Nul ne peut vivre éternellement au-dessus de ses moyens. Que cela soit pour une entreprise ou qu'il s'agisse d'un Etat, les revenus doivent forcément couvrir les dépenses. A une échelle plus petite, le ménage doit aussi satisfaire cette condition fondamentale pour éviter les conflits, l'endettement et la faillite. En raison de la baisse brutale et prolongée de ses revenus pétroliers depuis 2014, l'Algérie se retrouve forcée de réduire conséquemment son train de vie et ses dépenses pour équilibrer son budget et stabiliser ses indicateurs économiques. Cela implique une réduction drastique des importations, notamment en ce concerne les produits facultatifs ou de prestige. Pour ce faire, l'importation est soumise à un système de quotas, élaboré au niveau du gouvernement, avec une priorité pour les produits indispensables à la subsistance quotidienne et pour les équipements essentiels à la relance de la production locale et au développement du pays de manière générale. La préservation, aussi longtemps que possible, et la bonne utilisation des réserves de change dont dispose encore le pays est une exigence de toute première importance pour éviter la pagaille. Le citoyen ordinaire, plus ou moins conscient de la gravité de cette conjoncture, doit absolument se rendre à cette évidence selon laquelle on aurait vécu au-dessus de nos moyens au cours des quinze dernières années. Le pétrole, dopé par une croissance chinoise à deux chiffres, avait atteint des sommets jamais égalés auparavant. Nos gros négociants, profitant de cette embellie, importaient tout et n'importe quoi sans se soucier nullement du lendemain. Les fruits exotiques, les voitures de luxe, les vêtements à la mode, les cosmétiques de marque, de la nourriture pour chiens et bien d'autres folies inondaient nos marchés. Désormais, il n'est plus possible de continuer dans cette voie qui mène tout droit vers la banqueroute. Quand certains s'émeuvent sur la hausse exponentielle du prix de la banane ou celui du kiwi, on donne l'impression de ne pas retenir la morale de tout cela. Il est, en revanche, légitime de dénoncer la spéculation sur les produits agricoles locaux, puisque cela ne profite ni au pays, ni au producteur, ni au consommateur. Le citoyen, comme l'Etat, doit se résoudre à vivre en fonction de ses moyens et travailler dur pour améliorer ses ressources. Dans une telle circonstance, la lutte contre la spéculation et toutes les autres activités parasitaires relève du devoir national. L'encouragement de la production locale, notamment dans le domaine stratégique de l'agriculture, est un choix vital pour le pays. La diversification réelle de l'économie algérienne ne peut se concrétiser sans l'essor du secteur agricole qui a d'énormes potentialités. La valorisation du travail et sa juste rémunération est, au final, la seule voie à même de mettre le pays définitivement à l'abri de ce genre de situation inconfortable. Tout le reste n'est que spéculation populiste. K. A.