Les tendances monétaires et financières au 4e trimestre de l'année de référence rendues publiques par la Banque d'Algérie, confirment le choc externe qu'a subi l'économie nationale dans le sillage de la chute des prix du pétrole d'environ 50% en 2014 et en contexte de forte appréciation du dollar par rapport à l'euro et à d'autres devises. Le dernier rapport de la Banque d'Algérie relatif aux agrégats financiers de 2015 met la lumière sur la situation économique du pays. Les tendances monétaires et financières au 4e trimestre de l'année de référence, confirment le choc externe qu'a subi l'économie nationale dans le sillage de la chute des prix du pétrole d'environ 50% en 2014 et en contexte de forte appréciation du dollar par rapport à l'euro et à d'autres devises. Ainsi, selon la Banque d'Algérie, «l'impact du choc externe sur l'économie nationale s'est accentué au cours de l'année 2015 avec un accent plus prononcé au quatrième trimestre pour certains indicateurs macroéconomiques». La BA indique, dans ce sens, que le Produit intérieur brut (PIB) a enregistré lors du dernier trimestre, «une croissance appréciable de 4,9% contre 2,5% pour la même période de 2014». Pour l'autorité bancaire, cette croissance résulte, notamment, de la croissance exceptionnelle de 5% réalisée par le secteur des hydrocarbures et du secteur de l'agriculture avec un taux de 10,0%. Toutefois, la BA précise que la croissance a été plus faible dans le secteur des services marchands (5,6% contre 7,4% au quatrième trimestre 2014) et le secteur de l'industrie (3,2% contre 4,6% pour la même période en 2014). Evoquant le secteur des hydrocarbures, la BA a relevé la baisse du prix moyen du baril de pétrole brut passant de 109,92 dollars/baril au premier semestre 2014 à seulement 58,23 dollars/baril au premier semestre 2015 suivie par une baisse aux troisième et quatrième trimestres (50,52 et 43,49 dollars/baril respectivement). Globalement, en 2015, le prix moyen de pétrole s'est établi à 53,07 dollars/baril contre 100,23 dollars/baril en 2014. Quant au niveau de recettes d'exportation des hydrocarbures, il s'est établi à 33,08 milliards de dollars en 2015, dont 14,85 milliards de dollars au second semestre, contre 58,46 milliards de dollars l'année précédente. Cette contraction de 43,41% confirme, selon la BA «l'ampleur du choc externe qui pèse sur l'économie nationale, très vulnérable aux hydrocarbures qui demeurent les principaux produits d'exportation de l'Algérie». Pour les exportations hors hydrocarbures, elles demeurent encore «structurellement faibles», en recul à 1,48 milliard de dollars contre 1,67 milliard de dollars en 2014. Parallèlement, les importations de biens (fob) qui ont connu un trend haussier ces dernières années, ont baissé en 2015. Elles se sont établies à 52,65 milliards de dollars au cours de l'année sous revue contre 59,67 milliards de dollars en 2014, soit une diminution de 11,8%. Il est expliqué, en fait, que la mise en oeuvre de mesures visant à contenir l'emballement des importations a contribué à cette baisse des importations. S'agissant de l'impact de cette situation sur le solde de la balance commerciale, la BA a relevé un déficit de 18,08 milliards de dollars. Elle explique que le choc pétrolier «est d'une ampleur telle que le solde de la balance commerciale enregistre son premier déficit après plus de dix-huit années d'excédents consécutifs». Toujours sur le plan monétaire, la BA observe également que le compte courant de la balance des paiements a été marqué par un creusement de son déficit à 27,48 milliards de dollars en 2015. «Ce déficit est dû essentiellement à la chute des prix du pétrole, d'une part, et à l'important transfert de dividendes, d'autre part», commentent les rédacteurs du rapport. Pour la valeur de la monnaie nationale, le rapport relève aussi que «l'impact du choc externe de grande ampleur sur les fondamentaux a induit une dépréciation du taux de change en 2015 d'environ 20% du dinar par rapport au dollar américain, et une dépréciation plus faible vis-à-vis de l'euro (3,8 %)». Ainsi, le taux de change effectif réel du dinar reste encore à fin 2015 au-dessus de son niveau d'équilibre. Dans le même sillage, la BA a relevé que l'inflation a repris une tendance croissante après la désinflation significative enregistrée durant les années 2013 et 2014. Le rythme de l'inflation s'est infléchi au cours des trois derniers mois de l'année 2015, relève dans ce cadre la banque. Selon le même rapport, en 2015, comme l'année précédente, les cours des principaux produits agricoles importés par l'Algérie ont continué à décroître à des taux annuels moyens à deux chiffres, notamment les cours du blé (-25,8 % à 225 dollars la tonne) et ceux de lait entier en poudre qui s'offrait à 2 508 dollars la tonne (-35,2%). Il en est de même pour les glissements annuels des cours, tous négatifs, variant de 2,9% (huile de tournesol) à 26,6% (blé des USA). Le rapport souligne que les produits à fort contenu d'import contribuent en 2015 à hauteur de 7,2% à la croissance de l'indice annuel moyen des prix à la consommation, en forte hausse par rapport à l'année précédente au cours de laquelle leur contribution était négative à 0,7%. La BA fait remarquer que l'ampleur de l'inflation en 2015 ne peut s'expliquer ni par l'expansion de la masse monétaire, dont le rythme a été quasi nul, ni par l'inadéquation de l'offre à la demande, affirmant que les causes profondes sont à chercher dans les dysfonctionnements du marché, et notamment de celui des produits agricoles frais, caractérisé par une traçabilité limitée des transactions et une faible régulation. Enfin au sujet des crédits à l'économie, le rapport précise qu'ils ont poursuivi leur progression au cours de l'année sous revue, au rythme de 16,57% (8,70% au premier semestre 2015) contre 26,15% en 2014. La banque estime, sur ce point, que ce rythme d'expansion «ne semble pas être soutenable sans recours de certaines banques au refinancement auprès de la Banque d'Algérie au cours de l'année 2016». Pour uniquement le secteur privé (entreprises et ménages), la banque évalue le montant des crédits accordés à 3588,3 milliards de dinars à fin 2015 contre 3121,7 milliards de dinars à fin décembre 2014, soit une croissance de 14,95%. S. B.