La mise en service bientôt du métro et du tramway, de même que le renforcement de l'entreprise nationale de transport ETUSA a l'air d'inquiéter les transporteurs privés qui, du coup, affichent une volonté plus ou moins ferme de s'organiser, pour ne pas «être sacrifiés» après des années de service. M. Zaber Abdenour chargé de l'organique à l'Union générale de commerçants et artisans algériens (UGCAA) et membre de la commission de recours de la wilaya nous a confié que les transporteurs privés veulent s'organiser et avoir leur place dans la nouvelle organisation du transport que veut mettre en place le gouvernement pour donner l'image qui revient à la capitale dans ce secteur important. L'idée de créer des groupements au niveau de toutes les stations avec, au niveau de chacune d'elles, un représentant ou encore un interlocuteur a émergé chez ces prestataires de services qui reconnaissent qu'il y a une anarchie à laquelle ils veulent remédier. «Nous voulons aller dans la voie de l'unification des prix et même des gabarits des bus et, pourquoi pas, arriver au système de paiement par abonnement», a-t-il précisé. La constitution de ces groupements a aussi pour ambition de desservir toutes les destinations, y compris les nouvelles cités qui ne disposent pas encore de lignes, pénalisant ainsi les citoyens. De plus, cette nouvelle forme d'organisation permettra aux usagers de trouver un transport même à une heure tardive de la nuit, ce qui n'est pas le cas maintenant où tous les bus arrêtent à 19 heures et même avant dans certains quartiers de la capitale. Concrètement parlant, le rôle du groupement de 4 à 5 transporteurs ou parfois plus est d'assurer la gestion des transports en commun privés. Ils seront constitués sous forme de sociétés par actions (SPA) auxquelles l'Etat devrait donner des avantages fiscaux. «L'argent ira à une seule caisse et sera partagé entre les actionnaires ; il servira, entre autres, à l'achat de nouveaux bus pour moderniser le transport dans la capitale et servir de modèle aux autres wilayas du pays qui vont peut-être suivre.» Arrêter le bricolage et mettre de l'ordre, c'est l'objectif premier assigné à cette démarche. La commission des transports au niveau de l'UGCAA sollicite la direction des transports d'Alger pour une rencontre afin de discuter de la faisabilité de ce projet et surtout de son devenir. Un courrier lui a été envoyé et est dans l'attente d'une réponse. «Nous avons travaillé en pleine décennie noire lorsque les entreprises nationales étaient ciblées par le terrorisme, et aujourd'hui notre avenir est flou et nous voulons nous prendre en charge. Nous demandons au ministère des Transports de clarifier notre avenir notamment avec l'arrivée du tramway et du métro.» Notre interlocuteur n'a pas manqué de souligner que des mesures d'incitation doivent être accordées aux transporteurs notamment sur le plan de la fiscalité, signalant que de par le monde le transport urbain est déficitaire, ce qui est aussi le cas en Algérie. «Nous avons des charges qui sont grandes. Tandis que l'ETUSA est subventionnée par l'Etat, les transporteurs privés n'ont même pas accès aux prêts bancaires», signale M. Zaber, qui dira aussi que le ministère est favorable à cette solution. Cela étant, la volonté de se réunir avec toutes les parties concernées par le transport, y compris les ministères du Commerce et des Finances est affichée par l'UGCAA. Après donc des années de désorganisation, un nouveau départ sera donné au transport privé. L'attente sera-t-elle encore longue pour les usagers de ces transports en commun ?