Le Parti justice et développement (PJD), à la tête du gouvernement de coalition depuis cinq ans au Maroc, a remporté les élections législatives de vendredi. Des résultats qui achèvent une campagne électorale marquée par de sérieuses interrogations sur l'orientation politique du royaume. Le Parti islamiste du Premier ministre Abdelilah Benkirane a obtenu 125 députés, contre 102 à son principal rival, le Parti authenticité et modernité (PAM, libéraux) sur un total de 395 sièges, selon des résultats provisoires officiels, après le dépouillement complet des bulletins. L'Istiqlal, le parti historique de la lutte pour l'indépendance, puis le Rassemblement national des indépendants (RNI), arrivent en troisième et quatrième position avec respectivement 45 et 37 députés. Huit autres partis se partagent le reste des sièges, dont la Fédération de la gauche démocratique (FGD), qui obtient deux députés. Le PJD arrive ainsi largement en tête des résultats provisoires annoncés la veille au soir, portant sur les listes locales (soit 90% des bulletins). Le «parti de la lampe», comme l'appellent ses partisans, a donc réussi son pari d'un deuxième mandat à la tête du gouvernement de coalition au Maroc. Cela lui permettra de «continuer la réforme», comme il l'a promis au cours de sa campagne. Dès vendredi soir, le Premier ministre Benkirane, également secrétaire général du PJD, avait salué «un jour de joie et d'allégresse pour les Marocains». En 2011, le PJD avait déjà remporté une victoire considérée comme historique, quelques mois après la révision constitutionnelle menée par Mohammed VI, notamment pour calmer le «mouvement du 20 février», survenu dans le sillage du Printemps arabe. Le référendum avait recueilli l'unanimité des électeurs en faveur de la révision. Mais l'euphorie passée, la vie politique marocaine ne semble pas avoir évoluée. Cinq ans après son arrivée au pouvoir, en 2011, le PJD a réussi à rempiler à la tête du gouvernement. Il avait mis en avant cinq années de «stabilité» à la tête du pays et une image de parti incorruptible et proche du peuple. Les résultats du scrutin confirment surtout l'émergence d'un bipartisme dans la vie politique marocaine. Celui du duel entre le PJD et le PAM, parti créé en 2008 par un proche conseiller du roi Mohammed VI, Fouad Ali El Himma, connu comme étant une personnalité extrêmement influente au sein du cabinet royal. Les deux formations politiques totaliseraient près de 240 sièges sur 395 à la chambre des représentants. Ces résultats achèvent une campagne électorale marquée également par de sérieuses interrogations sur l'orientation politique future du royaume. Le bipartisme nouveau occulte en revanche les autres formations, dont certaines historiques, comme l'Istiqlal ou l'Union socialiste des forces populaires Usfp (14 sièges). Comme le veut la nouvelle Constitution de 2011, le roi nommera dans les prochaines semaines le chef du gouvernement, issu du parti arrivé en tête des élections. M. B./Agences