La relance du 7e art algérien est un sujet récurrent, mettant à chaque fois sur le devant de la scène l'état des lieux des salles de cinéma avec la forte symbolique que 90% des quatre cents salles qui existent en Algérie sont inexploitables. Il faut reconnaître qu'à ce sujet, des efforts ont été réalisés ces dix dernières années qui ont permis au compte goutte la récupération et la réhabilitation de certaines salles avec des équipements modernes. La relance du 7e art algérien est un sujet récurrent, mettant à chaque fois sur le devant de la scène l'état des lieux des salles de cinéma avec la forte symbolique que 90% des quatre cents salles qui existent en Algérie sont inexploitables. Il faut reconnaître qu'à ce sujet, des efforts ont été réalisés ces dix dernières années qui ont permis au compte goutte la récupération et la réhabilitation de certaines salles avec des équipements modernes. Mais la problématique de la gestion des salles de cinéma est en fait l'arbre qui cache la forêt d'un secteur en souffrance. Loin de la nostalgie de ce que beaucoup surnomment l'«âge d'or du cinéma» qui a vu la naissance de grandes œuvres, mais également celles d'infrastructures destinées à créer une véritable industrie cinématographique, hélas démantelée et avec elle la perte du savoir-faire de toute une génération qui avait acquis une formation solide dans les différents aspects qui accompagne une œuvre cinématographique, soit dans la production, le tournage, la post production ou la distribution. Aujourd'hui, en pleine mondialisation, le 7e art international connaît des avancées vertigineuses dans les domaines de la technologie, des tournages assistés par ordinateur, de la formation, dans la production et postproduction, de la distribution et de l'exploitation. Une avancée que l'Algérie devra rattraper avec une véritable stratégie de visions à court et long termes en prenant le taureaux par les cornes et avec une approche globale afin de palier à toutes les défaillances qui gangrènent ce secteur et plombent son envolée. Pourtant, malgré l'absence d'une réelle industrie du cinéma en Algérie, des jeunes qui pour certains n'avaient pas eu le loisir de mettre un pied dans le cinéma du quartier comme leurs aînés, relèvent le défi d'insuffler une vitalité créatrice à travers des œuvres et des créations authentiques et lucides souvent primées dans les festivals internationaux mais hélas qui ont peu de visibilité pour les cinéphiles algériens. Ainsi, en l'absence d'un réseau de distribution et d'exploitation pertinent, cette nouvelle vague de cinéaste algérien trouve échos auprès de leurs compatriotes à travers des solutions palliatives notamment à travers les mouvements associatifs et parfois sur une diffusion sur internet. Pour rappel, le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, avait déclaré, lors de l'une de ses sorties médiatiques, à propos de la relance de ce secteur : «L'industrie cinématographique en Algérie a besoin d'espaces. D'où l'idée de construire graduellement des studios au niveau d'El Achour à Alger à travers le Centre algérien de développement du cinéma (Cadc). Ce centre est chargé de produire des films. Un quartier entier a été construit à El Achour où il sera possible de tourner des films, des feuilletons ou des émissions de télévision. Les normes techniques et artistiques ont été respectées dans cette nouvelle construction». Le ministre avait ainsi souligné que le but à terme est d'avoir une véritable cité cinématographique à El Achour. Il a encore une fois lancé un appel aux investisseurs privés afin de s'impliquer en tant que partenaires pour la relance du cinéma en Algérie. Dés lors, les investisseurs privés sont conviés par la tutelle à investir dans cet élan notamment à travers la construction «de laboratoires de développement, de montage et des effets spéciaux et de ce qui est lié à la post-production». A ce sujet, il est à noter que le ministre en personne avait inauguré, le premier studio cinématographique algérien, consacré à la post production construit par le cinéaste Belkacem Hadjadj, afin d'éviter de recourir aux laboratoires étrangers. Le ministre de la Culture avait également annoncé qu'«un plan ambitieux est actuellement engagé pour aménager les salles de cinéma, organiser les spectacles cinématographiques et relancer le 7e art», lors de la cérémonie de réouverture de la cinémathèque d'Annaba. A cet effet, il avait précisé que 80 salles de cinéma, à l'échelle nationale, ont été à ce jour rouvertes dans le cadre de cette opération. La gestion des salles de cinéma a été transférée à l'Office national pour la culture et l'information (Onci) afin «de garantir une gestion administrative et financière des salles de cinéma à travers le pays et de valoriser ces structures culturelles», avait estimé le ministre ajoutant que des accords ont aussi été conclus entre les distributeurs de films pour permettre aux cinéphiles de suivre les films les plus récents de l'industrie cinématographique mondiale. Face à la crise des salles de cinéma, le ministre avait également annoncé que l'Office national pour le commerce et l'industrie cinématographique (Oncic), en partenariat avec une entreprise étrangère spécialisée a décidé de réhabiliter plus de 100 salles de cinéma dont 20 appartiennent à la Cinémathèque algérienne. Il avait également, à maintes fois, annoncé que le ministère œuvre à l'établissement d'une véritable feuille de route pour préparer les citoyens à renouer avec le cinéma. Au delà de ces annonces, un volet demeura en jachère qui est celui de la formation des hommes et femmes qui font du cinéma et indispensable à toute la chaîne, que cela soit du réalisateur cinéaste, au guichetier et gérant de la salle, en passant par toute la pléiade de techniciens et de petits métiers nécessaires pour la vitalité d'un secteur pourvoyeur d'emplois et de richesses pour peu que l'on se penche sur la création d'une véritable école de cinéma. Au final, malgré ce tableau peu reluisant sur la réalité de l'industrie cinématographique en Algérie, citons Yacine Bouaziz, qui avait souligné lors des rencontres-débats organisées lors des Rencontres cinématographiques de Béjaïa (RCB), un rendez-vous cinématographique incontournable qui a défié le temps et les embûches grâce au dévouement des membres de l'association «Project' heurts», initiatrice de l'événement depuis 14 ans, «ce qui a poussé chacun dans le domaine de la production cinématographique c'est le savoir et la passion. La passion nous pousse aussi à investir dans ce secteur, sans promesse de retour d'investissements. On mise sur des talents qui peuvent être exportés. Il y a des festivals qui récompensent, des œuvres qui sont financées. Et à l'étranger, il y a une demande vis-à-vis de films algériens (…) …On ne doit en aucun cas arrêter de faire des films». S. B.