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Adhésion du Maroc : les Etats membres ont le devoir d'exiger le respect des principes de l'Organisation Les principes de l'UA sont inspirés des luttes menées contre la colonisation
Réunis aujourd'hui à Addis-Abeba, en Ethiopie, au siège de l'organisation de l'Union africaine, les chefs d'Etat du continent vont devoir se prononcer sur plusieurs sujets-clés pour le futur de l'institution panafricaine : le renouvellement de la composante de la Commission de l'Union africaine (UA), la réforme des institutions de l'Union ainsi que les questions de paix, de sécurité et développement. La 28e session ordinaire du Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA, prévu sur deux jours, sous le thème: «Exploiter le dividende démographique grâce à l'investissement dans la jeunesse», verra également l'élection du nouveau président de la Commission de l'Organisation. Outre cette élection, les chefs d'Etat et de gouvernement devront aussi examiner la demande d'adhésion du Maroc à l'UA. En juillet 2016, le Maroc avait fait part de son intention de rejoindre l'UA, que le pays a quittée en 1984 pour protester contre l'admission de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd). En septembre, la demande d'adhésion officielle a été transmise à la Commission de l'UA qui doit l'envoyer à son tour à chacun des 54 Etats membres afin qu'ils se prononcent sur la requête. Normalement, la procédure est simple, une fois la barre des 28 réponses positives franchie, la Commission annonce que le pays est membre, comme cela a été le cas en 2011 pour le Soudan Sud. Cependant, pour le Maroc, ce n'est pas du tout simple car le Royaume chérifien a ratifié la Charte de l'UA afin d'intégrer l'Organisation alors que sa situation de pays colonisateur au Sahara occidental est en violation avec les principes mêmes de la Charte de l'UA. Il suffit, pour s'en convaincre, de rappeler l'article 4 de la Charte qui stipule clairement que l'Union africaine fonctionne conformément à certains principes dont «égalité souveraine et interdépendance de tous les Etats membres de l'Union; respect des frontières existant au moment de l'accession à l'indépendance; règlement pacifique des conflits entre les Etats membres de l'Union par les moyens appropriés qui peuvent être décidés par la Conférence de l'Union; interdiction de recourir ou de menacer de recourir à l'usage de la force entre les Etats membres de l'Union et non-ingérence d'un Etat membre dans les affaires intérieures d'un autre Etat membre». En fait, Rabat n'a pas posé de condition à son retour, son objectif étant de réintégrer l'UA et de travailler depuis l'intérieur à l'exclusion de la Rasd. Mais à bien voir les principes de l'UA, le Maroc ne devrait pas être admis au sein de l'Organisation tant qu'il ne respecte pas les principes de la Charte qu'il a ratifié. Et les pays qui le soutiennent en ont bien conscience. L'équation est simple et pas du tout compliquée comme l'a d'ailleurs déclaré le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra : «Le Maroc est le bienvenu au sein de l'UA dès lors qu'il se considère égal en droits et en devoirs avec les 54 membres actuels». En effet, le Maroc est un pays africain, membre fondateur de l'OUA et la réponse pour sa demande d'adhésion à l'Union africaine tombe sous le sens. L'UA est une organisation panafricaine et l'adhésion du Maroc va dans le sens du renforcement de ce panafricanisme dans les faits. Mais l'Union africaine n'est pas l'OUA. Elle est basée sur des principes élaborés à travers des luttes menées contre la colonisation. Ces principes font partie intégrante de l'identité des pays membres en tant que communauté et continent. Quand on adhère à l'Union africaine, on accepte ses principes. Donc, l'entrée du Maroc ne devrait pas conduire à la suspension de la République arabe saharaouie démocratique (Rasd) dont la légitimité est reconnue. Elle devrait aussi poser la question sur sa colonisation, le respect de ses frontières, le respect du droit international qui s'est prononcé pour son droit à l'autodétermination. Mais qui pourrait faire comprendre au Royaume chérifien que son acceptation au sein de l'UA est conditionnée par son respect aux principes de l'Organisation si ce n'est les Etats membres de l'Union. C'est à ces derniers d'être assez honnêtes avec eux-mêmes et de s'unifier pour faire respecter la Charte de l'UA. Il s'agira là du premier jalon posé dans l'autre dossier important qui sera évoqué par les dirigeants africains, à savoir la redynamisation de l'action de l'Organisation en vue de lui donner un nouveau souffle pour plus d'efficacité et plus de présence sur la scène continentale. La position des pays membres de l'UA afin de faire respecter les principes de la Charte, identité de la communauté africaine, participera également à résoudre un conflit qui n'aura que trop duré. H. Y.