L'éthique et le professionnalisme interdisent à tout athlète qui se respecte de s'ingérer dans les choix tactiques et humains de son entraîneur. Toute contestation - aussi minime soit-elle - dans ce registre, où la responsabilité et le rôle de tout un chacun sont très clairement définis, est assimilée à de l'insubordination, de l'indiscipline, voire de la rébellion. Cela constitue, évidemment, une grave infraction qui expose son auteur aux sanctions les plus fermes. Un sportif bien élevé s'empêche de commettre une telle grossièreté, souvent synonyme d'immaturité et déficience morale. L'attitude, ouvertement factieuse et destructrice, de certains joueurs expatriés de l'équipe nationale de football, lors de la première journée des qualifications au Mondial de Russie 2018 face aux Lions indomptables du Cameroun, est à ce propos hautement répréhensible. Se voyant non titularisés d'entrée de jeu, ces pseudos cadres de l'équipe - en baisse dramatique de régime et qui ne jouent plus au sein de leurs clubs respectifs - ont créé une grave dissension au sein du groupe. Soutenu par certains membres de l'entourage de l'équipe, ces «mal élevés», qu'on prenait pour de vrais pros, se sont comportés en vulgaires délinquants à l'endroit de leur instructeur en chef. Certains de leurs camarades titularisés sont aussi soupçonnés d'avoir «levé» le pied sur le terrain pour concéder un catastrophique match nul à domicile face un sérieux concurrent. C'est ce qu'on appelle de la trahison ! Le désormais, ex-sélectionneur national, s'en est plaint, à l'issue de la partie, au président de la FAF. Ce dernier aurait refusé de cautionner la moindre punition à l'endroit des fautifs, en soutenant du bout des lèvres le technicien. Milovan Rajevac, ne voulant rien lâcher de ses prérogatives, a été ainsi acculé à la démission. En raison de son étrange clémence - lui qui a l'habitude de taper fort quant il s'agit de joueurs locaux - Mohamed Raouraoua est soupçonné de «connivence» dans le limogeage à peine masqué du technicien serbe qui, par son retrait volontaire, a donné une grande leçon de droiture et de fair-play à tout ce petit monde. Tous les passionnés du ballon rond en Algérie, au-delà de ses compétences et de ses insuffisances, sont solidaires avec lui. Nul n'est dupe, le football algérien est gangrené par un tas fléaux. Nos clubs sont dirigés par des gens douteux. Beaucoup d'argent y circule dans l'opacité absolue. La formation a été partout abandonnée. Des pressions intolérables sont exercées sur les rares équipes qui forment encore de jeunes joueurs. L'exemple du Paradou Club d'Hydra (PAC-L2) en est une parfaite illustration. La violence et le dopage achèvent le reste. Toutefois, les Algériens avaient une haute considération de leur équipe nationale. Et, ce triste épisode de Milovan Rajevac a sérieusement terni son blason. Désormais, tout le monde constate que la conduite de la première sélection nationale, comme dans les pays attardés, échoit à une bande de joueurs et de parasites qui gravitent autour. Les règlements pompeux de la FAF, qui sont censés réguler les rapports au sein du groupe et garantir sa bonne gestion, ne valent presque rien. Le diktat des joueurs expatriés et de leurs puissants managers y est beaucoup plus fort que l'autorité «usurpée» de la première instance du football algérien. Il est, certes, regrettable de le dire, mais c'est la triste réalité. On parle de sept joueurs qui auraient exercé un honteux chantage pour débarquer le technicien serbe qui aurait fermement refusé qu'on lui marche sur les pieds. Auparavant, même si rien n'allait dans le sens souhaité, on se contentait d'évoquer les victoires des Verts pour indiquer le bon chemin. Cette hypothétique «boussole» s'est aussi brisée au grand jour. On n'a plus aucun repère. Les responsables du football algériens, à commencer par la FAF, ont des comptes à rendre. La morale sportive les interpelle. K. A.