La mesure semble bien réfléchie, mais est-elle irrévocable ? C'est en fait la question que se posent les milieux sportifs, en Algérie, et en particulier du football, après l'annonce officielle, hier mardi, du retrait progressif des policiers des enceintes sportives. Certes, la mise en place progressive de stadiers, qui géreront autant les débordements des supporters que la sécurité au sein des stades de football, était dans l'air, depuis quelques années. Et même bien avant, au début des années 2000, avec l'idée de Mourad Mazar et quelques amoureux du football, pour la mise en place de stadiers, qui devaient être formés par l'encadrement, notamment de l'émigration algérienne, du stade de France, à Saint-Denis (Paris). Abandonnée depuis, l'idée a été remise sur le tapis, hier, par le directeur de la Sûreté nationale Abdelghani Hamel, qui annoncé que la police nationale va se désengager progressivement, de la surveillance et la sécurité des stades. A la place des policiers, il y aura, a-t-il affirmé, des stadiers que la police va former. «Nous avons décidé, en concertation avec les responsables du Football national, du retrait progressif de la police des stades, à partir de la prochaine saison footballistique et la remplacer par des stadiers», a indiqué le DGSN. Abdelghani Hamel a indiqué, lors d'une journée d'information, sur les nouvelles mesures envisagées, pour la gestion et l'organisation des rencontres de football, que «lors de la saison 2015-2016, nous avons assuré la sécurité de pas moins de 365 matchs du championnat professionnel, dans ses 2 Ligues, mais nous avons payé un lourd tribut puisque nous avons recensé plus de 213 cas d'actes de violence envers des agents du service d'ordre. 324 policiers ont été, ainsi, blessés et y en a même à qui on a prescrit des arrêts de travail, en raison de leur impossibilité à exercer leur métier». La hausse inquiétante de la violence dans les stades algériens semble être la cause principale de ce retrait de la police des stades, puisque ce corps de sécurité paie, chaque week-end, un lourd tribut pour la bonne marche du championnat national, dans ses différentes divisions. Selon le patron de la police nationale, «96 véhicules ont été saccagés avec une grosse facture pour les réparations». Trop c'est trop, semble s'être dit le directeur général de la DGSN, qui s'est, cependant, engagé à dispenser des cycles de formation au profit des stadiers, qui seront recrutés par les clubs eux-mêmes. Il dira à ce propos que «nous sommes disposés à accompagner les clubs pour leur permettre d'avoir des stadiers et nous permettre du coup d'abaisser la charge sur nos agents», avant d'annoncer que l'argent que percevait la DGSN pour sécuriser les matchs de football, ira aux clubs et à la formation des stadiers. «Désormais, la DGSN ne prendra aucun centime des clubs. Cet argent doit être utilisé, par les clubs, pour la formation des stadiers», explique Hamel qui a, également, indiqué que «toutes les autorités du pays» ont été informées de cette décision, qui a été déjà envisagée, en 2013. Le président de la LFP, Mahfoud Kerbadj, a invité de son côté les clubs de football, dont ceux de l'élite, à se doter de stadiers et de directeurs de la sécurité, comme le stipule le cahier des charges relatif au professionnalisme. «Depuis 2013, cette mesure du retrait de la police était mise sur la table. Maintenant, le rôle du stadier est de se concerter avec l'agent du service d'ordre pour veiller à la sécurité, dans le stade», a-t-il dit. La création de la fonction de stadier vise aussi l'amélioration des conditions d'accueil et d'orientation des supporters dans les stades. Le président de la FAF Mohamed Raouraoua, qui a approuvé cette mesure, estime que «chaque club est appelé à créer de nouveaux postes relatifs à la sécurité dans les stades, ce qui est en rapport avec le cahier des charges du fonctionnement du professionnalisme». Reste, cependant, la question principale: le supporter algérien et, à plus forte raison, les dirigeants de clubs, sont-ils mûrs pour assister en gentlemen à un match de football ? Est-ce une décision hâtive, sans ancrage social, le hooliganisme de certains supporters, et même de dirigeants de grands clubs, sera t-il vaincu par de simples jeunes ? Assurément, la tâche sera dure, dure... et la mission difficile des responsables du sport. Le spectacle désolant durant le mois de Ramadhan que le stade du 8 Mai 1945 de Sétif a offert aux sportifs africains est là pour montrer que la voie reste longue vers une véritable sécurité dans les stades algériens. Le moment est-il propice, quand on sait que le cahier des charges du professionnalisme en Algérie reste encore non appliqué ?