Il a déjà de la chance Lucas Alcaraz et c'est peut-être déjà pour lui de bon augure ! Le nouveau sélectionneur des Verts ne sera finalement resté au chômage que trois jours durant ! Licencié lundi de Grenade, le coach espagnol de 50 ans a été nommé jeudi sélectionneur de l'Algérie. On sait déjà qu'il aura dans son staff sa garde rapprochée espagnole : son adjoint sera Jesus Canadas et son préparateur physique sera Miguel Angel Campos, deux lieutenants de longue date. On sait aussi que cet ancien défenseur est passé par le Real Jaén et Grenade, d'où il est originaire. Nanti des diplômes d'entraîneur, il est aussi diplômé en tant que documentaliste de l'Université de Grenade et était, il faut le souligner d'emblée, professeur de tactique et de stratégie de l'Ecole nationale des entraîneurs. Il a arrêté de jouer en 1994 pour être sur un banc à 29 ans. On sait aussi que c'est un entraineur très mobile pour ne pas dire instable : Depuis 1995, il a entraîné 11 clubs différents, dont Grenade (3 fois), Almeria (2 fois), Recreativo Huelva (2 fois), Racing Santander, Murcie, Cordoba et Levante. Il a fait toute sa carrière en Espagne, hormis un passage en Grèce en 2012-2013 à l'Aris Salonique. Il a dirigé plus de 750 matches aux trois grands niveaux en Espagne, et a surtout entraîné des équipes qui jouaient le maintien, même s'il a connu de réels succès avec des clubs modestes comme le Recreativo Huelva ou Murcie qu'il a fait monter en Liga. D'où des résultats peu flatteurs pour un entraineur pourtant expérimenté. Sur les entraîneurs qui ont à leur actif plus de 100 matches de Liga, il fait en effet partie des deux techniciens espagnols qui ont plus de défaites à leur actif que de victoires, totalisant ainsi 67 victoires pour 137 défaites ! Ce qui ne l'empêche pas d'avoir une bonne image auprès de la presse sportive espagnole qui est rarement indulgente. Lucas Alcaraz, dont le nom espagnol signifie en arabe (cerises), est globalement perçu comme un technicien sérieux et rigoureux. Sans palmarès et surtout sans aucune expérience de sélectionneur national, il n'est pas pour autant un illustre inconnu. En allant le chercher, Kheireddine Zetchi ne s'est pas lancé à l'aveuglette. Selon la presse espagnole, il était suivi par la FAF depuis un moment mais comme il était sous contrat à l'époque, cela ne s'était pas réalisé. Lui-même ne vient pas à Alger en terre totalement inconnue, lui qui connaît notamment Yacine Brahimi, qu'il a croisé à Grenade. Du strict point de vue du profil technique et tactique, il est réputé pour être un «grand connaisseur» et un entraîneur qui sait tirer le meilleur de ses joueurs. Il est notamment reconnu pour sa rigueur défensive. Ses équipes sont bien organisées. En 2016 et 2017, il a pas mal joué avec une défense à 5, son équipe oscillant entre un 4-2-3-1 et un 5-4-1. Ses équipes sont assez rugueuses, mais pas très agréables à regarder, comme le soulignent les chroniqueurs espagnols. Normalement, il y a peu de buts dans ses matches, et cela tombe vraiment bien pour une EN d'Algérie qui défensivement n'a pas été du tout convaincante à la dernière CAN, alors même qu'elle compte de très bons éléments offensifs. Sa philosophie de jeu, c'est lui-même qui l'a résumée en 2014 : «J'aime que mon équipe soit efficace en phases de transition et qu'elle joue de façon verticale, pas direct, et que mes joueurs mettent de l'intensité sans le ballon [...]. Mon système de prédilection est le 4-4-2. Mais je m'adapte toujours à mes joueurs et à leurs caractéristiques afin de définir le système de jeu. Les variantes dépendent des capacités qu'ils ont. J'analyse les mouvements de chacun, dans chaque zone où ils créent le plus de danger [...]. Offensivement comme défensivement, ce qui donne le plus d'importance à un joueur est la vitesse d'exécution lors des actions. Evidemment, la qualité est aussi très importante. Mais la vitesse est ce qui fait qu'un joueur est supérieur à un autre». Voilà donc que les Verts ont désormais un commandant de bord et Kheireddine Zetchi aura fait preuve de célérité et d'esprit de décision en le choisissant assez rapidement. Maintenant, il va falloir le laisser travailler tranquillement et dans la durée. Pour que cela soit possible, il faudrait que les Algériens, responsables concernés, presse sportive et vox populi abandonnent cette détestable dictature du courtermisme et du résultat immédiat et à tout prix, comme si l'EN était une addition de l'Allemagne et du Brésil ! Car, jusqu'ici, le vrai problème du football de sélection en Algérie, c'est d'abord cette incapacité de la Fédération algérienne de football à donner à l'EN un entraineur stable et de standing international. Ou à la rigueur un technicien algérien de qualité comme l'équipe nationale en a déjà eu et qui furent d'ailleurs les seuls entraineurs à avoir obtenu des titres importants. Ensuite, et c'est pire encore que la stature du coach, l'instabilité, très forte, à la direction des Verts qui est un vrai cancer ! Non seulement le football de sélection, à de rares exceptions près, n'a jamais eu à sa tête une grosse pointure internationale, mais il a compté jusqu'ici 57 sélectionneurs, dont 15 étrangers, en 54 ans, 64 au total en comptant les duos ! Record mondial absolu ! On a même eu des sélectionneurs qui auront fait des passages d'un, de deux ou de trois mois seulement. C'est dire ! N. K.