintes rencontrées se résument notamment dans les difficultés à s'approvisionner en matières premières. C'est d'ailleurs ce qu'ont tenu à préciser les bijoutiers de la région à travers leur représentant et président de l'association des bijoutiers d'Aït Yenni. Mohamed Haouche a soutenu, en effet, que le manque d'argent, matière première utilisée dans la confection des bijoux, rend la tâche plus difficile aux artisans. «La matière première se fait de plus en plus rare et cela fait plus de neuf mois que les artisans sont appelés à utiliser leur stock. L'approvisionnement à travers le marché parallèle est aussi une option qu'ils ne négligent pas étant dans la nécessité de continuer à produire. Sauf que cela revient beaucoup plus cher, avec un impact sur le prix des bijoux», avait-il déclaré, en marge de la cérémonie d'ouverture. Il souligne, par ailleurs, que cette fête du bijou d'Aït Yenni ne doit pas être seulement festive, car «célébrer ce bijou ancestral, c'est aussi booster l'artisanat et faire que ce métier acquiert une stabilité et un statut». Le président de l'APC d'Ath Yenni, Smaïl Deghoul, a, lui aussi, relevé les menaces qui pèsent sur le métier, citant en plus du manque de matière première, les difficultés liées à la commercialisation. Le directeur du tourisme et de l'artisanat à Tizi Ouzou a voulu être rassurant. Rachid Gheddouchi affirme en effet que le quota de la matière première est disponible à l'Agence nationale pour la transformation et la distribution de l'or et des autres métaux précieux, à savoir Agenor, ajoutant que les artisans ont été rassurés par un représentant de ladite agence. Le directeur précise par ailleurs que les deux projets de réhabilitation de la Maison de l'artisanat et la réalisation du musée du bijou à Ath Yenni sont maintenus, «mais vu la situation actuelle que traverse le pays, il n'y a pas de financement pour les réaliser», dira-t-il.