Certes, le ministère, affecté par les «restrictions» budgétaires du gouvernement, s'attelle à la «rationalisation de ses dépenses», mais il est toujours possible d'appuyer des projets porteurs qui donneront à la culture algérienne sa dimension internationale bien méritée. Les artistes et les opérateurs culturels sont, toutefois, tenus de bien peaufiner leurs initiatives pour gagner aussi l'intérêt des sponsors et des mécènes dont le rôle est d'autant déterminant dans la promotion de la culture algérienne à l'étranger La culture algérienne, en dépit de ses innombrables difficultés, est plutôt bien prisée à l'étranger. Nos artistes sont souvent conviés aux grands festivals internationaux où ils sont chaleureusement accueillis par le public et la critique. Musique, chant, cinéma, théâtre ou arts plastiques, nos jeunes talents sont adulés, voire recherchés. Le regard nouveau qu'ils portent sur leur propre pays et sur le monde fait visiblement l'effet d'une onde de fraîcheur vivifiante dans les milieux du spectacle. Que cela soit en Europe ou au Moyen-Orient, les belles œuvres algériennes «s'exportent» bien, et gagnent la sympathie et l'estime des professionnels. Cet été, les artistes algériens ont été nombreux à se produire sur des scènes étrangères et, surtout, à y laisser de belles impressions. Citons quelques exemples de ce succès pour illustrer notre argument. La chanteuse Souad Massi, en tournée en Jordanie, a fait un tabac au mois de juillet à Amman où elle passe pour une véritable égérie. La jeune artiste est aussi attendue en Egype pour la clôture en beauté du 14e Festival d'été d'Alexandrie (29 juillet-8 septembre), après une prestation mémorable au festival de la ville du Caire au mois d'avril. Massi, qui incarne la nouvelle génération du chant moderne algérien, a été distinguée en Europe et dans plusieurs pays arabes. Le même retour d'écoute a été réservé aux groupes de musiques contemporaines Raïna Raï et El Dey qui ont égayé le festival Orientalys de Montréal au Canada (11-14 août). La 10e édition du Festival international de la musique raï d'Oujda au Maroc (16-23 juillet) a aussi valsé aux airs langoureux de plusieurs chanteurs et interprètes algériens dont Chaba Zahouania, Messaoued Bellemou, Cheb Abbès, Cheb Adjel et la troupe Djamaâwi Africa. Au célèbre festival de Rabat « Mawazine, rythmes du monde», Houria Aïchi, interprète de chants traditionnels des Aurès, l'ONB, Kader Haïbaoui et l'orchestre El Gusto ont transporté l'assistance dans des élans mélodieux typiquement algérien. On pourrait dire autant du septième art, car la nouvelle génération de cinéastes algériens se veut créative et ambitieuse, malgré le manque de moyens et l'absence de réseau de distribution et de diffusion dans le pays. Fin mai, quatre coproductions cinématographiques algéro-françaises ont été au menu du 22e Festival du film franco-arabe d'Amman en Jordanie. Il s'agit de «Femme 10949» de Nassima Guessoum, «Madame courage» de Merzak Allouache, «Road to Istanbul» de Rachid Bouchareb et «Dans ma tête un rond-point» de Hassan Ferhani. «Contrepouvoirs», le nouveau film documentaire de Melek Bensmaïl, sera prochainement projeté au 28e festival «Etats généraux du film documentaire», prévu du 21 au 27 de ce mois à Lussas (Sud de la France). Anis Djaâd, de son côté, prendra part à la compétition officielle au Festival du court métrage méditerranéen de Tanger au Maroc (10-15 octobre prochain), avec son film «Le voyage de Keltoum» qui aborde de manière atypique le retour aux sources des immigrés. Djaâd, chroniqueur et auteur de deux autres courts métrages qui ont été primés en Algérie et au Maroc, explore la nature profonde des conflits et des mésententes qui agitent le monde aujourd'hui. Le théâtre algérien est également présent sur toutes les scènes. Avignon (France), Carthage (Tunisie), Sour (Liban), festival méditerranéen (itinérant) sont autant de rendez-vous réguliers, les troupes théâtrales professionnelles et d'amateurs. La liste n'est pas exhaustive, puisque de nombreux autres courts et moyens métrages sont également présents aux grands festivals en Europe et en Amérique du nord. La littérature algérienne d'expression arabe pénètre de mieux en mieux dans les pays du Moyen-Orient. Les success story d'Ahlem Mostaghanemi a fait beaucoup d'émules. Aussi, des écrivains d'expression française sont encensés en France et dans l'espace francophone, en alimentant épisodiquement des polémiques et des controverses sur l'actualité et les rapports entre les deux rives de la Méditerranée. Des designers, des artisans et des plasticiens percent aussi. A la lumière de ce résumé, on réalise que la culture algérienne est sur une dynamique certaine. En dépit des difficultés et des insuffisances de la politique culturelle publique, des artistes et des créateurs prennent le devant de la scène et s'emploient, très souvent avec des moyens du bord, à porter l'art et algérien aussi loin que possible. Certes, le ministère, affecté par les «restrictions» budgétaires du gouvernement, s'attelle à la «rationalisation de ses dépenses», mais il est toujours possible d'appuyer des projets porteurs qui donneront à la culture algérienne sa dimension internationale bien méritée. Les artistes et les opérateurs culturels sont, toutefois, tenus de bien peaufiner leurs initiatives pour gagner aussi l'intérêt des sponsors et des mécènes dont le rôle est d'autant déterminant dans la promotion de la culture algérienne à l'étranger. Kamel A.