Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra a affirmé, lors du 4e Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique, dont les travaux se clôtureront aujourd'hui à Oran, que l'Algérie a toujours œuvré pour que la paix dans le continent africain soit un axe essentiel de sa politique extérieure. Il a soutenu que l'Algérie, qui a mené plusieurs médiations, aspire à promouvoir en Libye cette même approche en soutenant le processus de médiation conduit par les Nations unies mais aussi à travers l'initiative des pays voisins de la Libye que l'Algérie a lancée en 2014. Les déclarations du chef de la diplomatie algérienne n'étaient pas des paroles en l'air et sans lendemain, puisque parallèlement à la tenue du Séminaire sur la paix et la sécurité en Afrique, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, s'est entretenu à Alger, avec le maréchal Khalifa Haftar, un des hommes forts de la Libye. Ce dernier, faut-il le rappeler, qui était un fidèle de Mouammar Kadhafi avant de devenir un opposant, a décidé, après le renversement du régime du défunt Kadhafi et le chaos qui s'est abattu sur la Libye, de créer une armée capable de reprendre le dessus. Il est aujourd'hui à la tête des forces de l'autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), liées au gouvernement parallèle basé dans l'Est du pays et qui conteste l'autorité du Gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli. Récemment, les hommes du maréchal Haftar ont pris le contrôle d'importants puits pétroliers. Quant à lui, il est arrivé à obtenir le soutien de plusieurs pays, dont le Tchad, où il a été récemment reçu, l'Egypte, les émirats et le Soudan. Avec cette nouvelle donne, il est clair que le maréchal Haftar est devenu une force incontournable dans les négociations à mener pour unifier les rangs des libyens. D'ailleurs, selon un expert de la crise libyenne : «La Libye fait face à trois obstacles à la fois : le conflit entre les deux autorités qui se disputent le pouvoir, le partage des revenus de pétrole, l'avenir de Khalifa Haftar. Ce sont les principaux points d'achoppement qui entravent la paix dans ce pays. Et sans leur règlement, aucune issue n'est possible.» Hier, le maréchal a effectué une visite à Alger où il s'est entretenu avec le ministre Abdelkader Messahel. Une occasion pour l'Algérie d'actionner sa médiation dans le but d'arriver à un terrain d'entente entre le maréchal et le GNA. Les entretiens entre Haftar et Messahel ont porté exclusivement sur les développements de la situation politico-sécuritaire en Libye et les moyens à même d'encourager le rétablissement rapide de la stabilité et de la sécurité dans ce pays. M. Messahel a saisi cette occasion pour rappeler les efforts que l'Algérie «n'a cessé de déployer en vue d'encourager les parties libyennes à atteindre un accord consensuel pour le règlement de la crise» dans ce pays. Dans ce contexte, il a réitéré la position «constante» de l'Algérie en faveur de la solution politique au conflit en Libye, dans le cadre de «la mise en œuvre de l'Accord politique, conclu par les parties libyennes le 17 décembre 2015, à travers le dialogue inclusif inter-libyen et la réconciliation nationale, seuls à même de préserver l'unité et l'intégrité territoriale de la Libye, sa souveraineté et sa cohésion nationale et de mettre, ainsi, fin définitivement à la crise qui affecte durement le peuple frère libyen». Rappelons qu'à Oran, le ministre des Affaires étrangères a appelé les pays voisins à être des parties de la solution à la crise en Libye. «L'Algérie considère que les frères voisins libyens ne devaient pas être les seules parties du problème. Les pays voisins pourraient collectivement être des parties de la solution», a déclaré M. Lamamra à la presse, en marge de la deuxième journée du Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique. «Ces pays ont le droit de faire partie de la solution à la crise en Libye, parce que ce sont eux qui vivent les conséquences préjudiciables immédiates de cette situation», a-t-il soutenu. Le chef de la diplomatie algérienne a appelé à saisir également l'opportunité de l'action engagée par l'Union africaine, lors de son dernier sommet, pour réactiver le comité des cinq chefs d'Etat africains, initié en 2011, pour aider à trouver les solutions à la crise libyenne. M. Lamamra a estimé que «tous les acteurs travaillent la main dans la main afin que ce pays puisse reconstituer ses principales institutions». Il a également déploré le fait qu'après la chute de l'ancien régime libyen, la communauté internationale ne s'est pas «activement engagée» dans la reconstruction de cet Etat. H. Y.