La bureaucratie continue toujours à bloquer et compromettre des centaines de projets, pour ne pas dire des milliers, économiquement viables. Comment lever cette entrave au plus vite ? C'est une question qui a fait le tour de table d'un atelier consacré aux rôles des collectivités locales pour développer l'investissement organisé en marge de la rencontre gouvernement-walis qui s'est tenue les 5 et 6 novembre à Alger. Tous les intervenants à l'atelier consacré au foncier industriel ne se sont pas fait prier pour faire le déballage du nombre de problèmes qu'ils rencontrent à leur niveau pour tenter de rendre l'acte d'investir à la portée des porteurs de projets. «Malheureusement, et en dépit de toutes les louables initiatives décidées par le gouvernement depuis quelques mois, nous faisons encore face aux séquelles de la centralisation des pouvoirs de décision», ont souligné à l'unanimité des responsables locaux. Devant une telle entrave certains des intervenants ont lancé au modérateur de l'atelier que si l'ont veut passer à une vitesse supérieure dans l'acte d'investir notamment dans les régions où les opportunités existent à profusion il va falloir que la décentralisation et la simplification des décisions et autorisations administrative liées à l'investissement deviennent une réalité palpable au niveau des collectivités et non pas «de la pure théorie qui n'arrive pas à se transformer en pratique», a lancé un responsable de l'investissement dans la wilaya d'El Oued. Un autre et non moins très au fait de ce qui retourne de l'investissement dans sa wilaya de Médéa, n'est pas allé par trente six chemins pour faire remarquer à la presse venue couvrir l'événement que les investisseurs privés se voient vite décourager devant la lenteur administrative. Devant un tel état des lieux, il suggère «il faut identifier au menu détail toutes les entraves si l'on veut savoir ce qu'il faut faire pour résoudre la masse critique qui bloquent l'investissement dans les wilayas». Cela dit, il faut croire, si l'on tient compte des constats de terrain révélés lors de cet atelier, qu'un fossé existe toujours entre l'amont décisionnel et l'aval, c'est-à-dire au niveau des collectivités locales. Pourtant, il est vrai que depuis deux ou trois ans, les pouvoirs publics ont pris une série d'initiatives visant à faciliter l'acte d'investir mais il n'en demeure pas moins que la réalité bureaucratique continue toujours à bloquer et compromettre des milliers de projet économiquement viables. Le défi, aujourd'hui, «avant qu'il ne soit trop tard, est de faciliter la tâche aux investisseurs», soutiennent des économistes nationaux et de faire remarquer «il faut que nos décideurs changent de mentalité envers les investisseurs privés c'est-à-dire de ne plus les considérer comme uniquement des prédateurs mais plutôt des créateurs de richesses et de postes d'emplois». On notera que lors de cet atelier, il a été recommandé au chapitre des propositions, une réduction des délais d'études des dossiers et de réponses des administrations et le maintien de l'autorisation préalable du conseil national d'investissement que pour les projets stratégiques touchant à l'énergie, la santé publique, l'éducation, la gestion de l'eau, etc. Toujours au chapitre des propositions, il a été avancé lors de l'atelier qu'il faudrait envisager de créer une commission nationale de haut niveau qui déterminerait une stratégie exceptionnelle d'investissements en fonction des spécificités locales et régionales. «Cela va nécessiter une augmentation de la disponibilité du foncier industriel», a recommandé un intervenant. Chose qui, semble-t-il, est en train de se concrétiser sur le terrain puisque le ministère de l'Industrie et des Mines s'attèle depuis des mois à créer de nouvelles zones industrielles. En effet, et selon le ministre du secteur, Abdessalem Bouchouareb, les travaux de réalisation de 50 parcs industriels destinés à l'investissement seront lancés avant la fin du 1er trimestre 2017. Intervenant lors de la réunion gouvernement-walis, le ministre a indiqué que ces 50 parcs industriels seraient répartis à travers 39 wilayas sur une superficie globale de 12 000 hectares. Il a assuré que son secteur allait poursuivre le programme de réhabilitation des zones industrielles et des zones d'activités existantes, indiquant à cet effet que 167 opérations avaient été engagées pour un montant global de près de 20 milliards de dinars, et dont 161 opérations, réparties sur toutes les wilayas, avaient été achevées. En outre, il a fait savoir qu'un dispositif simplifié de traitement des demandes de foncier sur la base d'une grille d'évaluation, élaborée sur des critères économiques, avait été mis à la disposition des wilayas, en plus de la facilitation du financement du coût d'accès à travers la concession et le dispositif d'abattement des redevances, selon les régions. Toutefois, on peut se demander si l'ensemble de ces actions vont se concrétiser sur le terrain. C'est pourtant tout à fait indiqué dans la mesure où selon les économistes le principal moteur de croissance est l'investissement. Pour ces derniers, l'Etat et ses institutions sont donc appelés à investir dans ce moteur de croissance. Pour ce faire il va falloir que les pouvoirs publics libèrent l'acte d'entreprendre, décentralisent et simplifient massivement des décisions administratives, modernisent le système financier, en particulier bancaire. En définitive, le défi pour l'Algérie d'aujourd'hui est de dynamiser le marché de l'investissement et de la production, ce qui demeure tout à fait à la portée pour peu que soit donnée aux collectivités la liberté d'agir dans ce sens. En clair, leur permettre d'accroître leur offre foncière destinée à l'investissement. Z. A.