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Qu'attendre de la COP22 après l'entrée en vigueur de l'accord de Paris ?
Climat
Publié dans La Tribune le 06 - 11 - 2016

L'accord issu de la COP21, qui entre en vigueur ce 4 novembre, n'a fait qu'effleurer certains sujets pourtant au cœur des transitions climatique, écologique et démographique des prochaines décennies. En mettant l'accent sur les enjeux du continent africain, la COP22 qui s'ouvre le 7 novembre à Marrakech devrait au contraire y consacrer une place de premier plan.
L'accord issu de la COP21, qui entre en vigueur ce 4 novembre, n'a fait qu'effleurer certains sujets pourtant au cœur des transitions climatique, écologique et démographique des prochaines décennies. En mettant l'accent sur les enjeux du continent africain, la COP22 qui s'ouvre le 7 novembre à Marrakech devrait au contraire y consacrer une place de premier plan.
Elle ne fera peut-être pas autant de bruit que la COP21 de décembre 2015. Mais la COP22 va néanmoins s'ouvrir à Marrakech le 7 novembre sous les meilleurs auspices. L'Accord de Paris aura en effet dépassé les attentes les plus optimistes, en entrant en vigueur dès ce 4 novembre, moins d'un an après son adoption. Soit un délai de sept ans plus court que son prédécesseur le protocole de Kyoto, dont il doit prendre la suite à compter de 2020.
Ce record est à mettre en partie au crédit de Ségolène Royal. La ministre française de l'Environnement et actuelle présidente de la COP21 est parvenue à convaincre ses confrères européens qu'il était possible de ratifier l'Accord sans avoir statué au préalable sur la répartition des efforts entre les Etats membres. En outre, pour la première fois de son histoire, le 4 octobre dernier, l'Union européenne a ratifié un texte avant que l'ensemble de ses membres ne l'ait fait auparavant. Avec sa part de 12,1% des émissions mondiales, l'Europe a permis de franchir haut la main les seuils de 55 pays et 55% des émissions mondiales nécessaires pour que l'Accord entre en vigueur.
Le plus dur reste à faire
Ce tour de passe-passe juridique doit permettre au Vieux Continent de ne pas se laisser distancer dans le domaine de la lutte contre le changement climatique où son auréole de pionnier est de plus en plus pâlissante. Mais sur un plan aussi bien mathématique que symbolique et politique, l'annonce conjointe de la Chine et des Etats-Unis (42% des émissions mondiales à eux deux) promettant une ratification imminente de l'Accord, intervenue auparavant en amont du dernier G20 de Hangzhou en septembre dernier, est d'une tout autre portée. Surtout si l'on se rappelle que les Etats-Unis, après l'avoir signé, n'avaient jamais ratifié le protocole de Kyoto, et que la Chine, à l'époque considérée comme un pays en développement, n'était pas concernée.
Mais, si l'Accord de Paris est entré en vigueur plus tôt que prévu, le plus dur reste à faire. En termes de modalités, la transparence sur les engagements pris en amont de la COP21, les fameuses Indc (intended nationally determined contributions), devenus des engagements en bonne et due forme par le biais de la ratification, ainsi que les règles de mesure et vérification, demandent encore à être précisées. Surtout, l'addition de ces NDC ne met malheureusement pas la planète sur la voie des 2°C maximums de hausse des températures, mais bien plutôt d'environ 3,5°C. Reste donc à clarifier le calendrier des révisions qui s'imposent pour revenir sur les rails des 2°C.
Une année marquée par des avancées dans l'énergie et la finance
En parallèle du parcours juridique de l'Accord, en un an, certains aspects de l'économie réelle ont évolué de façon significative. Le secteur des énergies renouvelables en particulier, en forte progression depuis dix ans, semble avoir atteint au cours des derniers mois un point de bascule. Tant et si bien qu'au regard des politiques incitatives adoptées dans plusieurs pays clés (Etats-Unis, Chine, Inde...) et de la baisse continue des coûts, l'Agence internationale de l'énergie elle-même, plutôt connue pour ses positions conservatrices, vient de réviser à la hausse ses prévisions à cinq ans pour le solaire et l'éolien.
Pour la première fois en 2015, les 153 GW de renouvelables additionnelles de 2015 ont représenté plus de la moitié des nouvelles capacités de production installées dans l'année ; et, en cumul, les renouvelables (hydroélectricité incluse) pèsent plus que les centrales à charbon. Plusieurs appels d'offres ont été remportés ces derniers mois grâce à des prix encore inimaginables il y a seulement un an ou deux, flirtant avec les 30 dollars le mégawattheure, inférieurs donc à ceux du charbon.
L'argent, nerf de l'environnement
Sur le plan du financement, qui sera à n'en pas douter un des sujets phares de la COP22, des avancées ont été constatées. Côté financements publics, un nouveau rapport de l'Ocde évalue à 67 milliards de dollars par an les promesses faites par les pays développés en 2015, alors qu'elles ne représentaient en 2013/2014 que 42 milliards de dollars. L'effet de levier sur les fonds privés pourrait gonfler l'enveloppe globale entre 77 et 133 milliards par an en 2020. Mais on reste encore en deçà de la promesse faite en 2009 par les pays du nord à ceux du sud, de débloquer un montant global de 100 milliards de dollars (91 milliards d'euros) par an pour les accompagner dans leur transition écologique vers une économie bas carbone.
Or, «les pays vulnérables n'attendent plus d'annonces, mais des allocations !» aime à répéter Hakima El Haite. Au-delà de la somme globale, c'est la répartition des fonds entre projets d'atténuation et efforts d'adaptation au changement climatique qui pose question. Or, l'adaptation, à laquelle sont aujourd'hui consacrés quelque 16% des fonds mobilisés, ne représenterait que 20% du total (soit 20 milliards) à l'horizon 2020, alors que l'ONU estime son coût entre 140 et 300 milliards de dollars d'ici à 2030. La mobilisation du secteur privé, qui a beaucoup progressé depuis deux ans, sera donc essentielle.
Dans ces conditions, que peut-on attendre de la COP22 ? Pas simple de succéder au grand raout de la COP21, auréolée de succès pour être parvenu à accoucher d'un successeur au protocole de Kyoto, en embarquant tous les Etats membres de l'ONU. Pour autant, la ministre marocaine de l'Environnement Hakima El Haite n'en espère pas moins «une grande annonce par jour» à compter du 8 novembre. Et de marteler son motto : «La COP21 c'était la COP de l'engagement, la COP22 c'est la COP de l'action». D'où l'accent mis sur l'identification des 100 milliards, seule garantie aux yeux du pays hôte de la mise en œuvre des engagements pris à Paris. Marrakech, c'est aussi une COP des pays émergents, dont le Maroc entend bien se faire le héraut. Ce qui signifie, une COP de l'adaptation, qui concerne avant tout les pays les moins développés, et se finance plus difficilement que l'atténuation, faute de modèle économique séduisant.
Urbanisation, énergie, eau et agriculture au menu
Et c'est, enfin, une COP africaine. Au-delà de l'évidence géographique, cela a de multiples implications. En effet, le continent, qui recèle les plus grandes promesses de croissance, concentre par ailleurs les principaux enjeux de la transition qui s'impose pour maintenir sous la barre des 2°C la hausse des températures, comme il en a été décidé collectivement à Paris en décembre dernier. Les enjeux énergétiques, l'urbanisation galopante et la nécessité d'un urbanisme raisonné, l'accès à l'eau ou encore l'agriculture sont autant de sujets aussi essentiels au développement de l'Afrique qu'étroitement liés aux défis climatiques.
De 14% en 1950, le taux d'urbanisation est passé aujourd'hui à 40%. C'est une progression deux fois plus rapide que celle qu'a connue l'Europe. On attend ainsi 187 millions d'urbains supplémentaires dans les 10 prochaines années, une population qui devrait atteindre un milliard de personnes à l'horizon 2045, et dépasser celle des villes chinoises. Or, si ces villes devaient tirer la croissance africaine des prochaines décennies, les citadins les plus pauvres constituent aussi la population la plus exposée aux conséquences du changement climatique.
En outre, la moitié des villes africaines de 1 à 5 millions d'habitants sont situées dans des zones côtières basses, susceptibles d'être inondées en raison de la montée des eaux qui devrait accompagner le réchauffement climatique.
Nouveaux besoins et nouvelles technologies
Concernant l'énergie, les besoins africains sont immenses. 160 000 MW (l'équivalent de l'Allemagne) sont aujourd'hui raccordés au réseau, dont les deux-tiers en Afrique du Nord et en Afrique du Sud. Le reste ne compte que 53 000 MW, soit l'équivalent du Portugal. Dans l'Afrique subsaharienne, plus de 620 millions de personnes n'ont pas accès à l'électricité. Et encore cette estimation ne tient-elle pas compte de l'accessibilité économique ni de la fiabilité des réseaux.
Au-delà du potentiel de développement, l'Afrique sera aussi un formidable terrain de test de nouvelles technologies et de nouveaux modèles. Ajoutée à l'abondance de la ressource, notamment solaire, la chute des coûts des énergies renouvelables en font en effet la solution la plus compétitive pour les populations éloignées du réseau. De nouveaux modes de paiement fondés sur le money banking autorisent des formules «pay as you go» accessibles y compris aux plus démunis.
Quant au sujet de l'eau, s'il a fait l'objet de plusieurs initiatives dédiées, il a été peu traité à Paris, alors même que l'eau est à la fois la ressource la plus directement affectée par le changement climatique et un parfait indicateur de ce changement. La situation est particulièrement tendue dans les pays (notamment en Afrique) qui connaissent un stress hydrique encore accentué par l'urbanisation et la croissance démographique. Or les enjeux sont multiples, qu'il s'agisse d'alimentation, de santé, d'économie, voire de risques de conflits et d'immigration.
Enfin, dernier thème essentiel au développement de l'Afrique et étroitement imbriqué au climat : l'agriculture et l'usage des sols. Au niveau mondial, cette activité absorbe 70% de l'eau de pluie, émet 24% des gaz à effet de serre et génère 70% de la déforestation. Sous l'effet du changement climatique, les rendements de certaines cultures pourraient connaître une baisse de 20%. A l'échelle planétaire et en Afrique tout particulièrement, il s'agit donc de trouver des moyens de limiter l'impact de l'agriculture sur l'environnement et le climat, tout en nourrissant une population en forte croissance. C'est tout l'enjeu de l'initiative Adaptation Agriculture Afrique (AAA) lancée par le Maroc en mai dernier et adoptée par plusieurs pays le 30 septembre à Marrakech.
D. P.
In latribune.fr


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