Ces résultats confortent la thèse de la polarisation de la scène politique marocaine, avec le duo PJD-PAM qui totalise 227 sièges sur les 395 mis en jeu à l'Assemblée nationale. Ayant surpris tout le monde en remportant les élections législatives de 2011, les islamistes du PJD ont renouvelé leur exploit dimanche en remportant cette fois-ci 125 sièges sur les 395 que compte l'Assemblée marocaine. Le succès acquis cinq années plus tôt par le mouvement islamiste n'était donc pas un feu de paille, comme le laissaient croire ses adversaires politiques. La formation politique de Abdelilah Benkirane était arrivée largement en tête des résultats provisoires annoncés la veille au soir, portant sur les listes locales (soit 90% des bulletins), avec la quasi-certitude de remporter les élections. Le PJD est venu à bout du parti de l'authenticité et de la modernité (MAP) que d'aucuns surnomment le "parti du roi" au Maroc, même si ce dernier a plus que doublé son score de 2011. Il compte désormais 102 sièges contre 47 précédemment, selon ce qu'a annoncé hier le ministère marocain de l'Intérieur. Le PJD, "parti de la lampe" comme l'appellent ses partisans, aura gagné son pari d'un deuxième mandat à la tête du gouvernement de coalition pour poursuivre "la réforme", comme le promettait Abdelilah Benkirane au cours de sa campagne électorale, qui s'est avérée efficace et bien organisée. Sûr de lui, le chef du gouvernement marocain avait salué dès vendredi soir "un jour de joie et d'allégresse pour les Marocains". "Malgré les manigances de certains, le peuple a voté en masse pour le parti. (...) Nos résultats sont excellents", s'est-il félicité. En fin d'après-midi, le PJD avait demandé "l'intervention urgente" du ministère de l'Intérieur pour faire cesser les "abus" par des fonctionnaires de ce même ministère qui ont, selon lui, entaché le scrutin et visaient à favoriser le PAM. Mohammed Hassad a rejeté ses critiques et salué le "bon déroulement" de ce scrutin "transparent", qui s'est tenu conformément aux "directives de neutralité" du roi Mohammed VI. Les grands perdants de ce scrutin sont l'Istiqlal, le parti historique de la lutte pour l'indépendance, et le Rassemblement national des indépendants (RNI), qui arrivent respectivement en troisième et quatrième positions avec 45 et 37 députés. Huit autres partis se partagent le reste des sièges, dont la Fédération de la gauche démocratique (FGD), qui obtient deux sièges. Ces résultats confortent la thèse de la polarisation de la scène politique marocaine, avec le duo PJD-PAM qui totalise 227 sièges sur les 395 mis en jeu à l'Assemblée nationale. À signaler que le taux de participation s'est élevé à 43%, soit plus de 6 millions de votants (sur une population de 34 millions) selon les chiffres communiqués dans la nuit de vendredi à samedi par le ministre marocain de l'Intérieur, Mohammed Hassad. Du fait que le PJD et le PAM aient exclu à l'avance toute possibilité d'alliance commune dans un futur gouvernement, Abdelilah Benkirane devra donc nouer plusieurs alliances pour former le prochain gouvernement, comme ce fut le cas déjà pour former sa majorité actuelle, qui regroupe des communistes, des libéraux et des conservateurs. Merzak Tigrine