Les conditions économiques du pays se sont clairement dégradées depuis quelques mois. Au deuxième trimestre, l'économie a fait du surplace après une hausse de seulement 0,3% au premier. L'investissement et les dépenses publiques ont reculé respectivement de 0,8% et 0,3%, la consommation est restée quasi stable (+0,1%) et seule la contribution extérieure a apporté un peu de croissance grâce notamment à la hausse des exportations. Les conditions économiques du pays se sont clairement dégradées depuis quelques mois. Au deuxième trimestre, l'économie a fait du surplace après une hausse de seulement 0,3% au premier. L'investissement et les dépenses publiques ont reculé respectivement de 0,8% et 0,3%, la consommation est restée quasi stable (+0,1%) et seule la contribution extérieure a apporté un peu de croissance grâce notamment à la hausse des exportations. Matteo Renzi ne table plus que sur une croissance de 0,8% en 2016 et de 0,6% en 2017. Pour redresser cette trajectoire, Rome compte sur un plan de relance qui pourrait ramener la croissance à 1% l'an prochain. Mais, pour cela, il lui faut le blanc-seing de Bruxelles... Plus que jamais, l'économie italienne peine à décoller. Mardi 27 septembre dans la soirée, le président du Conseil Matteo Renzi a annoncé la révision à la baisse de ses prévisions de croissance pour 2016 et 2017. Pour cette année, Rome ne table plus que sur 0,8% de hausse du PIB contre 1,2% jusqu'ici. Si cette prévision s'avérait juste, la croissance italienne serait à peine plus élevée que celle de 2015 qui s'est établie à 0,7%. Pire même, en 2017, la croissance ne serait plus que de 0,6% si les conditions budgétaires ne changent pas. Cette révision était attendue, mais elle est plus forte que celle sur laquelle les économistes tablaient : une croissance de 1% en 2016. Mais les conditions économiques du pays se sont clairement dégradées depuis quelques mois. Au deuxième trimestre, l'économie a fait du surplace après une hausse de seulement 0,3% au premier. L'investissement et les dépenses publiques ont reculé respectivement de 0,8% et 0,3 %, la consommation est restée quasi stable (+0,1%) et seule la contribution extérieure a apporté un peu de croissance grâce notamment à la hausse des exportations. Manque de dynamisme Mais de lourds nuages couvrent l'horizon de l'économie européenne. Le moteur des exportations reste faible, soumis à l'anémie du commerce mondial et à un ralentissement en cours en Allemagne. L'investissement reste inexistant et les consommateurs prudents. Pour plusieurs raisons : les salaires progressent faiblement, la baisse du chômage marque le pas, et le référendum constitutionnel du 4 décembre relance l'incertitude politique. En septembre, l'indice de confiance des consommateurs calculé par Istat, l'institut statistique italien, a encore reculé à 108,7 contre 109,1 en août et 11,2 en juillet. En juillet, les chiffres se sont montrés inquiétants : le commerce de détail hors alimentation a connu une baisse de 0,6% de son chiffre d'affaires. Sur le front industriel, il manque clairement un élan du côté des investissements. L'indice du climat des affaires d'Istat s'est redressé en septembre à 101 contre 99,5 en août, mais il se situe nettement encore sous le niveau du premier semestre. Du reste, si la production industrielle a progressé de 2,1% sur un mois en juillet en valeurs désaisonnalisées, l'indice des nouvelles commandes a reculé de 10,8%. Et sur trois mois, elle affiche encore un recul de 0,4%. A noter qu'en juillet 2016, l'indice de production industrielle était encore inférieur de 2,1% à son niveau de début 2010. Globalement, le pays souffre d'une faible demande interne et d'un problème bancaire récurrent. La mauvaise santé des banques et l'incapacité de l'UE et du gouvernement à trouver une solution au problème des créances douteuses ne permettent pas une bonne transmission des mesures de la BCE. Le crédit - surtout aux entreprises - continue de se contracter en Italie, ce qui bloque tout investissement privé. Plan de relance envisagé Face à cette situation de déprime, le gouvernement de Matteo Renzi, qui a, par ailleurs, lancé sa campagne pour le référendum du 4 décembre (qui est aussi un plébiscite sur le président du conseil), entend agir pour apporter pas moins de 0,4 point de PIB en 2017 et atteindre une croissance de 1%, pour la première fois depuis 2010. Pour cela, il entend se donner un peu d'air budgétaire pour 2017 et va réclamer de la «flexibilité» à Bruxelles. L'idée serait de permettre au déficit budgétaire italien de passer de 1,8% du PIB à 2,3% du PIB pour libérer de 22 à 25 milliards d'euros afin de réaliser des investissements et se passer ainsi d'une hausse prévue de la TVA. Parmi les grands projets retenus, le gouvernement voudrait relancer l'idée - souvent abandonnée - d'un pont enjambant le détroit de Messine pour relier la Sicile au continent. Négociations difficiles avec Bruxelles Quoique sous les 3% et en excédent primaire (hors service de la dette), l'Italie est sous la surveillance de Bruxelles en raison de l'importance de sa dette publique qui représente 132,4% du PIB. La Commission impose à Rome une trajectoire budgétaire stricte pour l'amener à faire reculer ce ratio. Mais si la croissance ne décolle pas. L'Italie restera prise dans le piège qui l'emprisonne depuis près de vingt ans : contraint de serrer les vis budgétaires, son gouvernement pèse sur la croissance et rend indispensable de nouvelles mesures budgétaires. Un cercle infernal que Matteo Renzi n'a pas réussi à briser. Les négociations s'annoncent extrêmement tendues avec Bruxelles, d'autant que Matteo Renzi a multiplié les critiques contre l'actuelle politique européenne provoquant l'agacement de la Commission. Rome souhaite mettre en avant des «circonstances exceptionnelles», notamment liées au séisme qui a frappé les Apennins en août et à la crise migratoire. «L'Europe est endettée vis-à-vis de l'Italie», a affirmé Matteo Renzi. Sera-t-il écouté ? Rien n'est moins sûr. La Commission est clairement prise entre deux feux : d'un côté, certains pays réclament une action de relance vigoureuse ; de l'autre, certains fustigent son «laxisme». Sur les cas des dépassements budgétaires portugais et espagnol, Bruxelles avait coupé la poire en deux en renonçant à des sanctions, mais en exigeant des coupes budgétaires. Sur le cas italien, elle sera soumise aux mêmes pressions. Avec un élément supplémentaire : le référendum du 4 décembre. Se montrer ferme avec Matteo Renzi pourrait encourager l'opposition eurosceptique à appeler à un vote «non» qui, in fine, pourrait l'amener au pouvoir. Bruxelles devra donc se montrer prudente, mais le pourra-t-elle ? R. G. In latribune.fr