«Quoiqu'il en soit, il importe désormais si peu de savoir ce qui s'est passé ou non à Rio, dans la mesure où le ver ne semble pas être dans le fruit durant seulement les trois semaines passées au Brésil mais tout au long d'une mandature à un autre niveau des fédérations et des autres instances élues comme dans les couloirs du ministère de la Jeunesse et des Sports.» L'essentiel n'est plus de participer mais de laisser une bonne image, c'est ce qu'il faudrait retenir...d'essentiel dans la conférence de presse donnée par le chef de la délégation sportive algérienne à Rio. Difficile de faire plus dans la duplicité que l'art détenu par Amar Brahmia pour retourner à son avantage l'échec des sportifs qui devaient porter haut les couleurs nationales. Il est vrai qu'arracher deux médailles d'argent n'est pas donné à n'importe quelle nation, sauf qu'il faudrait également souligner que cette performance fabuleuse est à mettre sur le compte d'un athlète qui, d'abord, a su prendre ses distances même s'il restait relativement dépendant de la Fédération algérienne d'athlétisme et pour cause la qualité de seul et plus important soutien logistique et financier. Si Taoufik Makhloufi a bonifié la participation algérienne qu'en serait-il si cela n'avait pas été le cas. L'Algérie, selon la conception néo-olympienne du chef de mission, s'en serait-elle donc tenu à une «bonne image» d'athlètes propres sur eux, sages même si ça ne mange pas de pain, autrement dit que ça restera le plus sûr moyen d'être satisfait en ne gagnant pas de médaille. «C'est l'éternelle histoire du verre, que certains voient à moitié plein alors que d'autres le considèrent à moitié vide. Personnellement, je trouve que c'est une très bonne chose que l'Algérie ait devancé 140 pays au tableau des médailles. Cela dit, les gens ont le droit de penser autre chose.» Il ne faudrait surtout pas occulter le fait que parmi ces 140 pays près des 3/4 ne sont pas et ne risqueront pas d'être connus des Algériens, Amba, Guam, Nauru, Palaos ou Tuvalu, et le mérite d'être relativement connus pour des pays comme les Iles Maldives, le Sultanat de Brunei, le Salvador ou encore le Rwanda, qui le sont beaucoup plus par leur exotisme touristique, la richesse de leur dirigeant, la violence d'Etat et le terrorisme ou encore le massacre ethnique du siècle. Encore heureux, qu'Amar Brahmia n'ait pas ressorti la récurrente allusion à la «main de l'étranger» et préfère donc évoquer une manipulation. «Les choses dont j'ai été accusé sont entièrement fausses et si elles ont pris une telle ampleur, c'est juste parce que des gens manipulés les ont massivement reprises avant même d'avoir confirmé leur véracité», a-t-il déclaré au cours de la conférence de presse, faisant allusion parfois à des «personnalités» du microcosme sportif connues pour leurs accointances présumées avec les milieux interlopes des affaires, voire du banditisme. Enfin, oubliant qu'il parlait pratiquement pour lui même, il n'hésite pas à accabler les athlètes dont il avait la charge au Brésil. «C'est très dur pour l'athlète de se retrouver face à une caméra et d'annoncer à toute une nation, qui croyait en lui, qu'il a été moins bon que ce qu'il avait promis», et comme pour dire qu'il parle en connaissance de cause, il enchaine sur : «J'étais moi-même un athlète par le passé et je sais parfaitement ce que je dis. D'ailleurs, même moi j'essayais de sauver ma tête en rejetant la responsabilité sur quelqu'un d'autre, exactement comme l'ont fait certains à Rio.» Quoiqu'il en soit, il importe désormais si peu de savoir ce qui s'est passé ou non à Rio, dans la mesure où le ver ne semble pas être dans le fruit durant seulement les trois semaines passées au Brésil, mais tout au long d'une mandature à un autre niveau des fédérations et des autres instances élues comme dans les couloirs du ministère de la Jeunesse et des Sports. La conférence de presse a eu cela particulier qu'elle n'a pas été ragoutante eu égard à un déballage de vérités et de contre-vérités qui ne font pas honneur au sport en particulier et à l'olympisme en général. A. L.