En plus de son travail de recherche sur la méthodologie d'enseignement de tamazight, Saïd Boulifa s'est investi dans la littérature à travers l'élaboration d'un recueil de poésies kabyles, précédé d'une étude sur la femme kabyle et d'une notice sur le chant de la région paru en 1904 Un vibrant hommage a été rendu à l'auteur, historien et pédagogue de la langue amazigh Saïd Boulifa, lundi dernier, à la Maison de la culture, Mouloud-Mammeri, à l'occasion d'une journée de commémoration organisée par les associations culturelles Saïd-Boulifa et Issegh de Souama avec la contribution de la direction de la culture. La manifestation était une occasion de revisiter l'œuvre de cet auteur qui était parmi les premiers algériens à élaborer les méthodes d'enseignement de la langue amazighe depuis 1887, a soutenu la directrice de la culture Nabila Goumeziane. Elle a expliqué que «l'œuvre de Si Amer Ou Saïd Boulifa est à la fois un regard expansif et un témoignage interne sur la société algérienne et nord africaine durant les 19e et 20e siècles. Il a mené plusieurs recherches dans différentes disciplines à l'instar de la linguistique et la littérature berbère, l'archéologie, la sociologie et l'histoire». Elle a cependant, regretté le fait que cet homme soit méconnu des nouvelles générations, précisant que la commémoration a pour principal objectif «d'informer les jeunes sur la valeur de son travail de recherche et transmettre ses idées à ceux qui devront prendre le flambeau pour assurer l'épanouissement de tamazight tout en préservant les acquis actuels». Une exposition portant sur l'œuvre et le parcours de l'enfant d'Adni dans la région de Larbaâ Nath Iraten a été organisée par les deux associations initiatrices de l'évènement au niveau du hall des expositions de l'établissement. Un cours magistral intitulé «La méthodologie pédagogique de Saïd Boulifa dans l'enseignement de tamazight», a été, par ailleurs, présenté par Saïd Chemakh et Ali Bekhti, enseignants au département de langue et culture amazighes de l'université Mouloud- Mammeri. Said Chemakh a retracé la méthode employée par ce répétiteur de l'école normale de Bouzaréah depuis 1890 et professeur de berbère à la faculté des lettres à Alger depuis 1901 à travers ses deux manuscrits Une première année de langue kabyle (dialecte zouaoua) et Méthode de la langue kabyle (cours de deuxième année). Selon lui, Boulifa avait émis les règles de l'enseignement tout en développant les différents aspects de la société de l'époque, notamment l'histoire, l'agriculture, l'organisation sociale, le dialogue infantile et l'écriture d'une lettre ou d'un courrier administratif, entre autres. Ali Bekhti a axé son intervention sur la pédagogie du projet employé déjà au 19e siècle par Boulifa. Il a expliqué que cette méthode de travail permet d'encourager l'esprit d'échange, de solidarité et de partage à travers des projets de recherche réalisés en groupe en dehors de l'école. Des membres de la famille, comme Djaffar Boulifa, ont évoqué, quant à eux, un homme qui a consacré toute sa vie à la recherche, à la lecture et l'écriture. Né en 1861, le petit orphelin du village Adni avait la chance d'être inscrit par son oncle maternel à la première école ouverte dans la région de Larbaâ Nath Iraten en 1875. Ses ambitions ont grandi lorsqu'il a quitté la Kabylie pour s'installer à Alger où il a accompli un stage de formation à l'école normale de Bouzaréah dans laquelle il devient instituteur par la suite. Boulifa est décédé le 8 juin 1931 à l'hôpital Mustapha-Bacha d'Alger et a été inhumé au cimetière de Bab El Oued. En plus de son travail de recherche sur la méthodologie d'enseignement de tamazight, Si Amer Ou Saïd Boulifa s'est investi dans la littérature à travers l'élaboration d'un recueil de poésies kabyles, précédé d'une étude sur la femme kabyle et d'une notice sur le chant de la région paru en 1904. Il est également connu pour ses œuvres en archéologie, notamment l'inscription d'Ifigha publié dans Revue archéologique en 1909 et Nouveaux documents archéologiques découverts dans le Haut-Sébaou paru dans Revue Africaine en 1911, en plus de Nouvelles missions archéologiques en Kabylie qui date de 1912. En histoire, l'auteur avait publié une série d'études dans des revues et des bulletins d'information, à l'image de Mémoires sur l'enseignement des indigènes en Algérie et Le Djudjura à travers l'histoire depuis l'antiquité jusqu'en 1830. S. B./APS