De notre correspondant à Constantine A. Lemili Faux procès-verbaux d'assemblées générales de travailleurs, «œuvre d'une débauche manœuvrière ourdie par une structure parallèle fantoche» et «pétitions lancées par des travailleurs appelant à la tenue d'AG en vue du renouvellement de section syndicale». Ce sont les propos tenus par un légitimiste de l'union de wilaya UGTA de Constantine, entrée depuis près d'une année dans une phase de turbulences extrêmes, mais toutefois menacée de banalisation au vu de l'absence de feed-back de la Centrale syndicale sinon de «complicité active de membres du secrétariat national abusant de la... crédulité du secrétaire général», si l'on tient compte de l'affirmation de Hadj Mehdi, le secrétaire de wilaya suspendu depuis le 24 mai dernier de toute activité et qui a tenu une conférence de presse en ce sens au cours de la matinée d'hier au sein du siège de la maison des syndicats. Documentation volumineuse à l'appui et jouissant de l'adhésion, comme un seul homme, des membres non mutinés de l'instance régionale, Hadj Mehdi avait déjà consigné son intention de se départir de l'obligation de réserve dans une lettre adressée au secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdemadjid Sidi Saïd, et aux différentes instances du syndicat, et donc de faire des révélations de nature à lézarder le monolithique édifice et plus particulièrement les pratiques contraires à la morale qui y prévalent depuis une dizaine d'années. Il y a lieu de préciser que les turbulences ont eu pour origine des mises en demeure adressées à l'une des stratifications internes de l'organisation au niveau régional, en l'occurrence l'union locale Centre, dont les membres étaient non seulement suspectés d'outrepasser leurs attributions, mais aussi de malversations financières dont le montant aussi dérisoire serait-il (environ 1,3 million de dinars) n'en écornait pas moins la réputation de l'UW d'autant plus que les médias s'étaient saisis de l'information. En dénonçant sa «suspension après élection unanime par la CE de l'union de wilaya» et pour «avoir résolu le problème de l'ULC en mon âme et conscience et conformément à la décision du secrétariat national, des règlements et du statut de l'UGTA», l'animateur de la conférence de presse a tenu à rappeler que les coupes claires entamées dans une sorte de chasse gardée ont forcément déplu, voire n'auraient pas «été du goût de votre entourage», dira-t-il à Sidi Saïd dans sa lettre ouverte pour souligner ensuite que l'entourage du SG de l'UGTA serait parvenu à ses fins, à savoir «avoir ma tête et que vous avez fini par la lui offrir sur un plateau». Hadj Mehdi reprochera au premier responsable de l'Union de ne pas avoir «daigné m'entendre, invoquant un manque de déontologie syndicale». Question respect de la déontologie, face aux journalistes, et soutenu par les cadres de l'Union présents à la rencontre, il usera d'ironie en rappelant à Sidi Saïd : «Question déontologie, parlons en», étayant son doute par l'interrogation : «A-t-elle été respectée ? Quand des secrétaires nationaux la foulent aux pieds en organisant la CE de l'UL Centre (relevant de Constantine, NDLR) à Alger et non pas à Constantine, cela ne s'est jamais vu dans les annales. La déontologie a-t-elle été respectée par les membres du secrétariat national ?» Plus narquois, il conclura : «Je vous laisse le soin d'apprécier.» Hadj Mehdi reviendra sur la tenue d'une commission exécutive dans une salle de spectacle de Constantine, comme pour rappeler l'illégitimité d'une telle rencontre qui aurait pu se tenir, si tel était le cas, au sein du siège de l'UW sans qu'aucun syndicaliste des lieux ne s'y oppose : «Ne serait-ce qu'en vertu des libertés démocratiques.» Plus virulent et enfonçant le clou, il rappellera enfin : «L'échec patent (de la rencontre)» et sa réorganisation une deuxième fois avec une minorité non représentative, s'interrogeant sur la notion de «déontologie ou de la magouille. C'est cousu de fil blanc. Dieu reconnaîtra les siens.» Cela étant, il semblerait que toute la phraséologie autour de ce conflit pourrait prendre une autre tournure, notamment avec la mobilisation de la base, il ne serait pas alors exclu que «la rentrée sociale serait chaude, très chaude». Sur ce point précis, il y a unanimité de tous les cadres présents au cours de la conférence de presse. En plus clair, il pourrait y avoir une démonstration de force à laquelle seraient associés, dans un cadre solidaire, l'ensemble des syndicats des wilayas de l'est du pays.