Ils sont partout à Annaba. A proximité des administrations publiques, des marchés, des hôpitaux, sur les grands boulevards ou les petites ruelles, près des aires de jeu, de la promenade Fellah-Rachid (ex-Saint-Cloud) ou Rizzi-Amor (ex-Chapuis) ou encore du côté de l'Avant-port. «Ils», ce sont les «parkingueurs» des individus qui ont accaparé des espaces publics qu'ils exploitent à longueur de journée pour racketter automobilistes, habitants de la ville ou de passage pour exiger le «droit de stationnement». Un droit qu'ils se sont octroyés en s'autoproclamant gardiens de parkings. Des parkings illégaux auxquels on est allé jusqu'à installer des panneaux tout aussi illégaux indiquant que l'espace en question est payant et tout cela au vu et au su de tous sans que cela ne dérange personne. Il n'est pas rare d'assister à une altercation entre gardiens de parkings pour une histoire de «territoire» délimité que l'un ou l'autre aurait violé en y stationnant des véhicules pour lesquels il s'est fait payer. Et là, c'est la bagarre à coups de gourdins et parfois à l'arme blanche qui finit à l'hôpital ou dans les locaux de la police. Les voitures stationnées sur ce parking contesté sont vandalisées et leurs propriétaires ne trouvant personne sur les lieux prennent leur mal en patience tout en pestant contre ces parkingueurs dont on ne retrouve pas la trace. Des altercations entre automobilistes et ces individus sont, elles aussi, fréquentes, les premiers refusant de payer, les seconds exigeant ce «droit» de parking, l'intransigeance des deux parties donne lieu à des insultes de part et d'autre pour en venir aux mains ensuite. La solidarité entre parkingueurs fait que l'automobiliste cède et repart avec son véhicule libérant la place car craignant pour son bien. La police affectée à la voie publique n'intervient que très rarement pour déloger ces individus et rendre ces espaces aux citoyens. Le phénomène prend de l'ampleur car à Annaba, aujourd'hui, il n'y a pas un seul espace qui ne soit transformé en parking exploité par des individus pas commodes, sac en bandoulière, gourdin à la main qui «prennent en charge» les voitures qui arrivent. Pour bien montrer qu'ils sont les gardiens du parking, ils vous guident pour vous faire stationner et se font payer sur place entre 50 et 100 DA la place. Les automobilistes acceptent cette dîme sans broncher car voulant protéger leur bien et être sûrs que leur véhicules ne seront pas vandalisés à leur retour. Certains, en arrivant sur les lieux, trouvent leurs véhicules bloqués par d'autres voitures stationnées qui les empêchent de repartir, point de parkingueur en vue, ils sont obligés d'attendre que le conducteur du véhicule en question arrive à son tour pour qu'ils puissent quitter les lieux. Ces parkings clandestins qui sont souvent localisés au niveau des grandes artères sont la cause d'embouteillages qui durent parfois des heures à cause d'un véhicule mal garé qui gêne la circulation ; dans d'autres cas ce sont les piétons qui sont obligés d'emprunter la chaussée pour passer car en plus des vendeurs de l'informel, des véhicules sont garés sur les trottoirs. Alors qu'à Alger, les services de police font la chasse à ces parkings clandestins et réussissent plus ou moins à éradiquer ce phénomène en procédant à l'arrestation de 551 individus exploitant des espaces publics, à Annaba ça empire et le racket continue et s'amplifie. Ces «parkingueurs» ne craignant rien ni personne, narguent les autorités en décrétant des parkings à quelques mètres du siège de la commune, de la wilaya et même des commissariats de police. Les automobilistes ne savent plus que faire, d'une part refuser de payer ce «droit», c'est avoir des problèmes avec ces individus tout en étant sûrs de retrouver leurs véhicules vandalisés, accepter ce racket, c'est cautionner cette pratique illégale tout en se faisant arnaquer. Une réaction des autorités publiques s'avère nécessaire et une réaction énergique face à cette situation, une réaction maintenue et suivie pourrait mettre fin à ce racket qui fait engranger des millions de DA mensuels à des individus qui exploitent des espaces publics sans pour autant payer un sou à l'Etat. M. R.