Les partis ont le regard braqué sur les législatives Aphones et atones. Les partis politiques qui se revendiquent de la majorité de l'électorat, ceux qui prétendent jouer les premiers rôles durant les prochains mois à l'occasion des élections législatives, ont brillé par leur absence durant ce week-end politique. Ni le FLN ni le RND encore moins le FFS ou le RCD ne se sont manifestés sur le terrain. A l'exception bien évidemment du PT de l'infatigable Louisa Hanoune. Pourtant ce ne sont pas les motifs d'inquiétude sociaux ou les arguments politiques pour haranguer les foules qui manquaient. Sur le principe, les partis, du moins ceux au pouvoir, le FLN et le RND, sont d'accord sur le fait que le pays venait d'échapper à une grave tempête qui allait l'emporter n'était-ce la vigilance des... citoyens. A quoi servirait alors une formation politique si dans les moments de grandes menaces sur le pays, elle ne monte pas au créneau pour dénoncer, rassurer et montrer le cap. Le FLN et le RND se réclamant de cette majorité sont-ils finalement incapables de donner corps à leur popularité? Sont-ils à ce point inaptes à encadrer les populations en ces moments de crise? Incapables de leur donner du rêve et de l'espoir? Comment vont-ils faire alors pour mobiliser, convaincre et vaincre le spectre de l'abstention qui donne du fil à retordre à l'administration? Cela n'a pas empêché les «petits» partis de descendre dans l'arène. C'est le cas du front Al-Moustakbal. Son président, Abdelaziz Belaïd a appelé vendredi dernier à Alger, les pouvoirs publics à «engager un véritable dialogue pour instaurer la stabilité sociale, et partant la stabilité économique, sécuritaire et politique».Soulignant que son parti s'opposait à «toute forme de violence dans la société», Belaïd s'est dit pour «les marches pacifiques», dénonçant «les actes de destruction enregistrés récemment». Le président du front Al Moustakbal a exprimé, d'autre part, la détermination de son parti à «bannir toute forme de violence y compris verbale», faisant allusion à la situation qui marque certaines régions du pays, notamment à Béjaïa, plaidant, à cet effet, pour «l'ouverture d'un véritable dialogue avec toutes les franges de la société». Abordant les prochaines élections législatives, il a affirmé que sa formation adopterait un programme «réaliste» lors des prochaines législatives, dans la perspective de devenir «une véritable force politique» dans la société algérienne La nature ayant horreur du vide, le terrain a été gracieusement cédé aux islamistes restés seuls aux commandes. En ordre de bataille électorale ils se préparent, ils s'allient et mobilisent. Il y a quinze jours, Ennahda et le Front pour la justice et le développement (El Adala) de Djaballah ont annoncé leur décision de fusionner. Quelques jours plus tard c'est Menasra qui se rallie au MSP. Avant-hier c'est le Mouvement Ennahda qui approuve son adoption et approbation du «Projet d'alliance politique stratégique d'intégration» avec le Front pour la justice et le développement (FJD) et le Mouvement pour la construction nationale (MCN- EL Bina). «Une adoption à la quasi-unanimité du projet d'Alliance politique stratégique d'intégration avec Ennahda, le FJD et le MCN ainsi que l'entame des procédures de sa mise en oeuvre ont été décidés», indique un communiqué du Mouvement Ennahda sanctionnant une réunion du conseil consultatif du mouvement en session extraordinaire. Avant que Abdallah Djaballah ne remette une couche en affirmant que l'alliance de sa formation politique avec d'autres partis ne s'inscrivait pas «dans le cadre des prochaines législatives», mais visait «le rassemblement et l'unité». Un appel du pied pour une large réunification de la mouvance islamiste en Algérie. Cette recomposition de la mouvance islamiste en Algérie mérite d'être observée de plus près. Elle intervient dans un contexte mondial marqué par une irruption fulgurante d'une organisation nommée Daesh. C'est la première fois dans l'histoire de l'islamisme politique où une organisation se revendique d'un drapeau et d'un territoire. Elle fait la guerre aux puissances nucléaires dont la Russie, les Etats-Unis et la France réunis dans le cadre d'une coalition en Syrie sans compter le contingent des armées arabes guidées par l'Arabie saoudite. L'islamisme politique light, adoubé à un moment par les Américains, se confond désormais, aux yeux des puissances occidentales, avec cette organisation criminelle. Ce n'est pas sans raisons que le mouvement Ennahda tunisien du vieux renard Rached Ghannouchi a procédé à une révision doctrinale du parti pour explique-t-il concilier islam et démocratie. Les islamistes algériens procèdent-ils de cette même tactique? Au moment où cette transition statique s'effectue, le FLN sombre dans sa crise, et le RND se mure dans son silence. Comme dit l'adage: «Qui ne dit mot consent.»