Photo : Riad Par Salah Benreguia Le développement du secteur agricole nécessite beaucoup de moyens, aussi bien humains que financiers. Dans notre pays, qui fait parfois exception, les différents responsables qui se sont succédé au niveau du secteur de l'agriculture ont tenté, chacun à sa manière, de mettre en œuvre une politique pouvant sortir ce secteur du marasme. En effet, le secteur de l'agriculture en Algérie, en dépit des volontés affichées à maintes reprises par le premier magistrat du pays, demeure, à présent, l'otage d'une politique révolue de ses responsables, lesquels ne voulaient pas d'ailleurs lâcher prise, tant le «butin de guerre» se chiffre en milliards. Ainsi, plusieurs scandales ont éclaté ces derniers temps, entre autres, celui de la Générale des concessions agricoles (GCA) qui a fait l'effet d'une bombe à Djelfa. Le préjudice financier causé au Trésor public est de l'ordre de centaines de milliards de dinars. En effet, ces organismes, qui devaient être un outil d'aide au développement de l'agriculture, notamment dans les régions de l'intérieur du pays, se sont transformés en tirelire des barons de l'importation d'équipements agricoles et des bénéficiaires étrangers à ce secteur. Parallèlement, compte tenu de ces scandales, les pouvoirs publics n'ont pas privé les fellahs de moyens financiers pour les aider. Plusieurs méthodes et mécanismes ont été élaborés au bénéfice de ces derniers qui, pour rappel, se plaignaient, comme à l'accoutumée, du manque de moyens, et surtout de l'absence des représentants locaux de l'Etat. Ainsi, «pour la satisfaction des besoins de financement du secteur de l'agriculture», la CNMA a procédé, en 2005, à la création officielle de sa filiale bancaire, sous la forme d'une société par actions, SPA. Celle-ci, a été, en fait, autorisée par le Conseil de la monnaie et du crédit en mars 2005 à pratiquer toutes les activités bancaires, à l'exception des opérations extérieures. Une année après, la CNMA Banque avait lancé ses activités, en 2006. Pour mémoire, en 1995, elle avait bénéficié d'une dérogation pour exercer des activités bancaires. Sa filiale, la Salem, finançait, à travers la formule du leasing, l'acquisition d'équipements agricoles pour le compte des exploitants agricoles. «Auparavant, la CNMA bénéficiait d'une simple dérogation de la Banque d'Algérie, qui lui permettait de pratiquer des opérations de banque pour financer le secteur agricole en accompagnement de ses activités d'assurances, qui constituent sa première vocation», avait déclaré alors Djamel Madani, directeur général de la CNMA-banque. Ainsi, avec la mise en place de sa nouvelle filiale bancaire, la CNMA, qui active déjà dans le leasing du matériel agricole à travers sa filiale Salem, s'est fixée l'objectif de devenir une grande banque de l'agriculture, tout en préservant sa place de leader sur le marché des assurances agricoles. En clair, selon certains responsables, la CNMA-banque comptait «aider les agriculteurs pour l'achat de la semence et réaliser des usines d'emballage pour exporter les produits agricoles». En somme, l'importance d'avoir une banque à vocation agricole a été mise en évidence par plusieurs spécialistes en la matière, compte tenu du besoin énorme des investissements, toujours émis par les agriculteurs, mais surtout du nombre de plus en plus importants des fellahs en Algérie. Du côté bancaire, la création d'une telle banque est considérée comme une «une première expérience» en Algérie. Le délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), Abderahmane Benkhalfa, avait souligné, lors de la création de la CNMA-banque, qu'elle «constitue une première expérience de mutualité bancaire en Algérie, ce pourquoi elle revêt une grande importance». Par ailleurs, l'ambition de doter ce secteur névralgique d'une banque, pour être financièrement au chevet des fellahs, n'a pas duré longtemps. En effet, le gouvernement Ouyahia a décidé de mettre un point final aux activités du crédit de la CNMA, et à celles de la Salem, spécialisée dans le leasing. Ainsi, ces deux banques risquent de perdre purement et simplement leur agrément pour plusieurs raisons, notamment celles ayant trait à la dilapidation des deniers publics (créances et crédits irrécouvrables, gestion laxiste, abus de biens sociaux, etc.).