Mobile World Congress : comme une odeur de morosité Les envoyés spéciaux des revues spécialisées sont unanimes dans leur constat sur l'édition 2009 du MWC. La grand-messe du mobile n'est plus ce qu'elle était. La crise mondiale combinée au recul du secteur depuis la fin de l'année 2008 a visiblement impacté le World Mobile Congress, à tous les niveaux. «On s'en aperçoit assez vite : moins de visiteurs que les années précédentes. On se bouscule moins dans les travées. La place de Espanya (où se tient le salon), habituellement noire de monde durant le MWC, est étrangement calme. Si la fréquentation reste bonne, on est loin de la foule, voire de la cohue observée en 2008 et en 2007», telles sont les remarques générales de ce grand rendez-vous mondial. Les commentaires se rejoignent pour beaucoup. On lit dans les correspondances : «Les exposants tentent bien de garder le sourire en soulignant, par exemple, la bonne santé du marché des “smartphones”, les perspectives de l'Internet mobile, l'arrivée des fabricants de PC dans le secteur, le lancement de nouveaux services, l'offensive de Microsoft… Oui, mais tous ont en tête le recul du secteur, une première depuis 2001.» Autre constat, les grands noms du mobile et du Net ont coupé dans leurs budgets de communication. Les stands de ces géants sont moins gigantesques, les soirées luxueuses moins nombreuses. Dans les stands, les goodies se font rares, on ne fait plus de cadeaux ! Du côté de la presse, l'heure n'est plus à la générosité. Les transports en commun, gratuits dans le passé, ne le sont plus. La salle réservée aux journalistes n'offre plus que de l'eau et du café. Des détails, certes, mais qui illustrent la volonté de faire des économies. Même la météo n'est pas vraiment de la partie… Softwares+Services : l'offensive «Equipt» de Microsoft tourne court Ne s'improvise pas spécialiste des services en ligne (Saas, pour software as a service) qui veut. Bousculé par les nombreuses offres gratuites disponibles sur la Toile, le géant avait lancé Microsoft Equipt, une suite bureautique payante alliant logiciels et services en ligne : OneCare (sécurité), Office Home and Student 2007, Microsoft Office Live Workspace, et Windows Live Tools. Peine perdue, on apprend que Microsoft s'apprête à y mettre un terme. Microsoft Equipt, vendu 70 dollars par an, et OneCare devraient tous deux, selon une information du site ars technica, fermer leurs portes en 2009. Seuls les Américains et les Britanniques ont pu jusque-là s'abonner. Pour Microsoft Equipt, l'éditeur de logiciels avait dans un premier temps annoncé que la fermeture se produirait durant «la première moitié de l'année 2009», avant de confirmer dans un e-mail plus récent la fin du service en avril 2009. A cette date, les Office Home et Student 2007 et OneCare ne devraient plus recevoir aucune souscription. Les documents pourront toujours être visibles sur Office, OneCare continuera à recevoir ses mises à jour. En outre, la firme s'engage à rembourser la différence sur les abonnements déjà payés et à fournir une copie gratuite de Microsoft Office. Divers facteurs expliquent le revirement de Microsoft. Lancée en juillet 2008, l'offre Microsoft Equipt visait à constituer une offensive face aux offres gratuites d'un Google en avance dans les services en ligne ou Saas (software as a service). Au contraire du moteur de recherche, Microsoft avait le pari du payant. Dès le mois de novembre 2008, Microsoft avait annoncé le lancement prochain d'une suite gratuite de sécurité Morro, une décision qui compromettait l'existence de OneCare dans un premier temps, puis de toute l'offre Equipt. Pour autant, difficile de dire si la fin du service, après une très courte exploitation (à peine six mois), met en danger la stratégie de Microsoft dans le Saas. Mobile : comment être sûr que ses conversations ne sont pas écoutées ? Le piratage de voix, c'est-à-dire l'écoute de conversations à partir d'un mobile, existe bel et bien. En 2004, lors des jeux Olympiques d'Athènes, il a été établi que les communications officielles avaient été détournées. Chez HP, lors de l'annonce du colossal plan social il y a deux ans, certains mobiles de collaborateurs soupçonnés d'organiser des fuites dans la presse ont été mis sur écoute par des officines privées. On peut également évoquer les cas de piratage industriel que les victimes se gardent bien de révéler ou des Etats aux grandes oreilles. Pourtant, la tendance est peu connue, au contraire des prétendues attaques virales contre les smartphones qui font les choux gras des éditeurs de sécurité. «Le matériel d'écoute existe, il est abordable et simple à utiliser», explique à silicon.fr Charles d'Aumale, responsable marketing d'Ercom, un spécialiste français des communications sécurisées et des écoutes (l'entreprise travaille d'ailleurs pour le gouvernement, il connaît donc bien la question…). «J'ai moi-même été témoin d'un piratage lors d'un déplacement à l'étranger. En pleine conversation, j'ai entendu le message “You're gonna be reconnected”, preuve que nous n'étions pas seuls sur la ligne», poursuit le responsable. Partant du principe que la sécurité est le facteur numéro un qui bride les déploiements d'applications mobiles dans les entreprises, Ercom a travaillé sur le développement de solutions abordables afin de sécuriser les communications mobiles. «Car, jusqu'à présent, pour être sûr à 100% de ne pas être écouté, il fallait investir dans des terminaux très coûteux comme le Sectera Edge qui équipe le président Obama», explique Charles d'Aumale. Ercom a donc développé trois solutions qui pourront intéresser les entreprises aux activités sensibles ou tout simplement celles qui tiennent à garder leurs secrets industriels secrets. Cryptosmart Mobile Suite se présente sous la forme d'une carte microSD qui vient de loger dans le mobile. Cette carte compatible avec Windows Mobile (mais pas l'iPhone puisqu'il n'est pas doté de port SD) crypte à la volée les conversations, quel que soit le réseau utilisé (GSM, 2G, 3G, HSPA, Wi-Fi, WiMax…). A chaque conversation, une clé provisoire est générée en plus d'une clé permanente (ce qui provoque une légère latence dans la conversation). La solution protège aussi les échanges d'e-mails. Le cryptage est certifié EAL5+ pour la carte et EAL2+ pour l'applet. Cryptosmart PC Suite est une solution similaire pour les PC portables. Elle se présente sous la forme d'une carte SD ou d'une clé USB. Outre la voix, la solution s'occupe également de crypter les données échangées entre deux terminaux ou entre le terminal et le SI de l'entreprise. Magic OnLine assure la sauvegarde des PC et serveurs Magic OnLine lance son offre de sauvegarde des données à distance. La société s'est associée avec Iron Mountain pour mettre en place cette solution, efficace et solide. «Toutes les entreprises sont aujourd'hui équipées de postes informatiques stockant des informations dont la bonne conservation est primordiale. Avec l'essor des connexions à haut débit professionnelles et les nouvelles technologies de sauvegarde différentielles, les solutions de sauvegarde en ligne deviennent moins chères que les solutions de sauvegarde traditionnelles et moins contraignantes pour les clients. Les solutions Magic Safe sont simples à mettre en place et sont 100% automatiques», déclare Gary Le Masson, directeur marketing de Magic OnLine. Les transferts sont sécurisés (via SSL) et les informations chiffrées en AES (128 bits ou 256 bits) avant l'envoi sur les serveurs de Magic OnLine. Ainsi, la confidentialité des données est absolue. Les documents sont stockés dans deux centres informatiques indépendants et redondants. La compagnie assure un monitoring des sauvegardes en 24/7, une réparation en cas de panne sous quatre heures et un taux de disponibilité de 99,9%. Fidèle à sa stratégie, la société propose des solutions bien adaptées aux besoins des entreprises. L'offre Safe PC se destine aux PC clients fonctionnant sous Windows. Avec l'offre Safe Server Gold, les machines sous Windows, Linux et Solaris sont supportées. La sauvegarde des serveurs et de leurs bases de données s'effectue ici à chaud. Cette solution est disponible à partir de 37 euros HT par mois, pour 5 Go de données. Mobile World Congress : les «App stores», bouées de sauvetage des fabricants ? Apple et désormais Nokia, RIM, Microsoft ont tous leurs «boutiques» d'applications en ligne. Chacun joue la différence, mais finalement l'offre reste assez similaire. Cette édition du Mobile World Congress n'a pas vraiment été celle des terminaux (pas de grandes innovations à l'horizon) mais plutôt celle des services et des places de marché. Les géants du secteur, effrayés par les perspectives plus que moroses du marché semblent vouloir miser sur ces boutiques d'applications en ligne, source de trafic et de revenus, accessibles directement depuis leurs smartphones. Il faut dire qu'Apple a ouvert la voie. Son «App Store», accessible depuis l'iPhone est un succès mondial, plus de 20 000 applications sont aujourd'hui disponibles. De quoi donner des idées à la concurrence… Microsoft qui a dévoilé sa nouvelle stratégie mobile axée autour de Windows Mobile 6.5, MyPhone et Market Place le reconnaît bien volontiers. «Au départ, des opérateurs mobiles ne voulaient pas entendre parler de ce genre de service car ils entendaient garder la main sur la fourniture de contenus ou d'applications en ligne», nous explique Nicolas Petit, directeur France de Windows Mobile. «Mais le succès d'Apple leur a forcé la main et aujourd'hui, les propositions des acteurs du mobile ou du Web trouvent écho.» Traduction, les tentatives de services développés par les opérateurs eux-mêmes n'ont pas fonctionné… Reste que les concurrents d'Apple doivent se différencier. Nokia a dévoilé son OVI Store associé à son portail de contenus. Rien de bien révolutionnaire dans la proposition : cette boutique en ligne proposera des applications développées notamment par des tiers, comme sur Apple. Le finlandais a néanmoins trouvé le point de décalage : la personnalisation. «C'est une boutique intelligente», souligne Niklas Savander, executive vice-président de Nokia. OVI Store adaptera en effet son offre en fonction de l'endroit où se trouve l'utilisateur. «Avec Ovi Store, les utilisateurs de mobiles Nokia pourront se procurer des contenus personnalisés en fonction des personnes qui comptent le plus pour eux et du lieu où ils se trouvent», explique Tero Ojanperä, vice-président de Nokia Services. Intel : les ventes de l'Atom pourraient croître de +50% en 2009 Lors d'une communication sur le Salon Mobile World Congress, Intel a redonné du baume au cœur aux industriels et commerciaux. Il estime que les ventes de ses processeurs Atom, destinées initialement aux mini-PC portables, «netbooks» ou «notebooks», pourraient croître de +50% en 2009, pour atteindre 35 millions d'unités. Ce même taux de croissance s'est déjà vérifié sur le 4ème trimestre 2008, pour atteindre un chiffre d'affaires de 300 millions de dollars. Les «netbooks» constituent donc l'un des rares créneaux en croissance de l'industrie des semi-conducteurs. L'une des raisons du succès des processeurs Atom est son champ d'implémentation. Il dépasse largement celui des «netbooks», en raison notamment de son bon rapport performances/énergie. Il a déjà séduit des constructeurs aussi différents que HP sur des «desktops» Compaq, ou SGI (Silicon Graphics Inc), qui a décidé d'en équiper une nouvelle génération de super-calculateurs… Mais chez Intel, les ventes de ces processeurs Atom ne suffisent pas jusqu'ici à compenser le recul des ventes des autres processeurs d'Intel, recul dû à la récession mondiale. Ainsi, sur l'ensemble de l'année 2008, les ventes totales du groupe ont reculé de près de 25 milliards de dollars à 82 milliards de dollars. A noter enfin que, sur le seul 4ème trimestre 2008, les ventes mondiales de processeurs ont baissé de 11%.