L'Opep et les onze producteurs non membres ont conclu samedi un accord, le premier du genre depuis une quinzaine d'années, qui stipule la réduction, dès janvier 2017, d'environ 558 000 barils/jour, en vue de rééquilibrer le marché pétrolier, et ce, à l'issue d'une réunion tenue à Vienne en présence de représentants de l'Organisation et de ceux de 12 pays hors-Opep. «Les pays non-Opep participant à la réunion avec l'organisation se sont engagés à réduire environ 558 000 barils/jour, dont 300 000 barils/jour seront réduits par la Russie», a déclaré à la presse Mohamed Salah Al Sada, le président de l'Opep, au terme de la rencontre. Les onze pays concernés par cet engagement sont : l'Azerbaidjan, Brunei, Bahreïn, la Guinée équatoriale, le Kazakhstan, la Malaisie, le Mexique, Oman, la Russie, le Soudan, et le Sud-Soudan. Cet accord intervient après celui conclu le 30 novembre dernier qui porte sur une baisse de la production Opep de 1,2 mbj avec un plafond ramené à 32,5 mbj applicable dès le 1er janvier 2017. Le président de l'Opep a souligné l'impact attendu de cet accord historique, qui constitue un aboutissement de celui d'Alger obtenu fin septembre et qui avait pour but d'arriver à un consensus Opep-non Opep pour enrayer la chute des cours mondiaux du brut. Les onze pays devront procéder à un ajustement de leur production à travers une baisse maitrisée et ce à compter du 1er janvier 2017 pour six mois renouvelables dans le cadre d'un programme accéléré, en tenant compte les conditions actuelles du marché. «Cet accord va conduire à des résultats positifs aussi bien pour les producteurs que pour les consommateurs, mais également pour l'économie mondiale», a souligné M. Al Sada, précisant que le Comité ministériel de suivi de l'accord du 30 novembre se dotera bientôt d'un mode de fonctionnement et de mécanismes pour suivre la mise en œuvre de l'accord. Ce Comité, composé des représentants du Koweït, de l'Algérie et du Venezuela, et deux représentants de pays non-Opep (La Russie et le Sultanat d'Oman) «se réunira dans les jours à venir pour finaliser les modalités de son fonctionnement», a-t-il expliqué. Il a souligné aussi la volonté de l'Opep d'accélérer le rééquilibrage du marché pétrolier vu l'accumulation des surplus de production. Pour sa part, le ministre de l'Energie russe, Alexander Novak, a noté, lors de la conférence de presse, qu'avec l'accord de baisse de la production des non-Opep, le volume retiré du marché représente environ 1,8 mbj, si l'on ajoute les 1,2 mbj retirés par l'Opep dans le cadre de l'accord du 30 novembre dernier, en application de celui d'Alger. Selon lui, il sera possible d'étendre l'accord sur la réduction de la production pétrolière au second semestre 2017, ajoutant que l'accord sur la réduction du volume de production de l'Opep et des producteurs non-Opep est destiné à relancer les investissements et accélérer la stabilisation du marché. «C'est la première fois, que 11 pays non-Opep engagent une action commune avec l'Opep», a relevé le ministre russe. «La Russie n'exclut pas la possibilité d'étendre l'accord sur les réductions de la production pétrolière des non-Opep au second semestre 2017 », a dit Novak, en soulignant qu'il ne s'agissait pas d'un accord fermé puisque d'autres pays pourraient y adhérer. «Nous continuerons à travailler ensemble pour attirer d'autres exportateurs de pétrole à l'accord afin de stabiliser le marché», a-t-il soutenu. Pour sa part, le ministre saoudien de l'Energie, l'industrie et des Ressources minérales, Khaled El Falih, a salué un accord historique entre l'Opep et les onze producteurs non-membres, affirmant qu'il fallait focaliser sur le rééquilibrage du marché à court et moyen terme. M. el Falih, qui présidera l'Opep en 2017, a affirmé que la mise en œuvre des accords conclus au sein et en dehors de l'Opep est très importante pour la crédibilité de l'organisation, «et c'est cela ma priorité pour l'année prochaine». Il a également insisté sur la poursuite de la coordination avec la Russie et les autres producteurs non membres de l'Organisation, ajoutant que la prochaine réunion avec les non-Opep devrait se tenir en juin 2017. Ce nouveau round de discussions à Vienne était aussi l'occasion pour Moscou de rassurer sur son engagement de réduction applicable à un niveau de production historiquement haut, de 11,2 millions de barils par jour cet automne. Selon certains analystes, Moscou a tout intérêt à un rebond durable des cours, d'autant que réduire sa production est relativement peu douloureux : sa production se trouve cet automne à des niveaux record pour la période post-soviétique, à 11,2 millions de barils par jour. Même réduite de 300 000 barils par jour, l'offre russe restera supérieure à son niveau du printemps quand la Russie et l'Arabie saoudite ont commencé à parler d'éventuelles mesures communes pour mettre fin au plongeon des cours. L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial, est frappée, elle, de plein fouet par la chute des cours à moins de 50 dollars le baril. Très dépendante du pétrole, elle prévoit un déficit budgétaire de 87 milliards de dollars (80 milliards d'euros) cette année. Selon des chiffres officiels, les réserves saoudiennes sont tombées à 562 milliards de dollars en août contre 732 milliards à la fin de 2014. Cette riche pétromonarchie avait longtemps soutenu une politique de prix bas, espérant évincer les concurrents de l'Opep, notamment les producteurs de pétrole de schiste américains. Mais la chute des cours avait fini par affecter ce pays du Golfe, l'incitant à changer de stratégie. L'Arabie saoudite et la Russie vont ainsi réduire leur niveau d'extraction de pétrole de 486 000 et 300 000 barils par jour respectivement, et ce suite à l'accord conclu par les pays membres de l'Opep. B. A.