Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Gabon : la Cour constitutionnelle se prononce aujourd'hui sur le recomptage des bulletins de vote Ali Bongo et Jean Ping s'accusent mutuellement de fraude
Le président réélu a décidé de contre-attaquer en accusant à son tour Jean Ping de fraude. Ali Bongo a bien choisi son moment puisque la Cour constitutionnelle pourrait, aujourd'hui, ordonner un recomptage des bulletins de vote. Il a donc opté de mener une charge tous azimuts pour défendre sa réélection controversée à la tête du Gabon. Au Gabon, le calme est certes revenu mais la crise s'installe dans la durée. En effet, le Président sortant Ali Bongo, réélu pour un second septennat le 28 août dernier, sur fond d'émeutes meurtrières, des cris à la fraude et des appels à la grève générale, n'a pas l'intention de laisser sa place à son rival, Jean Ping. Ce dernier, avec 48,23% contre 49,80% des voix pour Ali Bongo, affirme qu'il y a eu fraude demandant un recomptage des bulletins. Mais alors que le président réélu a refusé catégoriquement cette option invitant l'opposition à se tourner vers la Cour constitutionnelle, voilà qu'il décide de contre-attaquer en accusant à son tour Jean Ping de fraude. Ali Bongo a bien choisi son moment puisque la Cour constitutionnelle pourrait, aujourd'hui, ordonner un recomptage des bulletins de vote. Il a donc opté de s'exprimer la vieille sur les ondes de deux radios, RTL puis Europe 1. Menant une charge tous azimuts pour défendre sa réélection controversée à la tête du Gabon, Ali Bongo décide d'accuser son opposant d'avoir fraudé. «Je dis que M. Ping a fraudé. Nous pensons qu'il y a eu des fraudes électorales dans son fief et dans d'autres régions de son territoire. Nous sommes devant un complot qui visait à truquer une élection et prendre le pouvoir par ce biais», a-t-il déclaré, accusant son rival d'avoir «mis en place un système avec des cybercriminels». En réponse à l'ONU, à l'Union européenne et au Premier ministre français, Manuel Valls, qui appellent à un recomptage des voix, il affirme qu'il n'y en aurait un qu'en cas de saisine de la Cour constitutionnelle. «Nous avons une loi qui a été votée en 1996 et qui régit tout le processus électoral, je ne peux pas, moi, violer la loi. En ce qui concerne le recomptage, cela est prévu dans le cadre de la loi et se fait au niveau de la Cour constitutionnelle.» «On reproche souvent aux Etats africains de ne pas avoir d'institutions fortes. Pour une fois qu'on veut respecter notre loi, on nous demande de l'outrepasser, c'est tout de même singulier», a-t-il ajouté. Et d'annoncer que lui aussi déposera des recours auprès de la cour Constitutionnelle. «Je prépare un certain nombre de recours. Il y a eu des situations qui étaient particulières et qui méritent un petit examen», a-t-il expliqué, accusant à nouveau Ping d'avoir «été pris la main dans le sac.» Se sentant peut-être isolé depuis que certains de ses proches ont décidé de le lâcher à l'exemple de son ministre de la Justice, deuxième vice-Premier ministre, qui a annoncé sa démission demandant, lui aussi, le «recomptage des voix bureau de vote par bureau de vote et procès-verbal par procès-verbal», Ali Bongo ne lâche rien. Il s'en prend également aux observateurs de l'Union européenne, affirmant que leurs critiques du scrutin étaient biaisées. La mission d'observation de l'Union européenne a déclaré que l'analyse des résultats définitifs révélait une «évidente anomalie dans la province du Haut-Ogooué», qui a officiellement enregistré un taux de participation de 99,93% (contre moins de 60% dans l'ensemble du pays), avec 95,46% de votes en faveur du Président sortant. «Si on veut relever tous les cas d'anomalies, il faut être clair, équilibré et relever toutes les anomalies si on en a constaté», a répliqué Ali Bongo, selon qui, les critiques de l'Union européenne sont trop favorables à Jean Ping : «J'aurais aussi apprécié qu'on note quelques anomalies dans le fief de M. Ping, qui a fait les 100 % dans certains bureaux. En ce qui concerne le Haut-Ogooué, je dirais tout simplement que la campagne menée par M. Ping, qui est honteuse, a mené à une participation massive», a-t-il argumenté. Dans cette crise politique sur fond de «guerre» des mots, Jean Ping a aussitôt répliqué sur Europe 1. «Il n'y a pas de doute. (Ali Bongo) lui-même, il sait que j'ai gagné les élections. C'est lui qui a les armes, tue, pille», a-t-il asséné. «Nous faisons appel à toute la communauté internationale pour que la vérité des urnes soit connue et reconnue», a-t-il ajouté. Pour rappel, de violentes émeutes ont éclaté dans le pays après l'annonce des résultats de l'élection présidentielle, faisant six morts, selon un bilan officiel. Jean Ping estime de son côté que cinquante à cent personnes ont trouvé la mort depuis la semaine dernière, un bilan qui n'a pour l'heure pas été confirmé. A rappeler enfin que l'UA a décidé d'envoyer très prochainement une délégation pour tenter de résoudre la crise au Gabon H. Y.