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«L'Algérie en passe de retrouver son destin de grande puissance en Méditerranée et en Afrique» Le chercheur français spécialiste de la Méditerranée, Jean-Louis Guigou, soutient dans une analyse :
«L'Algérie est en passe de retrouver son destin de grande puissance en Méditerranée et en Afrique. Sans bouleversements intempestifs, l'économie et les mentalités se transforment en profondeur. Se dessine une vision ambitieuse et historique pour les Algériens, mais aussi une vision qui doit parler aux Méditerranéens, aux Africains, et aux Européens», a estimé le chercheur français spécialiste de la Méditerranée, Jean-Louis Guigou. Président de l'Institut de prospection économique du monde méditerranéen (Ipemed) à Paris, Louis Grigou, qui a publié une analyse dans le quotidien économique français La Tribune, reprise par l'APS, a soutenu que «l'Algérie emprunte deux chemins qui traversent son territoire. Le premier c'est celui de l'industrialisation du nord de l'Afrique, de l'Egypte au Maroc, avec l'Algérie au centre. Le second chemin, selon un axe Nord-Sud, c'est celui de la Dorsale Transsaharienne, d'Alger à Lagos, contribuant au développement du Sahel, tout en reliant l'Afrique du Nord à l'Afrique subsaharienne». Affirmant que l'Algérie a pris «conscience de son retard et accélère sa diversification économique», le chercheur souligne que le thème de la diversification industrielle est au centre des réflexions et des propositions, et «sont désormais considérées comme prioritaires les industries d'assemblage (automobile et technique), les industries de base (sidérurgie et pétrochimie), l'industrie agroalimentaire, l'industrie pharmaceutique, et l'industrie numérique». «L'Algérie prend ainsi, progressivement, avec une place centrale grâce à sa position géographique et à l'abondance de ces matières premières et énergétiques, le chemin de l'industrialisation de la rive Sud de la Méditerranée», a-t-il affirmé, considérant que «la Ruhr du XXIe siècle pourrait être nord-africaine». D'après lui, «il y a bien un mouvement historique, de grande ampleur, qui positionne le Nord de l'Afrique comme la grande zone industrielle en complément de l'Europe» et qui est entretenu et accéléré par le dynamisme «extraordinaire» des entrepreneurs locaux qui amènent les Allemands à s'interroger : «L'Afrique sera-t-elle l'Asie du XXIe siècle ?». Le président de l'Ipemed a expliqué ce mouvement industriel par les «nouveaux comportements» des entrepreneurs européens qui commencent, selon lui, «à comprendre les bienfaits de la coproduction et du partenariat, avec un pied au Nord et un pied au Sud de leur chaîne de valeurs». Il a soutenu également que ce mouvement est «fortement» accéléré par les Chinois qui vont délocaliser 85 millions d'emplois manufacturés en Afrique, et se positionner sur la rive sud de la Méditerranée pour approvisionner l'Europe. Ce qui lui laisse supposer que l'Algérie «entend profiter de ce mouvement, tant ses richesses minières et humaines et sa profondeur africaine lui attribuent un rôle stratégique», soulignant que ce premier chemin d'industrialisation est «d'autant plus pertinent pour engager le pays qu'il se croise avec un deuxième chemin Nord/Sud que les Algériens veulent et vont construire». Il a précisé que ce second chemin, en chantier, est celui du transport, de la logistique de la communication, des connections gazières, et du développement du Sahel. Cependant, il a estimé que pour mener à bien ce grand projet géopolitique d'une «Algérie à la croisée des chemins», elle doit surmonter trois difficultés : faire revenir ses élites de France, d'Europe et d'Amérique, retrouver le chemin de l'intégration et de la coopération maghrébine et «réconcilier», enfin, ces deux pays amis, la France et l'Algérie. «Les Algériens et les Français sont à la Méditerranée ce que les Allemands et les Français sont à l'Europe : des frères ennemis qui doivent redevenir de vrais bons amis capables de construire ensemble leur avenir mais aussi l'avenir au sein d'un ensemble Afrique-Méditerranée-Europe, transformant les relations Nord/Sud en relations de confiance, de coproduction, et de mobilité généralisée», a-t-il recommandé. H. Y./APS