A travers le prisme du personnage central Gina, le film est une illustration poignante d'une société gangrenée par la corruption dans l'ère postsoviétique Le long métrage «Godless» de la réalisatrice bulgare Ralitza Petrova a remporté, samedi passé, le Léopard d'or du 69e Festival du film de Locarno Suisse, sur les bords du lac Majeur. Le film raconte l'histoire de Gana, une jeune femme qui s'occupe de personnes âgées atteintes de démence, et organise un trafic avec leurs cartes d'identité. Incarnée par Irena Ivanova, qui a obtenu le prix de la meilleure actrice du festival, Gana commence à changer quand elle rencontre un nouveau patient qui aime la musique, mais découvre que «faire ce qu'il faut» peut coûter cher. Par ailleurs, le prix spécial du jury a été décerné à «Scarred Hearts» du Roumain Radu Jude, film dont l'intrigue se déroule dans un sanatorium sur les rives de la Mer Noire en 1937, en pleine montée du fascisme. Après trois films sélectionnés à Cannes cette année et le Prix de la mise en scène remis à «Baccalauréat» de Christian Mongiu, le cinéma roumain fait montre une nouvelle fois de sa vitalité. Le Léopard du meilleur réalisateur est lui revenu au Portugais Joao Pedro Rodrigues pour «L'Ornithologue». Par ailleurs, le film «Moi, Daniel Blake» du Britannique Ken Loach, Palme d'or au dernier festival de Cannes, a obtenu cette fois le prix du public. Par ailleurs, le festival du film de Locarno en Suisse, a rendu hommage vendredi passé soir à l'actrice franco-britannique Jane Birkin, qui a reçu un Léopard d'Or, la distinction du festival, pour l'ensemble de sa carrière. L'ex-compagne de Serge Gainsbourg, marquée par la maladie mais à la grâce intacte, tient le rôle principal d'un court-métrage suisse, La femme et le TGV, présenté le 5 août dernier au festival et réalisé par un jeune Zurichois de 25 ans, Timo von Gunten. Le film La femme et le TGV concourt dans la catégorie des courts-métrages. Le festival montre aussi deux autres films de Jane Birkin pour rendre hommage à son parcours cinématographique : La fille prodigue (1981) de Jacques Doillon, où elle joue au côté de Michel Piccoli, et le film autobiographique Boxes (2007), dont elle a écrit le script, dans lequel elle a joué et dont elle a assuré aussi la mise en scène. Cette édition a été marquée par 279 films en moins de deux semaines, 16 sous le ciel de la Piazza Grande et 17 dans le Concorso internazionale. Des prestigieux invités ont cette offert des moments inoubliables tels que les saluts à la place de Mario Adorf et de Stefania Sandrelli, les conversations avec le public de Harvey Keitel, Roger Corman, David Linde et Alejando Jodorowsky, la masterclass de Howard Shore, la passion révolutionnaire de Ken Loach ou encore l'évocation de Cimino par Isabelle Huppert ou celle d'Abbas Kiarostami par son fils Ahmad, la générosité de Jane Birkin et la sympathie contagieuse de Bill Pullman. Carlo Chatrian, Directeur artistique confie que «nous voulons que Locarno soit, comme pendant des onze jours enthousiasmants, un lieu où l'on projette des films qui placent l'être humain au centre, des films qui fassent parler et qui émeuvent, et en même temps, un lieu de rencontre entre de grands artistes capables de délivrer des messages moraux forts, et un public attentif et chaleureux. Un public pouvant accueillir avec le même enthousiasme le grand Harvey Keitel et son collègue bhoutanais, moins connu, mais capable de faire vibrer 8 000 personnes au rythme de sa voix.» D. A./Agences