En prévision du scrutin législatif du 4 mai prochain, les partis politiques animent, avec chacun son discours, la scène nationale. Ali Benflis, un des partisans du boycott, a affirmé depuis Sétif que le «système algérien est en crise». De leur côté, les islamistes unifiés appellent à une participation massive au scrutin, tandis que Rebaïne, président de Ahd 54, analyse la situation et appelle à préserver les richesses du pays. «Un regard lucide sur la situation de notre pays ne mène qu'à un seul et unique constat : c'est le système politique algérien tout entier qui est en crise», a indiqué, hier, à Sétif, le président du parti Talaïa El Houriyate (avant-garde des libertés), Ali Benflis. «Il représente la crise-mère dont découlent toutes les autres crises, qu'elles soient politiques, économiques ou sociales. Ce système a atteint ses limites. Il est à bout de souffle. Il n'a plus d'énergie pour s'adapter ni pour se renouveler», analyse l'ancien candidat à l'élection présidentielle devant ses militants et sympathisants. Ce système, argue-t-il, «est dans l'incapacité intrinsèque de suivre la marche accélérée de son environnement et de son temps». Pour M. Benflis, «l'impasse politique est réelle». N'y a-t-il pas une impasse politique lorsque «les affaires de l'Etat ne sont plus gérées et qu'à chaque fois qu'une décision est prise l'on se demande qui l'a prise, pourquoi l'a-t-il prise et comment l'a-t-il prise ? […] Lorsque, durant le seul automne dernier, pas moins de 16 décisions gouvernementales ont été annoncées puis annulées ou gelées sans explications et sans justifications ? Lorsque la faiblesse du rendement législatif du Parlement bat des records mondiaux en n'atteignant qu'une cinquantaine de lois adoptées durant toute une mandature, c'est-à-dire en cinq longues années», s'est-il interrogé. «L'état d'impasse politique n'est jamais le meilleur état pour faire face avec certitude et confiance aux graves crises économiques comme celle à laquelle notre pays est actuellement confronté», a ajouté M. Benflis. Cette situation est, selon lui, le résultat d'une «gouvernance défaillante». «Notre gouvernance politique est invisible, inaudible et incompréhensible. Et même lorsqu'elle est visible, elle est inaudible et lorsqu'elle est audible, elle est incompréhensible. Cette réalité porte un nom et elle s'appelle le fossé de défiance qui sépare, désormais, dans notre pays les gouvernants des gouvernés», a-t-il accusé. Les secrétaires généraux du Mouvement Ennahda et du Mouvement pour la construction nationale (MCN- El Bina), Mohamed Dhouibi et Ahmed Dane, membres de l'alliance Union pour Ennahda, ont, quant à eux, appelé, hier, depuis Tébessa, le peuple algérien à éviter le piège de l'abstention électorale et à œuvrer à exercer son droit politique par une participation «efficace aux prochaines législatives». «Les droits politiques des citoyens doivent être arrachés par le militantisme et la participation politique la plus large», estime M. Douibi au d'un meeting animé au Palais de la culture, estimant que l'abstention «génère le vide politique et affecte négativement l'avenir du pays». Les élections représentent «l'unique et l'espoir pour le peuple pour opérer le changement politique et engager le redressement économique national», ajoutera-t-il, assurant que l'alliance Union pour Ennahda, El-Adala et El Bina a été constituée «pour lutter contre la corruption et n'est pas dirigée contre une quelconque partie». De son côté, M. Ahmed Dane a plaidé pour une large participation lors du prochain scrutin pour «donner à l'Algérie un front intérieur solide qui contribuera à la stabilité du pays à l'heure des défis sécuritaires affrontés par le pays». De Mila, où il présidait à la Maison de la culture M'barek El-Mili, une réunion des membres des bureaux locaux de son parti, le président du parti Ahd 54 a estimé que la promotion des industries agroalimentaires et de transformation garantira la satisfaction des besoins des Algériens et préservera leur pouvoir d'achat. «Assurer la sécurité alimentaire de l'Algérie constitue une priorité majeure», a-t-il déclaré. Il a appelé, à l'occasion de la célébration du double anniversaire de la fondation de l'Ugta et de la nationalisation des hydrocarbures, à mobiliser les revenus de l'exploitation des hydrocarbures pour le développement et la création de richesses et d'emplois. Il a également préconisé «davantage de transparence dans la gestion de la géante entreprise nationale qu'est Sonatrach» qui doit, a-t-il plaidé, «investir ses potentialités et expérience dans les pays africains et asiatiques». M. Rebaïne a réitéré son appel pour «la construction d'un nouveau contrat social, l'instauration d'une trêve sociale et la création d'un gouvernement d'entente nationale ayant pour mission de préparer des élections crédibles qui consacrent le principe d'alternance au pouvoir». Il a également insisté sur l'importance de «la décentralisation sociale», le transfert de la conduite du développement local aux assemblées locales et la limitation du rôle de l'Etat dans la conduite des grands projets nationaux de développement. A. B.