Photo : Sahel Par Abderrahmane Semmar Saïd Barkat, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, est en colère contre le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP). Hier, sur les ondes de la Chaîne III, il n'a guère hésité pour accuser publiquement ce syndicat de se livrer à une surenchère politicienne. En effet, Saïd Barka n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour épingler le dernier mouvement de grève enclenché par le SNPSP il y a de cela deux jours. Le ministre n'a pas particulièrement apprécié que les grévistes choisissent la date symbolique du 24 février. «Comment peut-on détourner cette date fortement symbolique pour les travailleurs et l'ensemble des Algériens dans le seul but de servir ses propres intérêts ?» s'est interrogé, hier, S. Barkat en laissant entendre que ces grévistes ont souillé un symbole national. «Nous avons toujours discuté avec les syndicats de notre secteur. Nous n'avons jamais fermé les portes. Mais derrière ce mouvement et ses revendications, nous avons relevé un discours politique partisan que je ne tolérerai jamais», a souligné encore à ce sujet Saïd Barkat. «Je n'accepterai jamais qu'on prenne en otages nos malades», ajoute-t-il plus loin. Concernant l'adoption du statut particulier de ces praticiens et leur régime indemnitaire, le ministre a signalé que ces décisions ne relèvent pas de ses prérogatives. «Ces projets relèvent d'une autre structure. C'est au gouvernement de prendre des décisions dans ce dossier», précise-t-il. Sur un autre chapitre, il est à noter que Saïd Barkat s'est montré également très virulent à l'encontre de ceux qu'il appelle les «rabatteurs» dont l'activité se résume à détourner des malades des hôpitaux au profit des établissements privés. «On sévira sans pitié contre les rabatteurs. Nous avons formé des brigades d'inspecteurs de contrôle qui feront la tournée des hôpitaux. Leur rôle sera de veiller à la bonne prise en charge des patients. Ils devront aussi sanctionner tout manquement à l'hygiène», assure-t-il. Pour le ministre, il n'est plus tolérable de laisser faire des médecins du public qui orientent des patients ayant besoin d'une radio, d'une consultation ou d'une intervention vers des structures privées. «Nous avons suffisamment investi pour équiper nos hôpitaux. Orienter des malades vers des privés relève de ce fait de la malhonnêteté. C'est une attitude que je condamne. Je la combattrai sans répit», affirme-t-il. Quant aux services des urgences qui continuent d'alimenter les critiques au regard de leurs déficiences, Saïd Barkat ambitionne de multiplier les structures de proximité pour soulager les urgentistes de tout le poids lourd qui pèse sur leurs épaules au quotidien. «Dans notre pays, on confond les urgences avec les consultations. C'est pour cela que nous comptons ouvrir prochainement pas moins de 250 salles de soins et polycliniques. Dans ces structures, les citoyens pourront trouver les spécialités de base et un système de soins complet», rassure le ministre. Force est de constater par ailleurs que Saïd Barkat n'omet pas de mettre en exergue l'insatisfaction qu'expriment les citoyens à l'égard de la prise en charge dont ils bénéficient au sein des hôpitaux. «Je suis moi-même insatisfait des prestations de nos hôpitaux. Mais, il faut dire que nous n'avons pas suffisamment investi pour nous doter des infrastructures hospitalières adéquates. Le patrimoine dont nous disposons est vétuste. Dans ce sens, nous avons tracé un programme pour réaliser 500 structures sanitaires à travers le pays. 50% de ces structures sont en cours de réalisation. 30% d'autres ont déjà été réceptionnées», déclare-t-il. D'autre part, Saïd Barkat estime qu'«il ne faut pas jeter la pierre au corps médical» car les efforts qu'il a consentis ont permis de faire régresser les maladies transmissibles. Néanmoins, Saïd Barkat reconnaît que les maladies dites de développement, à l'image du cancer, du diabète et de l'obésité, menacent aujourd'hui sérieusement la santé des Algériens. C'est dans ce contexte que le ministère de la Santé envisage de mettre en place 17 centres régionaux de lutte contre le cancer. Aussi, pas moins de 5 000 généralistes seront «permanisés» cette année dans les différents établissements de proximité du pays. Enfin, Saïd Barkat promet aux populations du Sud et des Hauts Plateaux un accompagnement pour des soins de qualité. Pour ce faire, son département compte, annonce-t-il, prendre des mesures incitatives afin d'encourager les médecins spécialistes de s'installer dans ces régions qui manquent cruellement d'un personnel médical qualifié.