Secrétaire général très controversé du vieux parti, Amar Saâdani devenu, depuis sa nomination en août 2013 à la tête du FLN, l'une des pièces maîtresses du système, vient d'annoncer sa démission. Secrétaire général très controversé du vieux parti, Amar Saâdani devenu, depuis sa nomination en août 2013 à la tête du FLN, l'une des pièces maîtresses du système, vient d'annoncer sa démission. Une démission pour le moins inattendue puisque l'homme qui a toujours déclaré «ne reculer devant rien», affichait, il y a quelques jours encore, sa détermination à faire face à ses détracteurs en assurant une grande victoire au Front lors des prochaines législatives. Voilà qu'il s'est présenté hier aux travaux du comité central pour annoncer sa démission : «J'insiste sur ma démission (...) sur laquelle je ne reviendrai pas.» Sans donner les raisons de son départ, Saâdani se suffit de demander à ses militants de respecter son choix pour «le bien de la patrie et du parti». Pourquoi Amar Saâdani a-t-il décidé de quitter son poste de secrétaire général du FLN maintenant ? A-t-il été forcé à le faire ? Tout porte à le croire après sa fracassante sortie au début du mois. Faut-il rappeler qu'Amar Saâdani a proféré, dans un discours incendiaire, de graves accusations contre l'ancien patron des services de renseignement, le général Toufik, et l'ancien chef de gouvernement, Abdelaziz Belkhadem. «Il est à la tête des anciens officiers de la France», a lancé le 5 octobre dernier, dans une conférence de presse, l'ex-patron du FLN à propos du général Mediène, dit Toufik. Saâdani a accusé les anciens officiers de l'armée française, à leur tête le général Toufik, de mener une campagne contre le FLN après avoir, durant les années 90, «emprisonné les cadres et affamé le peuple». Dans le pays, il y a «des officiers de la France, des ‘'moudjahidine'' de la France et des intellectuels de la France», a dit Saâdani. Il a également accusé le général Toufik d'être derrière les événements de Ghardaïa. Abdelaziz Belkhadem, l'ancien secrétaire général du FLN, a également eu droit aux invectives. Saâdani l'a carrément accusé d'être un militant de la France. «Il a utilisé l'islam à des fins politiques, usé de la chkara lorsqu'il était au pouvoir. Il prétend aujourd'hui recevoir des instructions de la présidence, ce qui est faux», a-t-il déclaré. «Visitez son village, vous vous rendrez compte que sa famille n'a rien à voir avec la révolution algérienne», a-t-il ajouté. Ce qui a provoqué une montée de colère dans la région. Il est vrai que ce n'est pas la première fois que Saâdani s'attaque au général Toufik ou à d'autres personnalités. Mais cette fois-ci, il semblerait qu'il a dépassé les lignes rouges en s'attaquant, en la personne du général Toufik, à toute l'institution mais surtout en mettant en danger la stabilité de l'Etat. Les accusations portées par Amar Saâdani sont graves et peuvent être lourdes de conséquences comme par le passé. D'ailleurs Ahmed Ouyahia, l'actuel patron du RND qui avait saisi la gravité des déclarations faites par Saâdani, n'a pas manqué de répliquer : «Bouteflika fut un officier de l'Armée de libération nationale. Ministre des Affaires étrangères, il a collaboré avec d'anciens officiers de la France. Et c'est avec ces officiers que feu Houari Boumediène avait bâti une armée forte.» Est-ce donc le vent des DAF (déserteurs de l'armée française) qui a emporté Amar Saâdani ? Fort possible. Ce qui est certain, c'est que l'homme «protégé» a été «lâché» et «sacrifié» pour l'intérêt suprême. Le citoyen anodin a compris que Saâdani a été «protégé» pendant une période sinon comment pouvait-il se permettre autant d'égarement dans ses déclarations. D'ailleurs, son redoutable adversaire au sein du FLN l'a laissé entendre dernièrement dans un entretien publié par un confrère. L'ancien coordinateur du FLN, Abderrahmane Belayat, a fait comprendre qu'Amar Saâdani n'est qu'un pantin aux mains d'un puissant tapi dans l'ombre. Ceci expliquerait donc la campagne médiatique violente qu'il a menée contre le général Toufik bien avant son départ à la retraite en l'accusant d'avoir failli sur l'affaire Tiguentourine. Même le directeur de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, n'a pas été épargné par les foudres de Saâdani, qui l'a accusé d'avoir trahi la confiance du Président. C'est Amar Saâdani aussi qui a été le premier à défendre l'ex-ministre Chakib Khelil, inculpé dans un scandale de corruption et sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Il a été le premier à annoncer son retour au pays. Amar Saâdani s'est attaqué à certains responsables qui ont été vite remerciés après ses déclarations. Il annonçait aussi les remaniements gouvernementaux en primeur et des mois à l'avance. Ce qui a fait d'Amar Saâdani un homme fort et une pièce maîtresse du système. Mais le vent a tourné et le glas a sonné. Amar Saâdani a été obligé d'annoncer sa démission, une fois qu'on lui a signifié sa fin de mission. H. Y.