De notre correspondant à Constantine A. Lemili Dans la matinée d'hier, des dizaines de travailleurs ont assiégé le… siège de l'union de wilaya de l'UGTA de Constantine pour protester contre une liquidation, qui n'en est finalement pas une, au sens de la réglementation et surtout de la morale, de leur entreprise. Les travailleurs qui nous ont pris à témoin ont tenu à souligner que «cela fait six mois que nous réclamons nos salaires. Il ne nous importe plus que l'entreprise reprenne ou non ses activités. D'ailleurs, cela n'est plus possible compte tenu de la liquidation du matériel de chantier, des équipements annexes et la vente des sites. Nous voulons seulement percevoir les six derniers mois de salaire et une régularisation administrative de notre situation, sans plus ». Présent sur place, un avocat leur conseillera de se rapprocher de la justice. Or, ces derniers ont épuisé toutes les procédures réglementaires possibles. Entamant leurs démarches par une requête auprès de l'inspection du travail, qui exigera toutefois des 450 travailleurs concernés de désigner une dizaine d'entre eux pour les représenter. Ce qu'ils n'ont pu faire, ce qui a permis au représentant de la direction générale de ne pas reconnaître le statut de mandants à ceux auxquels il a été confronté dans le cadre de la rencontre de conciliation au siège de l'inspection du travail. Quant au secrétaire de l'union UGTA locale, il leur conseillera, de vive voix, d'aller «…faire le siège du cabinet du wali et d'y tenir un sit-in jusqu'à ce que le premier représentant des pouvoirs publics daigne accéder à leurs doléances ». Arrivé sur place en compagnie du représentant de la FNTR, du SG de l'UNJA et d'une représentante des femmes, B. Rahma en l'occurrence, le secrétaire de wilaya de l'UGTA esquivera carrément la rencontre, s'empressant de rejoindre son bureau. Soulignons que GECO est l'ancienne Ecotec, une entreprise florissante du bâtiment des années 1960-1980, précurseur dans le domaine du BTPH et l'un des plus gros employeurs de la région. Cette réputation s'est effilochée avec le temps jusqu'à son démantèlement à la fin des années 1980, dans le cadre d'un plan social engagé à partir de 1996. Son excroissance, en l'occurrence GECO, allait bénéficier d'un plan de charge conséquent eu égard à la priorité accordée par les pouvoirs publics à attribuer des quotas de réalisation en ce sens, notamment dans le cadre de la réalisation du projet de 1 million de logements et des programmes AADL. Toutefois, l'entreprise n'est jamais parvenue à tenir face à la concurrence et aux promoteurs privés, plus particulièrement les Chinois, dont les réalisations sont nettement moins coûteuses, livrées dans les délais et de meilleure qualité grâce à une gestion rationnelle des moyens humains, matériels et du timing. Ce qui n'est pas le cas de GECO et nous en voulons pour preuve la démolition récente d'un pâté d'immeubles en raison d'un vice de construction et risque de mise en danger d'autrui… en l'occurrence des locataires AADL ; une affaire qui a défrayé la chronique à Constantine. D'aucuns parlent vraisemblablement d'une enquête des services de police sur une possible carambouille et pratiques douteuses sur l'acquisition et la qualité des matériaux de construction utilisés. En ce qui la concerne, la direction générale assure avoir «la ferme résolution de payer les salaires restants, sauf qu'elle est toujours dans l'attente d'enregistrer des entrées d'argent. Celles enregistrées dans le cadre des ventes de matériels et équipements et certains sites ont servi à s'acquitter en priorité des créances dues aux fournisseurs», dira un cadre de l'entreprise ayant requis l'anonymat. En fait, le terrain en question est au centre d'un litige actuellement devant les tribunaux. Une personne affirmant en être la propriétaire originelle pourrait effectivement le récupérer et du coup réduire à néant les moyens d'indemnisation attendus par la direction de GECO pour la régularisation des 450 travailleurs. Soulignons qu'une partie du personnel administratif et le corps des agents de sécurité est toujours en poste pour le traitement des affaires courantes.