Photo : Riad La Caisse nationale de mutualité agricole, dont la vocation principale est l'assurance des activités dans ce secteur, avait bénéficié en 1995 d'une dérogation pour exercer des activités bancaires. Dix ans après, la CNMA Banque était créée. En 2006, elle devient opérationnelle. Deux ans plus tard, sur décision d'un conseil interministériel tenu le 16 août 2008, il est mis fin aux activités bancaires de la CNMA. L'une des raisons qui ont motivé cette décision du gouvernement est liée aux créances accumulées par la CNMA Banque, qui s'élèvent à 17 milliards de dinars, difficilement recouvrables, cette dernière se retrouve avec un actif net négatif de 15 milliards de dinars. On laisse entendre que les crédits ont été alloués à des personnes étrangères au secteur de l'agriculture et aussi pour l'acquisition de voitures mises à la disposition des cadres de cette institution… et d'autres largesses. Faut-il encore souligner que cette décision de mettre fin à l'activité de la CNMA-Banque a eu l'effet d'une onde de choc au sein de la grande famille des gens de la terre. Et d'interpréter cette dissolution comme fatale pour l'agriculture et les agriculteurs étant donné que ladite institution était une mutualité qui avait pour vocation de prêter assistance aux agriculteurs sur le plan financier et, par ailleurs, avait été le seul instrument financier du secteur pendant de longues années. Dès lors, un sentiment d'inquiétude s'est emparé de nombreux exploitants, habitués à solliciter la CNMA pour des crédits nécessaires à leur activité, car craignant que le financement de leur secteur s'assèche. Autre effet boule de neige : la Salem filiale de la CNMA-banque doit aussi disparaître de la scène. Rappelons que cette société était chargée de promouvoir les crédits leasing pour permettre à nos agriculteurs de s'équiper en matériel roulant et fixe. Un produit qu'on disait nécessaire pour le renouvellement du parc matériel en phase d'obsolescence. Pour preuve : le dernier recensement général de l'agriculture a révélé la grande vétusté du parc, 90% de nos moissonneuses-batteuses ont plus de 20 ans. Il en est de même pour les tracteurs dont 50% ont plus de 20 ans d'utilisation. C'est dire qu'il y a un besoin d'équipement que seule la technique du leasing permet de couvrir. Le produit consiste en un achat de matériel en crédit-bail, c'est-à-dire une location qui se transforme en cession à la fin du paiement des mensualités échues. On s'attendait donc à ce que les prestations de la Salem agissent dans le sens du renouvellement du parc. Mais en réalité la Salem s'est plus consacrée à des livraisons de véhicules utilitaires qu'à du matériel agricole. Une dérive qui a eu pour effet de saigner lourdement la CNMA. On peut comprendre pourquoi les pouvoirs publics ont dû mettre fin à cette hémorragie. Rappelons toutefois que, lors d'un conseil interministériel, après évaluation de deux expériences dans la mise place du leasing, la première en 2003 et la seconde en 2006, il avait été admis la nécessité de donner plus de chances à un dispositif de leasing rénové avec des exonérations fiscales incitatives en transférant l'activité à la BADR qui avait vocation d'être une banque spécialisée à l'intention des agriculteurs en Algérie. D'ailleurs, la banque en question «était sur ce registre et cherchait à l'exploiter», ont laissé entendre des cadres de cette institution fiduciaire.