C'est après deux décennies de réunions multipartites de haut niveau sur le climat et la création du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) en 1988, que le sommet de la Terre en 1992 à Rio a décidé d'instituer le cadre des CoP. Finalement l'Algérie a attendu la réunion des conditions de la ratification de l'Accord de Paris (plus de 50 pays totalisant un cumul d'émissions de plus de 55%) pour procéder elle-même à sa ratification. En effet, c'est chose faite depuis la signature d'un décret présidentiel le jeudi 13 octobre 2016 par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. Il est donc acquis qu'elle sera membre à part entière (les pays qui n'ont pas encore ratifié l'Accord ont le statut d'observateurs) de la conférence de suivi de l'Accord dont la première réunion se tiendra demain, à la veille de l'ouverture de la CoP22, le 7 novembre à Marrakech. Les rendez-vous déterminants depuis Rio92 Il y a peu de conférences de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) qui ont marqué l'histoire des négociations climatiques. Il faut rappeler que c'est après deux décennies de réunions multipartites de haut niveau sur le climat et la création du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) en 1988, le Sommet de la Terre en 1992 à Rio a décidé d'instituer le cadre des CoP. La première s'est tenue à Berlin en 1995. C'est la troisième (CoP3) à Kyoto, au Japon, en 1997 qui sera marquée par l'adoption du premier protocole contraignant sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre (GES). Il consiste à abaisser les émissions de 5,2% à l'horizon 2010 relativement aux émissions de 1990. Il aura fallu attendre 5 ans pour mettre en œuvre ce protocole qui sera officiellement ratifié en 2005 lors de la COP11 à Montréal. Le protocole de Kyoto ne sera ratifié ni par les Etats-Unis ni par la Chine, les deux principaux émetteurs. C'est notamment à Doha lors de la CoP18 qu'une seconde période d'engagement du protocole de Kyoto a été décidé jusqu'en 2020 (prolongement de Kyoto). La peur des négociateurs de ne pas réussir à trouver un nouvel accord contraignant qui puisse toucher tous les pays, en particulier les plus émetteurs a été largement vérifiée lors de la CoP15 de Copenhague, en 2012. C'est la CoP de la grande déception tant les attentes étaient énormes. Il faut tout de même retenir que c'est à Copenhague que les parties ont convenu que s'il fallait endiguer le réchauffement climatique, il y a lieu de ne pas franchir une augmentation de plus de +2°C par rapport au début de l'ère industrielle. Marrakech sera-elle la CoP de l'action pour l'Afrique ? C'est l'accord de Paris qui a marqué un tournant historique dans l'engagement des Etats pour lutter contre le réchauffement climatique et répondre aux objectifs de limitation des émissions de GES en deçà de 2 degrés. Mais cela nécessite des investissements importants. La Banque mondiale estime que les pays en développement auront besoin de près de 100 milliard $ par an sur les 40 prochaines années. Avec 15% de la population mondiale et 20% de la superficie de la terre, l'Afrique n'émet que 4% des émissions globales de GES. Pourtant c'est le continent le plus vulnérable vu sa dépendance des ressources naturelles et les coûts projetés, à l'horizon 2030, de l'adaptation aux changements climatiques amputeraient son Produit intérieur brut (PIB) de 3%. Il est attendu de la CoP de Marrakech qu'elle soit c'elle de l'"action". La condition est simple, il faut concrétiser les promesses de financements dédiés aux changements climatiques et adopter (trouver) une architecture qui permette un véritable transfert Nord-Sud en termes de ressources et de technologies. C'est l'enjeu de cette CoP. Dans cette optique, Casablanca Finance City (CFC) qui ambitionne de constituer un hub financier tourné vers l'Afrique, organise le 4 novembre, la 3e édition du Climate Finance Day. La première édition de a vu le jour à New York en 2014 (Climate Summit) et la deuxième s'est tenue à Paris en mai 2015 dans le sillage de la CoP21. Plusieurs banques s'impliqueront dans l'organisation notamment la Banque africaine de développement, la Banque européenne d'investissement, la Banque mondiale, l'UNPRI (Principes pour l'investissement responsable des Nations unies)...Pour Pour Lamia Marzouki, DG adjointe de CFC, interrogée par Huffpost Maroc (m.huffpost.com), il s'agira "de poursuivre l'engagement des acteurs financiers privés en faveur du climat à travers deux objectifs principaux. D'une part, la conférence permettra d'étendre la finance climat à travers le monde et l'Afrique en particulier. D'autre part, ce rendez-vous ambitionne de rendre tangible et opérationnel la mobilisation des acteurs financiers en faveur du climat...La conférence proposera également un focus sur la question du financement vert dans les secteurs de l'énergie et l'usage durable des terres dans l'agriculture". Le but est "de présenter à la fin de ses travaux des recommandations pragmatiques contribuant au financement de l'agenda climatique international". Un vœu partagé par tous. R. S.