En Algérie, il a été décidé de retirer les éléments de la sûreté nationale de l'intérieur des stades et de charger ces derniers de former des stadiers afin qu'ils assurent la sécurité. Une décision irréfléchie et hâtive ? La question mérite d'être posée puisqu'hier tout le monde a eu le loisir de voir des stadiers prendre leurs jambes à leur cou pour fuir la violence qui a éclaté entre les supporters du MCA et de l'USMH dans les tribunes du stade 5-Juillet. Un stade, remis à neuf à coups de milliards de dinars, saccagé hier par l'incivisme des supporters. Et il ne s'agit malheureusement pas des premiers heurts entre supporters depuis le début du championnat. Il y a eu, faut-il le rappeler, des blessés dans les rangs des supporters du CRB et du MCO lors de la première journée du championnat de Ligue Une mobilis, disputée le week-end passé. A Alger, plus précisément aux stades de Bologhine et 20- Août, de violents affrontements ont éclaté entre les fans de l'USMA et ceux du MOB. Au stade 1er -Novembre de Tizi Ouzou, qui a abrité le classico JSK-MCA, des affrontements ont éclaté aussi, mais entre les seuls supporters du vieux club algérois. Résultat, des dizaines de supporters ont été blessés lors de cette première journée de championnat. C'est déjà là un trop lourd bilan pour ce début de saison qui n'augure rien de bon. Lors de toutes ces échauffourées, il aura fallu l'intervention de la police pour séparer les antagonistes. Cela ne dénote-t-il pas de la nécessité de revoir la décision prise du retrait des services de sûreté des les stades ? Il ne s'agit pas de l'annuler mais de revoir du moins la formule de son application. Il est clair aujourd'hui que les stadiers ne sont pas encore prêts à remplacer les policiers dans les stades. Ce constat est partagé par plusieurs acteurs du football national. D'ailleurs, le président du MCA, Omar Ghrib, a affirmé, cité par les médias, que «le retrait de la police devrait se faire progressivement et pas d'un coup (…) La formation des stadiers ne peut se faire en un clin d'œil». Et beaucoup partagent cet avis. Les faits ne peuvent être contestés : aujourd'hui, les forces de l'ordre jouent un grand rôle dans le bon déroulement des différentes confrontations sportives et leur présence suffit à rassurer les fans. Et à ce propos, il y a lieu de souligner que l'affluence des supporters aux stades a baissé depuis les incidents de la première journée. Et il est tout à fait normal que les supporters décident de déserter les stades vu que dans cet endroit, censé être un lieu de divertissement, le risque d'y perdre la vie est réel. Que vont décider les responsables ? Pour le moment, ils répètent que la décision de retrait des policiers ne sera pas annulée. Le ministre de la Jeunesse et des Sports a parlé d'«un retrait progressif des services de sécurité au niveau des stades tout en entamant très rapidement la mise en place des stadiers et leur formation». De son côté, le président de la Ligue de football professionnel (LFP) Mahfoud Kerbadj, a exclu l'annulation de la nouvelle mesure, affirmant que «les actes de violence sont le résultat d'un manque de responsabilité des clubs». Malgré tous les risques, les prochaines journées du championnat se joueront donc sans la présence de la police. Pourtant il aurait été préférable que, dans un premier temps, les stadiers soient encadrés par des agents de la sûreté. Faut-il qu'il y ait mort d'homme pour que les responsables prennent conscience que les stadiers ne sont pas encore prêts? À ce rythme, on ne risque pas d'attendre longtemps. H. Y. .